« Histoires de pied » photographies d’Amélie Debray

« Histoires de pied », le Château Royal de Blois expose les photographies d'Amélie Debray. Depuis cinq ans la photographe déchausse les personnalités de tous horizons- hommes politiques, écrivains, historiens, people, chanteurs.. pour les faire poser pieds nus. Jusqu'au 3 janvier 2010.

Le pied comme point de départ

Depuis cinq ans, cette photographe du sensible a entrepris une démarche très particulière : elle déchausse les personnalités de tous horizons pour les faire poser pieds nus.

Le pied... parce qu'il est la base du corps, point de départ et empreinte, sans détour, sans tricherie, une extrémité qui ne se pose pas de questions mais qui, très vite, livre une intimité révélatrice. « A une époque où la représentation physique et
médiatique se doit souvent d'être lisse, voire stéréotypée, afficher ses pieds devient un acte de bravoure. » « Dépasser l'esthétique tient même ici d'une certaine mise en danger », souligne la photographe.

Des photos à contrepied

Depuis quinze ans, Amélie Debray fréquente le microcosme politique. Aborder des personnalités à contre-pied des clichés people convenus en leur demandant de dévoiler une partie du corps habituellement peu exposée relevait aussi pour elle du défi. Explorateur, réalisatrice, styliste, rugbyman, comédien, chanteuse, cuisinier, chercheur, danseuse, historiens internationaux, chaque personnalité s'est pliée de bonne grâce à l'exercice, se montrant sous un jour inédit.

Pour l'artiste, le pied est un résumé de la silhouette. Une zone cachée qui en révèle long sur soi, une sorte d'autoportrait d'un nouveau genre. La photographe a descendu son objectif à la base du corps humain. Et le résultat est la fois inattendu, pudique, précis et étonnant.

Le pied de Philippe Noiret : une statue grecque

Pour elle, son cliché le plus émouvant est « peut-être celui de Philippe Noiret que j'avais croisé à l'époque dans la rue et à qui j'ai présenté mes clichés. Son pied évoque ceux des statues grecques que l'on voit au Louvre ».

Ces clichés conçus comme des oeuvres d'art vont s'intégrer au sein des collections : pieds de célébrités et portraits « en pieds » d'historien(ne)s intercalés entre les portraits d'art ancien exposés au musée des Beaux-arts du château royal de Blois créeront ainsi une étonnante mise en perspective.

Qui est Amélie Debray

Amélie Debray, photographe depuis près de quinze ans, commence par le photoreportage, tant pour des ministres en fonction (François Bayrou, Claude Allègre, Ségolène Royal, Jack Lang, François Fillon, Gilles de Robien...), que pour d'autres élus avec lesquels elle collabore dans le cadre de campagnes électorales.

Nombre de ses photos sont publiées dans la presse nationale (Libération, Le Figaro, La Croix, Le Nouvel Obs, Elle Déco...).
Elle travaille également régulièrement pour de grands cabinets d'avocats (Latham & Watkins, Herbert Smith...).

Elle obtient le prix de la meilleure « Une » de la presse professionnelle / CB News en 2005 ainsi que le prix de la meilleure photographie de la presse professionnelle / CB News en 2004 et 2008.

Par ce biais, elle effectue un reportage à New York intitulé « Les Avocats et le Pro Bono face à Guantanamo ». Elle expose aussi les photos du making off de l'exposition de Philippe Geluck : Le chat s'expose, aux Beaux-Arts de Paris et au Bicentenaire de Bruxelles.

Aujourd'hui, elle privilégie une démarche personnelle, affranchie des contraintes, qui, tout en plaçant l'humain au coeur de ses préoccupations, n'a de cesse de varier le cadre et d'élargir son champ —, sensible —, d'investigation.

Par Laure Menanteau