Musée Jean de La Fontaine, à Château-Thierry

La maison natale de Jean de La Fontaine (8 juillet 1621- 13 avril 1695)

Fabuleux fabuliste, Jean de La Fontaine naquit un jour de 1621 à Château-Thierry, dans le quartier des notables de la ville. Visite de sa maison natale devenue Musée Jean de La Fontaine depuis 1876 et récemment restaurée, en compagnie de Christine Sinnig-Haas, Conservateur en Chef du Patrimoine.

 

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'Je suis un homme de Champagne' Jean de La Fontaine

Au pied de la vieille forteresse de Château-Thierry, dans une rue tortueuse qu'on nommait jadis la rue des Cordeliers

*A l'époque, le couvent des Cordeliers jouxtait la maison natale de La Fontaine. A un moment, il a cru être touché par la grâce.
s'élève la maison natale de La Fontaine, un bel hôtel particulier entre cour et jardin. Cette demeure, construite à la Renaissance et devenue Musée Jean de La Fontaine en 1876, vient d'être restaurée avec le soutien de l'Etat, de la Région et du Département. Christine Sinnig-Haas, Conservateur en Chef du Patrimoine, nous en fait les honneurs. Visite.

Passée la grille d'entrée qui remplace aujourd'hui l'ancien portail, nous découvrons une jolie cour avec un vieux puits et un double perron doté d'une rampe ancienne qui confère à l'ensemble un air élégant et avenant.

De son origine, la maison natale de La Fontaine conserve des éléments de décoration tels qu'un bandeau sculpté de fleurs de lys au dessus de la porte, trois ordres de petits chapiteaux sculptés, de belles corniches hautes et plates, et, au dessus de celle qui souligne le premier étage, des croissants entrelacés, chiffre de Diane de Poitiers.

A l'intérieur, l'élégant escalier de pierre à volées droites parallèles, les voûtes d'arêtes aux paliers, les superbes plafonds à la française à poutres apparentes, quelques éléments de parquets anciens et de dallages de tomettes en terre cuite sont tels que La Fontaine les a connus.

Si La Fontaine naquit un jour de 1621 dans cette demeure, elle appartint aux La Fontaine jusqu'en 1676, date à laquelle le fabuliste, alors âgé de 55 ans, la vendit à un gentilhomme de la vénerie du Roy. De même qu'il avait hérité de la charge de Maître des Eaux et Forêts de son père, il avait également hérité de ses dettes...

Plusieurs propriétaires succèderont à La Fontaine dans cette maison.
Devenue Musée Jean de La Fontaine en 1876, grâce au soutien de la Société Historique et Archéologique de la ville de Château-Thierry, elle s'est enrichie au fil des années de nombreuses pièces précieuses tels que l'acte de baptême du poète, des manuscrits autographes, mais aussi divers documents relatifs à ses propriétés aux environs de Château-Thierry et à ses fonctions de Maître des eaux et forêts. Sans compter les multiples éditions du fabuliste du XVIIe au XXe siècle, qu'elles soient illustrées par Chauveau - premier illustrateur qui travailla sous le contrôle de La Fontaine - ou encore Dali. Une collection de peintures et d'objets d'art ornés de contes et de fables, témoigne également de la grande célébrité du poète à travers le monde et les différentes époques.

Pièce maîtresse de l'édifice : le cabinet de travail du fabuliste. Il est désormais ouvert au public au premier étage de la maison.

'Parmi les apports de La Fontaine, on peut dire qu'il a modifié le genre de la fable qui, avant lui, servait essentiellement à enseigner le latin et le grec, fait remarquer Christine Sinnig-Haas. La fable a ses origines en Inde et dans le monde arabo-africain. La Fontaine lui a permis de prendre une place importante dans le monde occidental.'

