Festival de Flamenco Nîmes 2009

Le Festival Flamenco de Nîmes 2009 est un des rendez-vous hivernaux incontournables pour les aficionados.

Nîmes est la ville de tous les paradoxes. Ville patricienne s'il en est, les arènes romaines sont altières, l'Ecusson, terme que les Nîmois emploient familièrement pour désigner le centre historique, affiche une certaine austérité classique derrière ses façades de belle facture, la Porte Auguste, la maison Carrée, tout laisse à penser que Nîmes n'est pas la ville de la fantaisie. Et dans les faits, ce jugement hâtif s'avère complètement faux. Depuis 1863, date du premier spectacle tauromachique dans les arènes, la ville a su montrer qu'elle était ouverte aux influences diverses. Ses rendez-vous taurins pour les férias de Pentecôte, en mai ou juin, et des Vendanges en septembre sont devenus des bacchanales incontournables pour tous les aficionados et les fêtards de tout poil. Et depuis 19 ans, en janvier, histoire de faire un pied de nez à l'hiver, s'est installé un festival flamenco qui dure une semaine.




Avec sérieux, grâce à une programmation exigeante et de qualité, ce festival est devenu incontournable pour tous les artistes que compte la planète flamenca. Cette année encore, la programmation est d'un excellent niveau, recelant des surprises et des innovations. Un équilibre est trouvé entre les différentes composantes.

Place est faite aux flamencos français avec La Rubia et Luis de Almeria. C'est important pour eux de figurer dans un festival de ce niveau-là. Et ils ont le redoutable honneur d'ouvrir le festival. Le mardi, c'est la folie de Jerez, avec Diego Carrasco, qui viendra réchauffer la soirée. Diego Carrasco est le magicien du compas. Il chante la buleria « fin de fiesta » comme personne. Le mercredi est une invitation à la découverte des jeunes talents, Alicia Gil, cantaora, et Alfredo Lagos, guitariste. Le parcours d'Alicia Gil est intéressant. Autodidacte, elle a effectué son apprentissage dans les bars, les tavernes et les tablaos.



Quant à Alfredo Lagos, il est d'usage, quant on parle de lui, de parler de « la dentelle » d'Alfredo. On pourra l'entendre le lendemain accompagnant Terremoto de Jerez. Ce dernier et Alfredo travaillent ensemble depuis longtemps, entre autres, aux côtés d'Israël Galvan pour Edad de Oro. C'est la rencontre improbable de la Belle et la Bête, de la puissance associée à la finesse, du tremblement de terre (terremoto signifie tremblement de terre) à la suavité. Les retrouver tous les deux est un des grands plaisirs de ce
festival. Ce même soir, on pourra entendre Juan José Amador et Chiquetete dont c'est la renaissance flamenca, après un long détour au pays de la copla.

La fin de la semaine se présente comme un feu d'arifice, avec les retrouvailles sur scène de la famille Galvan, les Galvanes. Nous connaissons tous Israël Galvan, un peu moins sa sœ,ur, Pastora. Mais les parents José Galvan et Eugenia de Los Reyes sont retirés de la scène depuis trente ans. Et se produisent extrêmement rarement en public. Dans leur académie de baile, ils ont formé des générations de danseurs, mais peu d'entre nous ont eu l'occasion de les voir danser. Et les voir danser réunis tous les quatre est un moment de magie absolue.



En clôture, le festival propose une apothéose ave la dernière chorégraphie de Mario Maya, «Mujeres», qui verra se confronter trois femmes de génération différente : Merche Esmeralda ou le classicisme épuré, Belen Maya qui marque un tournant dans la danse flamenca et la toute jeune Rocio Molina.

Pour que la ville reste connectée avec l'événement, des stages de danse, des conférences sont organisées et surtout des photos sont projetées en plein air sur la Maison carrée. On pourra y voir celles de Fanny Ducros, Karima M., Daniel Muñoz, Nicolas Pinchinot et René Robert.

Le festival de Nîmes se révèle une fois de plus, pour les aficionados, comme une étape obligée sur la route des festivals flamencos.


Cantaor, cantaora : chanteur (se) de flamenco
Mujer : femme
Aficionado : amateur
Tablao : sorte de cabaret dédié au flamenco
Edad de oro : Age d'or

THÉÂTRE DE NÎMES - 1 place de la calade - 3000 Nîmes - 04 66 36 65



Par Marie Ningres

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