Marlène Dumas: Derniers jours !

Reconnue dans le monde comme l’une des femmes artistes les plus importantes et influentes de sa génération : La Tate Modern retrace sa carrière de Marlène Dumas.
Marlene Dumas : The image as Burden. Tate Modern, London 5 février-10 mai 2015.

Evil is banal marlene dumas

Marlene Dumas 
Evil is Banal 1984

Collection Van Abbemuseum, Eindhoven, The Netherlands
© Marlene Dumas

Photo credit: Peter Cox, Eindhoven, The Netherlands

Née en 1953 à Cape Town, en Afrique du Sud, elle grandit sous la révolution anti-apartheid quand Nelson Mandela est emprisonné, en 1964 - les images de lui sont alors interdites - . A l’Université de Cape Town, elle étudie les limites de la représentation en matière d’image. En 1976, elle émigre aux Pays Bas à Amsterdam où il existe une communauté artistique dynamique. Au cours des années 1980, elle émerge sur la scène internationale de l’art en tant que peintre et dessinatrice.

L’exposition est très complète. L’artiste a pris soin d’inscrire des phrases sur les cimaises de la Tate Modern en introduction des oeuvres exposées : une manière bien à elle d’orienter le regard du visiteur.

L’approche de Dumas ce sont ses thèmes : sexe, amour, mort, honte, genre, race. Elle puise dans une banque d’images de presse et des photographies prises par elle. Nombre de références à l’histoire de l’art, la culture pop et l’actualité forment le sous- bassement de ses peintures et dessins.

La femme comme fil d’Ariane

En 1995, Marlene Dumas présente à la Biennale de Venise dans le pavillon Hollandais un cycle sur Marie Madeleine. Chaque femme, nue ou à demi dénudée, sur un fond sombre énumère des caractères féminins qui l’inspirent : Madonna, Venus, des Tops Model, elle-même, ….

marlene dumas scope magazine

Marlene Dumas Scope Magazine Pin-up
1973 Private Collection © Marlene Dumas

« At the moment my art is situated between the pornographic tendancy to reveal everything and the erotic inclination to hide what it’s all about » MD 1986 « En ce moment mon art se situe entre la tendance pornographique qui montre tout et la tendance érotique qui joue sur le caché »

Dans les années 1990, Marlene Dumas approfondit ce thème central de l’histoire de l’art, le nu féminin et masculin. Elle ne demande pas à des modèles de poser. Elle s’appuie sur des photographies de nu érotiques et pornographiques publiés dans les médias. Elle métamorphose ces images en des peintures pures qui ne perdent pour autant rien de leur charge sexuelle, ni de leurs intentions. Elle reste respectueuse de leur pouvoir qui séduit l’œil qui sera subrepticement comme rapté par « la chose vue ».

Amy blue marlene dumas

Marlene Dumas 
Amy - Blue 2011

National Portrait Gallery, London
© Marlene Dumas

Photo: Peter Cox

Dumas ne travaille jamais d’après nature ou un modèle. Elle fait subir aux images des transformations. Elle assume, le poids d’une image déjà faite et lui adjoint une extension de vie. Cadrage rapproché, gros plan, détail : Dumas expérimente, spécule, pour revêtir l’image prosaïque ou de l’intime, d’une beauté classique. Ses recherches sur la psychologie du regard l’entraînent jusqu'à figurer les yeux clos.

Helena's dream

Marlene Dumas Helena's Dream 2008
Kunsthalle Bielefeld © Marlene Dumas
Photo: Peter Cox

Le corps érotique de la femme, son visage sont le leitmotiv de son l’œuvre traversée par une vraie réflexion sur la société qui inclue et exclue. Son travail Rejects 1994-2014 a comme point de départ les « reject stores » en Afrique du Sud qui vendent des vêtements avec des imperfections. Ces tris que nous faisons tout comme les jugements que nous portons, elle décide de les mettre en évidence visuellement.

marlene dumas the widow

Marlene Dumas The Widow 2013
Private Collection © Marlene Dumas

Cadrage resserré et monumentalité du format, style fluide qui donne la sensation que la matière peut aller jusqu’à son effacement, la reprise du canon de l’art africain qui impose que la tête soit légèrement surdimensionnée, par rapport au corps, signent son oeuvre. La texture du papier ou de la toile viennent à la rencontre de nos yeux troublés, appâtés par le bouquet des teintes.

Par Caroline BENZARIA

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