Salles d'expositions

Le rez de chaussée

Dans le couloir menant à la salle du XVIIe siècle, sont présentées des gravures représentent les contemporains de La Fontaine, tels que son épouse, Marie Héricart, cousine de Jean Racine, Fouquet, son grand ami, Mme de Sévigné, mais aussi la jolie et fantasque Marie-Anne Mancini, nièce de Mazarin, grande protectrice du poète, et qui fut sa voisine à Château-Thierry.

La salle du XVIIe siècle

Le portrait peint par Hyacinthe Rigaud vous accueille dans cette pièce consacrée au XVIIe siècle. Sous ce tableau, se dresse un meuble renfermant l'acte de baptême du poète.

Dans les vitrines, sont exposés des lettres manuscrites, des actes rédigés avec rigueur, démentant la réputation de bonhomme distrait qui était attribué à Jean de La Fontaine. Et aussi Les fables choisies de La Fontaine, l'ouvrage édité en 1668, et illustré par François Chauveau, qui connut un succès considérable.

Au fil du temps, l'œ,uvre de Jean de La Fontaine a rencontré de plus en plus de succès. Elle va être représentée sur de multiples supports : faïence, porcelaine, terre cuite, argenterie, toile de Jouy, mobilier, tapisserie...

Le petit salon

Cette pièce est consacrée aux Contes libertins de La Fontaine, partie moins connue de son œ,uvre.

Vous y découvrirez les gravures de Nicolas de Larmessin, et les délicieuses illustrations de Nicolas Vleughels.

Ces peintures rendent hommage aux idées neuves véhiculées par les Contes du poète, censurés à son époque, et qu'il dût renier.

La salle d'expositions temporaires

Cet espace dédié aux expositions temporaires permet la présentation d'artistes contemporains ou historiques ayant illustré l'œ,uvre du fabuliste ou ayant un lien avec celle- ci.

Il permet également l'exposition d'œ,uvres rarement dévoilées au public.

Le premier étage

Le cabinet de travail de Jean de La Fontaine

L'aile droite de la demeure, occupée jusqu'alors par la Société Historique et Archéologique de Château-Thierry, a été ouverte au public au printemps 2006.

Désormais les visiteurs peuvent voir dans cet espace le cabinet de travail de La Fontaine.
Il y exerçait sa charge et en qualité de Maître des Eaux et Forêts, y recevait ses administrés et ses amis.

'C'est dans cette maison que La Fontaine a découvert aux alentours de la quarantaine qu'il était poète', précise Christine Sinnig-Haas. On imagine donc que dans ce cabinet de travail, Jean de La Fontaine pouvait aussi rêver et ébaucher l'écriture des Fables qui allaient le rendre célèbre.

La salle du baron Feuillet de Conches / espace vidéo

Un film retraçant la vie de Jean de La Fontaine vous est proposé. Sur les murs de cet espace, vous pouvez découvrir une partie de la précieuse collection des miniatures du Baron Feuillet de Conches.

Au début du XIXe siècle il a fait illustrer les Fables de La Fontaine par des artistes du monde entier (Inde, Chine, Japon, Égypte, Perse, Éthiopie, Europe...).

La salle XIXe siècle

Depuis leur parution, les fables n'ont cessé de susciter l'imagination des artistes. Le XIXe siècle est sans doute la période durant laquelle la création artistique autour de l'œ,uvre de La Fontaine est la plus féconde.
Les plus grands : Doré, Decamps, Lhermitte, Rousseau, présents dans cette salle en sont la preuve.

Ce siècle renforce la vocation pédagogique des fables. Elles sont utilisées comme support d'apprentissage de la lecture, de la morale et du civisme. Jean de La Fontaine entre dans le quotidien des français. Des objets d'art, et en particulier des objets décoratifs sont là pour en témoigner, telle que cette gracieuse pendule en bronze La Laitière et le pot au lait, le superbe poêle en faïence de Sarreguemines ou le cache joue peint par Gustave Doré, et toute la porcelaine décorée de fables.

