Judith Magre dans « Rose » : magistrale !

Thierry Harcourt met en scène à La Pépinière Théâtre, 'Rose', la pièce de Martin Sherman, nommée dans la catégorie « meilleure nouvelle pièce » aux Laurence Olivier Awards en 2000 en Grande-Bretagne. L'occasion de découvrir un très beau texte dans sa traduction française, magistralement interprété par Judith Magre.

Le récit d'une vie


Une femme seule en scène, assise sur un banc, observe « Shiv'ah », période de deuil traditionnelle dans le judaïsme. Elle s'appelle Rose et ne compte plus les morts qu'elle doit pleurer. Pourtant, comme le rappelle la vieille femme, « faire Shiv'ah » ne consiste pas seulement à pleurer les défunts, mais à se remémorer leur vie, à évoquer les bons moments passés ensemble, tout en faisant preuve de beaucoup d'humour.

Autant d'éléments qui vont alimenter le récit captivant dans lequel Rose entraîne le spectateur durant une heure et demie : celui de sa vie. De crainte que personne ne soit plus là pour la pleurer, la vielle juive prend les devants.


Petite et grand histoire


Alors on prend le train en marche avec elle, convaincu que l'histoire de ce personnage attachant vaudra le détour. Et l'on n'est pas déçu. Depuis un shtetl russe jusqu'aux plages d'Atlantic City, en passant par l'horreur du ghetto de Varsovie, on suit Rose dans les pérégrinations à la fois tragiques et fantasques de son existence épique.

Le texte de Martin Sherman, admirablement interprété par Judith Magre, mêle habilement la petite histoire à la grande, brossant, à travers le destin personnel de Rose, le portrait des Juifs Ashkénazes depuis les contrées d'Europe de l'Est jusqu'aux terres israéliennes.


Une comédienne exceptionnelle


Avec un humour cinglant et une liberté de ton qui préservent le récit de tout pathos, Rose fait le lien entre deux époques, celle de la guerre et celle du conflit israélo-palestinien, qu'elle dépeint avec la même lucidité. L'histoire d'une terre perdue et d'une terre promise qui ne tient pas ses promesses. Un peu comme la vie.

Venus nombreux, les spectateurs, encore sous le coup de l'émotion, applaudissent longuement l'actrice. « Elle n'a pas d'âge, cette femme », peut-on entendre dans le flot qui s'écoule vers la sortie. Sans que l'on ne sache plus très bien s'il s'agit de Judith ou de Rose.


La Pépinière Théâtre. Du mardi au samedi à 19h, le dimanche à 15h.
Réservations : 01 42 61 44 16



Par Juliette Rabat

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