Malaga, Modernisme et Tradition

Malaga, porte d’entrée de l’Andalousie de nos rêves s’arme pour rivaliser avec les trois joyaux que sont Grenade, Séville et Cordoue. Avec l’ouverture ce mois d’avril d’un Musée Pompidou éphémère, elle entend pêcher de nombreux touristes par l’hameçon culturel. C’est réjouissant.

flamenco

La marque Centre Pompidou a acquis une réputation mondiale. L’aventure qui se vit à Malaga est singulière. Le Centre Pompidou de Paris a délégué son nom et ses œuvres pour une durée de cinq ans à la ville de Malaga. Voici donc ouvert un espace tout neuf, au bord du port et de la promenade portuaire, abritant des dizaines d’œuvres parfois majeures de grands peintres ou sculpteurs modernes ou contemporains.

Avec le Musée et la Fondation Picasso (le peintre était natif de la ville), le Musée Carmen Thyssen qui abrite une belle collection de peintures du XIXème siècle, un Musée d’Art moderne, il y en a désormais pour tous les goûts en arts plastiques et de quoi passer son temps dans l’un des 28 musées de la ville. 

musée pompidouLe Cubo du Musée Pompidou

Cela n’empêche pas l’Andalousie traditionnelle, romantique et virile à la fois d’être omniprésente. En ce mois d’avril encore frisquet, les grandes dalles des rues de Malaga sont jonchées de cire noircie. Les services de la voirie tentent tant bien que mal de racler, rue par rue, ces vestiges glissants d’une ferveur populaire qui ne se dément pas.

La Semaine Sainte, qui d’ailleurs dure dix jours, vient de s’écouler et des dizaines de milliers de Malagais mêlés de touristes ont suivi, comme toujours, en groupe, en ligue, en procession, les fastueuses sorties quotidiennes des différentes confréries – cierges (d’où les coulées de cire) et pénitents cagoulés de noir ou de blanc en tête - des saintes reliques et statues. Au même rang ou presque que ce catholicisme authentiquement vécu sous les ors des églises aussi bien que dans chaque foyer, se vivent deux autres inébranlables traditions : la corrida et le flamenco.

Sous le signe du taureau

Tous les taureaux ne sont pas noirsTous les taureaux ne sont pas noirs

Pas un village ou une ville qui ne possède son arène. Celle de Ronda à une heure et demie à l’Ouest de Malaga est l’une des plus anciennes et la plus grande avec plus de 5000 places. Autant dire qu’on y hume mieux que n’importe où, sauf sans doute à Séville, l’esprit de cette passion, pour d’aucuns, incompréhensible.

La corrida présente des similitudes avec nos maisons d’opéra sauf qu’on y meurt vraiment, en tout cas au moins les taureaux. Il se dégage de ces arènes du 18ème siècle, un air d’antiquité avec ses festivités codées. Comme pour l’opéra jusqu’à ces dernières années, on met ses plus beaux atours, on se prépare, on tente surtout de réserver sa place longtemps à l’avance car les spectacles les plus prestigieux parmi les corridas goyesques (ainsi nommées parce que les toreros utilisent des costumes similaires à ceux en vigueur à l'époque du peintre Goya) sont pris d’assaut. Comme souvent aussi à l’opéra, les places sont chères pour les grandes corridas : entre 75 et 150 € selon que vous choisissez un gradin à l’ombre ou au soleil. Quant au costume de scène si l’on peut dire, celui des toréadors, Rafael Tejada ex-ingénieur devenu matador et éleveur de taureaux de combat me confie qu’il faut compter au moins 5000 € l’habit de lumière. Et ce n’est pas le taureau qui en profitera : il ne voit qu’en noir et blanc … On ne le sait guère mais Orson Welles, en passionné de corrida, a vécu à Ronda ; il y a fait disperser ses cendres et voulait même être enterré dans une arène… Il partageait cette passion avec Ernest Hemingway qui fut, lui aussi, un habitué des lieux.

Le flamenco

flamenco

Le flamenco, lui, est à l’Andalousie ce que la valse est à Vienne : dans le sang et presque dans les gènes. Vous trouverez, à Malaga plus de magasins vendant des robes et des chaussures de flamenco pour tous âges que d’enseignes Etam, Benetton ou Zara réunies. C’est quasiment au berceau qu’on apprend à le danser et le rêve de robes de princesses des petites filles a de quoi s’épanouir. Pour elles comme pour les adultes, des créatrices comme Aurora Gavino, Carmen Raimundo et bien d’autres créent saison après saison des robes flamenco qui s’apprécient tant dans les magasins dédiés que lors des défilés de mode.

La ville

theatre romainLe théâtre romain au bas de l'Alcazaba

Pour le reste, Malaga est une petite ville charmante dont le vieux quartier qui s’enroule autour du théâtre romain au bas de l’Alcazaba et de la cathédrale est facile à parcourir à pieds. Au printemps, l’un des bonheurs de la ville est le parfum délicieux que répandent les fleurs d’orangers. Le centre compte de nombreuses rues piétonnes et une impressionnante quantité de boutiques et de cafés et restaurants. Où, bien sûr on déjeune et dîne… à l’heure espagnole.

Y aller

De nombreuses compagnies aériennes desservent Malaga dont Air-France, Air Europa, Vueling, Transavia, XL Airways, Easyjet.

A voir

Le Musée Pompidou, le Musée Picasso, le Musée d’Art Moderne, le Musée Carmen Thyssen, le Musée de la Semaine Sainte, l’Alcazaba, le Palacio de Buenavista, la Cathédrale : tout se trouve dans le centre et accessible à pieds.

Ne pas manquer

La gastronomie locale avec notamment le pescaito frito (fritures de petits poissons) et les inévitables tapas, les nombreux chiringuitos ou restaurants de plage. Ne manquez pas la célébrissime Bodega El Pimpi, le lieu de rencontre de tous les Malagiens à toute heure où toute célébrité de passage s’ingénie à faire une halte. Peut-être au coin d’une table y croiserez-vous Antonio Banderas venu en voisin ? A moins qu’il n’ait commencé à tourner le film qu’il souhaite consacrer à Picasso. Et surtout ne repartez pas de Malaga sans assister à une soirée flamenco ! Pour ce qui est de la Semaine Sainte et des corridas, c’est vous qui voyez…

Plus d'informations: www.spain.info_fr

Par Evelyne Dreyfus

 

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