Aperçu des collections

Portrait de La Fontaine par Hyacinthe Rigaud

Il s'agit d'un tableau officiel, sans doute réalisé à l'occasion de sa réception à l'Académie Française, le 2 mai 1684, au fauteuil n° 24, celui de Colbert. La Fontaine a obtenu son admission après bien des complications et un premier refus du roi. Enfin c'est la reconnaissance officielle : il siège parmi ses amis écrivains, à l'Académie. Il a 64 ans, c'est un homme en pleine maturité qui a connu un parcours compliqué. Le choix du peintre n'est pas anodin : il s'agit de Hyacinthe Rigaud, portraitiste officiel du roi Louis XIV. Tout au long de sa vie, La Fontaine et ses protecteurs eurent le souci de transmettre son image , ses portraits furent réalisés par les meilleurs artistes de son temps. La ressemblance était primordiale dans l'art du portrait du XVIIème siècle. Le talent de Hyacinthe Rigaud se devait de restituer le caractère et l'esprit du modèle. La Fontaine ne nous regarde pas, ses yeux se dérobent. Il peut paraître un peu mélancolique, distant. Cependant, son visage ne manque ni de sympathie, ni de compassion.

Acte de baptême

Dans un meuble en forme de pupitre, sous le portrait de la Fontaine, est conservé le témoin de tout premier ordre de sa vie, dont il nous reste peu de traces. Il s'agit du registre paroissial de l'église Saint Crépin de Château-Thierry, portant l'acte de baptême de Jean de la Fontaine, daté du 8 juillet 1621. Le petit Jean avait du naître la veille, car du fait de la mortalité infantile de l'époque, les enfants étaient baptisés très peu de temps après leur naissance. Les La Fontaine, notables de Château-Thierry, sont à l'origine une famille de marchands. Le père Charles, né en 1594, est conseiller du roi et maître des eaux et forêts du duché de Château-Thierry, qu'on appelait aussi Chaury à l'époque.

Les fables peintes de Jean-Baptiste Oudry

Le musée possède deux tableaux de Jean-Baptiste Oudry datés de 1721. Ces superbes tableaux illustrent deux fables de Jean de La Fontaine : Le loup devenu berger et Les loups et les brebis. Il est l'un des grands peintres français du XVIIIe. Rares sont les peintures à l'huile réalisées par Oudry sur le thème des fables qui nous soient parvenues.
Une analyse de ces deux tableaux du musée, réalisés sur panneau de bois, révèle une technique très ancienne de peinture sur fond d'or.

Les tableaux de chasse, de chiens, de nature morte d'Oudry rencontraient alors un très grand succès et Oudry était très à la mode. A la demande du roi Louis XV, il illustra donc les fables de La Fontaine. Entre 1729 et 1734, Oudry exécutera 275 dessins des fables de La Fontaine. Son dessin de la fable Le paysan du Danube est conservé au musée. Les témoins rapportent qu'Oudry y travaillait le soir et réalisait les dessins dans l'ordre des fables.

Sculpture de La Fontaine par Gabriel Seurre

Le Musée possède plusieurs représentations du poète. Gravure, peinture ou sculptures réalisées à des époques différentes sont exposées au public. La Grande sculpture de Bernard Gabriel Seurre prend place en haut de l'escalier en pierre, élément central de la maison. Sculpteur pensionnaire de l'académie de France à Rome, il réalisa également un recueil de croquis des fables dont le musée possède un exemplaire. Selon ses contemporains, La Fontaine était un bel homme au long nez, mais qui ne l'enlaidissait pas. Il était vêtu avec élégance. Nous le voyons ici en costume d'époque. Il ramène son manteau sur le bras gauche, porte un justaucorps, des manches courtes à large rabat, une cravate brodée nonchalamment nouée.

