”Une vie de pintade à Beyrouth”, par Muriel Rozelier

Les pintades sont internationales. Muriel Rozelier ajoute 'Une Vie de Pintade à Beyrouth' à sa collection. Elle décode, à travers son regard toujours pertinent et délicieusement impertinent, le mode de vie de ces drôles d'oiseaux dans la ville libanaise.




Les Libanaises seraient-elles les Pintades absolues? C'est vrai qu'elles sont souvent perçues comme étant un rien superficielles et « show off ». Une réputation qui contraste avec la situation de leur pays. Quand on parle des Beyrouthines, on ne peut pas s'empêcher de penser à cette photo montrant quatre jeunes femmes dans un cabriolet rouge, lunettes de soleil de marque Gucci et t-shirts moulants, téléphones portables à la main, au milieu des gravats de la banlieue sud de Beyrouth détruite par la guerre en juillet 2006. Caricaturales ? Les Beyrouthines vivent dans une ville blessée par des années de guerre, qui peut à chaque instant s'embraser. Mais c'est une ville qui « refuse de disparaître » et qui, à l'image de ses habitantes, bouillonne de vitalité et d'exubérance. C'est à Beyrouth qu'on danse sur les tables à 5 heures du matin, même quand on n'a plus dix huit ans. Tiraillées entre Orient et Occident, tradition et modernité, les Beyrouthines intègrent et dépassent cette dualité. Malgré le poids des traditions, ce sont des femmes libres. Même en banlieue sud, bastion du Hezbollah, la minijupe côtoie le voile sans problème. Dans leur téléphone portable, juste avant les pompiers et police secours, figurent les numéros d'urgence pour joindre Hayssam, leur coiffeur, et Nesreen, leur esthéticienne, prêts à leur lisser le cheveu et à leur arracher le poil 24h/24. Question de survie sociale. Être une femme à Beyrouth « c'est se trouver contrainte à un modèle qui impose une prompte mise aux normes voire, quand on avance en âge, une urgente révision des quatre milles. Il faut être parfaite, d'une beauté lissée ou prendre le risque d'une relégation dans la catégorie « vieilles filles », avant même la fin de l'adolescence. » Des grandes bourgeoises oisives chrétiennes à Achrafiyé aux stars chiites carrossées de la pop libanaise, des bonnes philippines aux féministes religieuses, des combattantes du Hezbollah aux femmes engagées en politique, Une Vie de Pintade à Beyrouth décode, à travers le regard toujours pertinent et délicieusement impertinent de Muriel Rozelier, le mode de vie de ces drôles d'oiseaux.

- Une vie de pintade à Beyrouth
- Muriel Rozelier
- Editeur : Calmann-lévy
- 150x210 mm
- Parution : octobre 2009
- 19 €

Par Nicole Salez
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