Festival flamenco de Voix de Femmes

Flamenco en France fête les femmes à sa manière. Les 6, 7 et 8 mars, au théâtre de l'Epée de bois de la Cartoucherie de Vincennes, sont réunies neuf chanteuses flamencas.

C'est un truisme de dire que toute velléité de carrière pour une femme dans les milieux artistiques a été étouffée dans l'œ,uf, pendant des siècles et des siècles. Quelques femmes ont forcé leur destin. Mais le bilan est maigre.

Le flamenco n'a pas échappé à la règle. Les femmes ont eu le droit de danser, telle la cigale, tout en faisant la fourmi le reste de l'année pour nourrir les hommes et les enfants. Le flamenco, jusqu'au milieu du XIXème siècle, était un art de l'intime, qui ne sortait pas des fêtes et réunions de famille. Dans une culture de tradition orale, c'était une manière de transmettre l'histoire et les histoires, de raconter les joies et les peines. Et les femmes investissaient cet espace de liberté en dansant, le chant étant réservé à la gent masculine. Un partage somme toute très universel, la grâce, la beauté, la frivolité pour les unes, la profondeur, la douleur et l'émotion pour les autres. Dans les clichés véhiculés entre autres par Mérimée, Carmen la cigarière ne chante pas, elle va danser la séguedille sous les remparts de Séville. Mais quelques femmes se risquent à chanter, dans l'intimité de la famille.

Les « cafes cantantes »

*cafés où lon pouvait écouter du flamenco
font sortir le flamenco de la sphère familiale, mais rien ne change, les hommes chantent et les femmes dansent. Des chanteuses exceptionnelles, telles Merced La Serneta ou Concha La Pañaranda, réussissent à se faire un nom. Mais elles sont perdues de réputation, rejetées par leur milieu d'origine et exclues du reste de la société.

La Niña de Los Peines


Il faut attendre les années 20, et l'apparition de Pastora Pavón, La Niña de los Peines, pour que change le statut de la cantaora

*chanteuse
. Il faut dire que Manuel de Falla et Federico Garcia Lorca, à qui de nombreux intellectuels ont emboîté le pas, ont fait beaucoup pour que soit reconnue, nationalement et internationalement, cette chanteuse exceptionnelle. On peut donc dire qu'il y a un avant et un après Pastora Pavón.

Mais l'après Pastora est un long chemin pour les femmes cantaoras, semé d'embûches. Plus d'un siècle après sa naissance, elle est née en 1890 à Séville, on ne compte qu'une faible proportion de chanteuses, même si elles sont en augmentation constante. Ces femmes ont des siècles d'oppression, de douleur, de frustration à chanter. Mais elles savent aussi chanter les joies simples de la vie quotidienne. Une jeune génération est en train de naître. Elles ont 20 ans, 30 ans, et ne se laissent pas démonter. Elles ont une liberté de ton et d'interprétation très impressionnante.



Flamenco en France, la plus ancienne association de flamenco à Paris et sans doute en France, a eu le projet de rassembler ces femmes au cours d'un festival qui les verra se confronter les 6, 7 et 8 mars prochains, au théâtre de l'Epée de Bois. C'est une première nationale. Elles sont trois chaque soir. Certaines sont françaises ou vivent en France depuis de longues années. Les autres viennent de toute l'Andalousie, Séville, Jerez, Grenade, Huelva, Arcos de la Frontera, Malaga.

Le vendredi 6 mars est consacré à la maturité. Catalina Jimenez, la Française aux racines gitanes, se confrontera à Rocío Bazán et à Dolores Agujetas, issue d'une lignée mythique d'artistes gitans. Le samedi, place à la jeunesse. La jeune Ana Barba Moreno ouvrira le bal. Suivront la Sévillane Inma La Carbonera et Rocío Marquez de Huelva. Le dimanche, La Conchi accompagnera l'excellente danseuse Raquel Gómez, en forme d'hommage à toutes ces danseuses qui ont porté le flamenco à la connaissance du monde entier. Rosario La Tremendita de Triana rencontrera Gema Caballaro de Grenade.

Raquel Gomez


En marge de ce festival, on pourra voir une exposition des photos de René Robert, consacrée aux danseuses. Le samedi, Mercedes Gomez-Garcia donnera une conférence sur la conquête du statut de cantaora à travers l'exemple de Pastora Pavón , le dimanche, Fernando Gonzalez Caballos et Yvan Schreck présenteront un film consacré à La Paquera de Jerez, monstre sacré du cante

*chant
.

En fait, pendant ces trois jours, Flamenco en France propose un parcours initiatique au cœ,ur du flamenco le plus pur, le plus profond et le plus innovant. C'est une occasion unique pour découvrir cet art si mal connu.

Flamenco, destins croisés le 6 mars

Flamenco, nuit de la jeunesse le 7 mars

Flamenco, un 8 mars de fête


Théâtre de l'Epée de Bois à la Cartoucherie de Vincennes.
Réservations au théâtre de l'Epée de Bois : 01 48 08 39 74 - www.theatredelepeedebois.com

Informations : Flamenco en France - 01 43 48 99 92
www.flamencoenfrance.fr - flamencoenfrance@free.fr



Par Marie Ningres

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