Sweet Valentine d'Emma Luchini

Emma Luchini , la fille du célèbre acteur Fabrice Luchini réalise Sweet Valentine une comédie dramatique française qui sortira le 2 juin. Entretien avec la réalisatrice.




L'histoire


Ivan, bandit sans envergure, croise le chemin de Sonia, jeune provinciale fraîchement arrivée à Paris.
Dès le premier regard, il la déteste. Dès le premier regard, elle s'entiche follement de lui.
C'est décidé : cet homme cruel sera son prince charmant, son héros, l'homme de sa vie. Et si Ivan a la haine tenace, Sonia a la patience d'un ange. Ou celle d'un démon.

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Entretien avec Emma Luchini

Comment est né le film ?

J'étais en train de lire «Crime et Châtiment», et je me demandais de quelle nature pouvait être l'amour d'une femme prête à pousser l'homme qu'elle aime en prison pour son bien, quitte à se priver de lui jusqu'à la fin de sa vie.

Très pragmatique, je me suis dit : «Mais elle est bête, s'il va en prison elle ne le reverra plus». Ça m'a paru contradictoire. Et pourtant, cette abnégation, cet amour sans ego, sans narcissisme, proche de la compassion, a quelque chose de féminin, d'incompréhensible et de fascinant. Ce point de départ m'a amenée à une réflexion sur le couple et sur l'impossibilité —, ou la difficulté —, d'être ensemble.

Illustrée par la phrase de Lacan : «Aimer, c'est vouloir donner quelque chose qu'on n'a pas à quelqu'un qui n'en veut pas»...

Qui est Sonia ?

Je voulais qu'elle ait quelque chose d'un peu magique. Au début du film,
comme tous les anges gardiens, elle ne ressemble à rien, on ne la remarque pas. Puis, progressivement, on se rend compte qu'elle sait tout faire, un peu comme Charlot : aussi bien parler polonais pour aider Ivan dans ses magouilles que faire du trapèze quand elle se retrouve dans un cirque.

Par sa discrétion et ses talents multiples, elle s'immisce peu à peu dans la vie d'Ivan, devient indispensable, jusqu'à apparaître, une nuit, comme la manifestation de sa conscience. Le spectateur peut se demander si elle existe vraiment, ou si elle n'est qu'un fantasme.


Vos personnages sont des obsessionnels.
En tout cas, ils sont tous entiers dans leur névrose ! Ils n'ont aucun recul sur leur situation. Ça me touche, une personne qui s'accroche, comme Ivan, à sa quête de perfection. Nous, on voit bien que son obsession est une façon de ne pas voir le vrai problème, mais lui ne s'en rend pas compte. Je trouve que c'est à celui qui écrit et celui qui regarde d'avoir du recul. Si le personnage se met à en avoir lui aussi, ça devient une association de gens raisonnables et ça n'a plus d'intérêt.

Comment s'est passé le casting ?

Pour le rôle d'Ivan, je recherchais un homme très viril, une sorte d'Anthony Quinn dans La Strada. Vincent Elbaz incarne bien cette virilité, et représente le genre d'homme qu'a priori on ne peut pas mater. De plus, il apporte au personnage d'Ivan une dimension burlesque, poétique, ce qui est important car le film reste avant tout une fable.

Vincent ne ressemble pas aux gens que l'on rencontre tous les jours : s'il rentre dans un café, on le remarque. Pour Vanessa David, Gilles Cohen, Chloé Mons, c'est pareil : il y a une démesure ou une étrangeté. Je crois qu'en anglais on dit «bigger than life». Ça a été, en
tout cas, mon critère de recherche.

Par Floria-Rose David
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