La Mort et le Bûcheron Par Léon Lhermitte

Peintre très officiel et célébré sous la troisième république, Léon Lhermitte est né à Mont Saint Père, une commune proche de Château-Thierry. Il y trouvait ses sources d'inspiration. Le Musée conserve cette toile emblématique illustrant la fable 'La mort et le bûcheron'. Exposé en 1893, le tableau fut acheté par l'Etat. Léon Lhermitte affirmait ne jamais in- venter, mais reproduire la réalité, avec une exactitude parfois photographique. Les habitants de son village étaient ses modèles. Le modèle du bûcheron est connu , il s'appelle Casimir Dehan et figure dans d'autres tableaux de l'artiste. La fable de La Fontaine rappelle la dureté de la vie à la campagne au temps du Roi Soleil. La population, essentiellement agricole, souffrait régulièrement de famines. Le paysan travaillait du début à la fin du jour , les soldats, amis ou ennemis, étaient logés chez l'habitant. Quant aux impôts, ils pesaient sur le peuple. A la fin de la journée, le bûcheron fatigué, dans un moment de découragement, appelle la mort. Elle lui apparaît couverte d'un linceul blanc, tenant en main la faux. Effrayé, le pauvre bûcheron change d'avis et préfère poursuivre sa vie de misère. « Plutôt souffrir que mourir est la devise des hommes », conclut le poète .

Les fables Par Marc Chagall

Le musée possède une série de gravures produite par des artistes de renom comme Salvador Dali ou Ongaro. Ce qui fait la particularité des collec- tions du musée est peut-être la collection des gravures réalisées par Marc Chagall autour des fables. Dans les années 20, Ambroise Vollard, demande à Marc Chagall d'illustrer les fables de La Fontaine. De 1926 à 1929, Chagall créa donc une centaine de gravures sur le thème des fables de
La Fontaine dont le public peut voir une partie dans les collections permanentes. A l'époque, L'exposition des œ,uvres de l'artiste russe à la Galerie Bernheim à Paris, provoqua une protestation générale et l'indignation des esprits bien-pensants. Ils considéraient comme un sacrilège de faire illustrer La Fontaine, ce poète essentiellement françfables lui est très personnelle et immédiatement reconnaissable.ais, par un étranger. Chagall choisit de représenter les fables à sa manière, en un monde agité par les faiblesses, les désirs, les défauts dénoncés par le fabuliste. Il crée un monde dont la morale est définie par ses couleurs et ses formes. Son interprétation des fables lui est très personnelle et immédiatement reconnaissable.

Le jardin

Derrière la maison, se trouve un joli jardin. Peut-être est-ce ici qu'eut lieu la première rencontre de La Fontaine avec la nature. Comme au temps du poète, le jardin est délimité par les remparts de la ville. Associé à la magie Lafontainienne, la légende raconte qu'un magnifique poirier et des haies d'aubépines embellissaient le jardin. Aujourd'hui Les allées bordées de buis et la roseraie contribuent à restituer cette magie où tous les sens sont conviés.

- Musée Jean de La Fontaine,
12 rue Jean de La Fontaine 02400 Château-Thierry/ tél 0033- 03.23.69.05.60/ www.musee-jean-de-la-fontaine.fr
- Horaires :
Ouvert tous les jours sauf le lundi
9h30-12h / 14h-17h30 -
fermé le 1er janvier - 1er mai 1er novembre - 25 décembre
- Tarifs :
individuels 3.60 €, étudiants 2.20 €, jeunes de 6 à 18 ans 1.80 €,
enfants de moins de 6 ans gratuit, entrée gratuite tous les mercredis/
visites guidees (sur réservation)/
visites guidees individuels (1h) : 5.15 €
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- Office de Tourisme de la Région de Château-Thierry - Syndicat d'Initiative (O.T.R.C.T.), 9 rue Vallée 02 400 Château-Thierry /Tél : 03.23.83.51.14 / Mail : accueil.ot@ccrct.com
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Par Nicole Salez

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