Pièces de théâtre de novembre : le quarté gagnant

Alors qu’il fait nuit dehors et bientôt frisquet, venez au théâtre. Au programme, un duo de dames avec Catherine Frot dans Fleur de Cactus et Carole Bouquet qui donne la réplique à Pierre Palmade dans une comédie dramatique énigmatique, Home. Du côté des messieurs, un chanteur se la joue dans Le Poisson Belge. Marc Lavoine dialogue avec sa partie féminine. Chaplin prend vie avec l’excellent Maxime d’Aboville dans Un certain Charlie Spencer.  Ça réchauffe tous ces bons spectacles !


Fleur de Cactus
au théâtre Antoine. Un boulevard des années 60 signé Barillet & Grédy, joué à l’époque par la pétillante Sophie Desmarets revient par la grâce de Michel Fau. Le metteur en scène continue son lifting des pièces  du siècle dernier. Sur scène un décor très kitsch façon BD. L’argument est assez simple : le dentiste (Michel Fau) est coincé. Pour ne pas se faire passer la corde au cou, il a raconté à sa très jeune petite amie qu’il était marié. Seulement voilà, pour pouvoir maintenant l’épouser, il doit divorcer… mais de qui ? Surtout qu’elle exige de voir l’épouse trompée. La secrétaire impeccable va faire l’affaire. Seulement ça se complique…
On rit et on s’amuse même si la pièce a un peu de mal à démarrer et si le parti pris du parler faux au début est un peu gênant. Catherine Frot se glisse avec efficacité dans le rôle de la secrétaire parfaite et coincée dans ses principes, du dentiste, menteur comme un arracheur de dents. Et elle est tout autant à l’aise quand elle découvre la vie. La comédienne pourrait se permettre d’aller plus loin dans l’émotion.

 

Home de David Storey au théâtre de l’Œuvre est une pièce où la compréhension  n’est pas forcément l’important. Cartésiens s’abstenir ! Des murs de béton brut, une table de formica, deux chaises. Deux hommes entrent et s’installent à la table. Ils soliloquent plus qu’ils n’échangent. Jack (Pierre Palmade) se souvient…Harry (excellent Gérard Desarthe qui met également en scène) l’écoute, ils passent le temps. Et le temps pour les spectateurs est un peu long. Kathleen (étonnante Carole Bouquet) et Marjorie (merveilleuse Valérie Karsenti) arrivent. Il n’y a que deux sièges. On a l’impression que s’asseoir c’est se reposer, reposer aussi son esprit pour les pensionnaires de cet asile qui sont des inadaptés. L’arrivée des filles fait entrer un peu plus la vie sur le plateau. La pièce est un peu comme une œuvre d’art contemporain. Il faut un peu plus que la simple écoute pour pouvoir l’apprécier, il faut des explications. David Storey, lui-même dit «  Tant que vous restez cinglé, vous êtes en sécurité. C’est de ce genre de fantasme dont il s’agit dans Home. » Il commente aussi ainsi son travail : « c’est lorsque je sens que je ne saisis pas vraiment de quoi il s’agit que le texte est vivant. » Le texte est super vivant !

Le Poisson Belge de Léonore Confino à la Pépinière offre un joli rôle plein d délicatesse à Marc Lavoine. Un homme attend sur un banc. A ses côtés, une petite fille qui n’a pas la langue dans sa poche. Bientôt elle tape l’incruste chez cet homme râleur et bien seul. Improbable ? Pas forcément mais cela n’a aucune importance. L’intérêt est dans l’échange de ces deux personnages abimés par la vie qui ne font peut-être qu’un. Lui se sent femme, elle étouffe tant dans cette vie que des branchies lui sont venu. Une métaphore, un conte, une fable poétique pleine de charme. Une belle histoire, un beau texte original et le jeu nuancé des deux comédiens. Marc Lavoine (de plus en plus à l’aise au fur et à mesure, une belle surprise) et Géraldine Martineau (formidable) forment un duo plein d’alchimie et de complicité.

 

Un certain Charlie Spencer, Chaplin, de et mise en scène, Daniel Colas. 10 comédiens qui jouent plusieurs rôles pour raconter la vie de Charlot. La grande scène du théâtre Montparnasse devient plateau de cinéma des premiers temps du parlant. Nous sommes à Paris pour la sortie des Feux de la Rampe, flash back, nous partons pour L.A. où un jeune anglais révolutionne la comédie des tartes à la crème. Nous suivons Charlie dans son ascension, dans ses doutes, ses amours compliqués, ses démêlés avec la justice, le Maccarthysme… Maxime d’Aboville-Charlot, est formidable de justesse et de présence. Tous les comédiens de la troupe, Linda Hardy,( très convaincante Oona) et Béatrice Agenin, en tête, sont plus que des faire-valoir et participent à la réussite du spectacle. La reconstitution d’un film comique muet mettant en scène deux boxeurs dont Charlot, est une vraie réussite ! Intelligent, drôle et en plus on en sait plus sur cet homme complexe qui aimait par-dessus tout sa liberté.

 Véronique GUICHARD

 

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