Trois femmes, trois destins: notre sélection théâtre

Trois femmes, trois destins : littérature, charisme et excentricités. En ce beau mois de mai, je vous emmène auprès de trois héroïnes, personnages ou comédiennes.

Au Rive Gauche plongée dans 24 H de la vie d’une femme avec Clémentine Célarié. Au Théâtre du Gymnase venez écouter les mots de Sagan évoquant des moments de sa vie avec une lecture de Biyouna ou Hélène de Fougerolles. A la Michodière, Josiane Balasko, trois personnes en une (auteur, metteur en scène et comédienne) joue dans Un grand moment de solitude, une psy avec des tocs qui soigne un autre psy avec des tocs…excentricités garanties.

24 h dans la vie d'une femme

Dans 24h de la vie d’une femme, la nouvelle de Stefan Zweig adaptée par Eric-Emmanuel Schmitt au théâtre Rive Gauche, Clémentine Célarié y est vibrante de passion et bouleversante d’émotion. Clémentine Célarié est une comédienne. De celle qui « sont » le personnage, qui l’incarne et l’emplisse en y fondant leur personnalité à moins que ce ne soit le contraire. Le spectacle est une réussite.

Nous sommes à Monaco, (beau décor suggéré de Stéphanie Jarre avec des drapés de voilages blancs élégants). Tout commence par le suicide devant Madame, d’un de ces joueurs invétérés et malchanceux qui jouent leur fortune et leur vie sur un coup de dé. Cette tragédie renvoie Madame, en manteau d’été de soie blanc superbe, à quelques années plus tôt… alors qu’elle est une riche veuve éteinte qui promène son ennui dans les capitales du monde. Au casino, elle fait la connaissance de Mattéo, drogué du jeu, d’abord attiré par ses mains fines et musclées. Mattéo perd et se perd à la table de jeu. Alertée par son désespoir, elle ne peut l’abandonner et l’emmène, l’entraine dans un hôtel miteux pour l’arracher à la mort. Ainsi, elle change sa vie et la sienne.

24h dans la vie d'une femme
Le personnage, nous raconte son histoire et la joue en même temps avec en réplique muette mais bien présente, ce jeune homme dont elle tombe passionnément amoureuse jusqu’à tout vouloir quitter pour lui. Clémentine Célarié, dont le compagnon s’est suicidé en 2012, est cette femme qui voit sa vie bouleversée, ravivée, par sa rencontre fortuite avec un jeune homme qui pourrait être son fils. On suit l’évolution de ses sentiments, de ses émotions, de sa passion, de son désespoir et de son humiliation. On ne peut que saluer la performance de l’actrice, de la femme et l’écriture ciselée et précise dans la description des sentiments de Stefan Zweig. On sort touché et avec l’envie de lire la nouvelle .

24H de la vie d’une Femme de Stefan Zweig avec Clémentine Célarié, adaptation Eric-Emmanuel Schmitt, mise en scène Steve Suissa

sagan

Sur la scène du théâtre du Gymnase apparait sur un écran Sagan. Elle répond à un journaliste qui l’interroge sur ses échecs au théâtre… et assure qu’elle les préfère au succès car elle n’a pas à jouer les modestes. Puis l’écran monte dans les cintres et Biyouna entre sur scène et s’installe sur le canapé fatigué.

Belle intro aux textes de Sagan, mis en lecture. Elle raconte et se raconte. Biyouna nous emmène dans l’univers de Sagan. La chanteuse-comédienne lit des extraits de Avec mon meilleur souvenir où l’écrivaine évoque sa jeunesse, le casino, des nouvelles comme La Paupière de Gauche ou Le Ciel d’Italie tirées de Des yeux de soie ou de Toute ma Sympathie ou encore une lettre adressée à Sartre qu’elle admirait. Les mots de la fantasque auteure qui décrivent si bien le mal-être de cette femme qui nous touche, raisonnent sur scène et son style ciselé passe la rampe avec succès. On la découvre ne désirant que vivre légèrement en repoussant loin d’elle les soucis inhérents à l’existence. Biyouna est la comédienne principale mais elle a d’autres partenaires. La mise en lecture est un vrai spectacle mis en scène. Un danseur se fait partenaire sans parole ou même décor tel un train… une jeune fille en robe blanche à pois présente les extraits alors qu’une autre jeune femme en tee-shirt et jean troué joue une scène. Joli spectacle stylé.

Biyouna s’avère être une lectrice pleine de nuances. Ses petits apartés en arabe, bien dans sa personnalité, laissent les non amateurs en rade et n’ajoutent rien au spectacle.
Particularité : l’interprète change chaque mois.

Sagan « mise en lecture » avec Biyouna jusqu’au 10 mai, Hélène de Fougerolles du 14 au 31 mai. Marie-Christine Barrault en septembre. Mise en scène : Nathalie Vierne et Dominique Coubes.

un grand moment de solitude

Un grand moment de solitude au théâtre de la Michodière est surtout un moment pour les inconditionnels de Josiane Balasko. Ils viennent pour elle et ne sont pas déçus. Côté comédie, on reste sur sa faim malgré quelques bonnes répliques et l’énergie sans faille de l’auteure-metteur en scène.

un grand moment de solitude

Brigitte est psy mais aussi accumulatrice compulsive. Elle soigne Simon, un confrère, agoraphobe qui ne sort pas de chez lui. Son appartement est l’endroit rêvé pour cacher un hacker en fuite recherché par toutes les polices et accessoirement le mari de Brigitte qui va se servir d’une jeune SDF déboussolée et mal embouchée pour accompagner le hacker chez Simon, désespéré de voir autant de gens chez lui mais qui ne tardera pas à apprécier la jeune fille. Voilà le tableau. Après, les rebondissements sont peu rebondissants, les répliques ont un impact moyen et les passages sans Josiane Balasko ont tendance à faire baisser le rythme. Evidemment on rit quand même des déboires de Simon, des baisers fougueux de Brigitte à son mari (aussi dans la vie) le hacker et d’un costume dont Josiane a le secret (je vous laisse la surprise) qui fait son petit effet ! En bref, ce n’est pas la comédie de l’année mais si vous aimez Josiane Balasko, vous pouvez le tenter.

un grand moment de solitude

Un grand moment de solitude de et avec Josiane Balasko, Kader Boukhanef, George Aguilar et Justine Le Pottier.

Par Véronique Guichard

 

Tags

Ajouter un commentaire