Festival flamenco à Nîmes

Le festival flamenco de Nîmes fête ses 20 ans. Jusqu'au 23 janvier 2010, le Grand Théâtre célèbre et raconte le flamenco sous toutes ses formes. Avec une affiche variée et prestigieuse.



20 ans, c'est le bel âge, dit-on, l'âge de l'épanouissement. Comme Nîmes fait toujours bien les choses, la ville a décidé de fêter les 20 ans de son festival. Cette année, celui-ci s'étendra sur 15 jours et l'affiche est somptueuse. Une idée force, l'universalité du flamenco. Cette musique aux origines indécises et débattues à l'infini s'est inscrite durablement dans le patrimoine culturel mondial. Et ce festival veut parcourir ce chemin initiatique, des origines à la post-modernité.
Il commencera avec Silvia Marin et sa compagnie qui feront leur festival pour les enfants avec « Con pasaporte flamenco » (Avec un passeport flamenco). Puis la scène sera ouverte aussi bien à des artistes de la plus grande orthodoxie comme à ceux de la plus grande avant-garde.

Mayte Martin


Les choses sérieuses commenceront le mardi, avec Mayte Martin, la cantaora (chanteuse) catalane et universelle. La première semaine fait d'ailleurs la part belle au « cante jondo » (chant profond). Jose Dominguez Muñoz, El Cabrero, le cantaor pastoral (cabrero signifie chevrier et il est gardien de chèvres, d'où son surnom), fera ses grands débuts au festival. En effet, en 20 ans d'existence, El Cabrero n'avait jamais eu les honneurs de celui-ci.



Puis on pourra voir ou revoir le chanteur Rafaël de Utrera.
Toujours au grand théâtre, la deuxième semaine commencera, avec le chanteur exceptionnel qu'est Miguel Poveda. Comme Mayte Martin, il est catalan. Et il est certainement le chef de file du renouveau du « cante jondo » (chant profond). Pour celles et ceux qui ont vu « La question humaine » de Nicolas Klotz, c'est Poveda qui chante un martinete (traditionnellement le chant de la forge, dont le seul accompagnement est le marteau sur l'enclume), qui dure près de huit minutes, filmé en plan séquence. Un des moments stupéfiant du film et surtout inattendu. C'est Diego Carrasco qui assurera la soirée du vendredi. C'est une soirée pour ceux qui aiment la buleria (chant festif à écouter ou à danser) en boucle et sous toutes ses formes. Mais en général, les gens « adooorent ».

Miguel Poveda


Lors de ces deux semaines, les danseuses et danseurs iront du plus grand classicisme et rigueur flamenca à l'inventivité moderniste la plus folle. Israël Galvan sortira de son cercueil, Andres Marin sonnera les cloches, Javier Baron
et Mari-Jose Franco effectueront un retour aux sources, Pastora Galvan mettra sans doute ses pas dans ceux de son frère, qui me semblent beaucoup trop grands pour elle et Rocio Molina donnera son spectacle « Oro viejo » (vieil or) qui n'est pas le meilleur. Il fait la part belle à la copla (chanson espagnole) et malheureusement Rosario La Tremendita, une des grandes voix de la scène flamenca actuelle et membre de la troupe, ne bénéficie pas de l'espace qui lui permettrait de donner toute sa mesure.

Andres Marin


Israel Galvan


Dans cette volonté de montrer l'universalité du flamenco, deux soirées sont consacrées aux acteurs français du genre, qui font la preuve qu'ils peuvent tenir la dragée haute à beaucoup d'artistes espagnols. Les excellentes danseuses françaises Eva Luisa, Melinda Sala, Natalia del Palacio, les chanteurs Luis de La Carrasca, Juan de la Alpurraja ou encore ceux de la famille Cortes, les guitaristes Antonio Negro, Antonio Cortes, Paco Carbona, pour n'en citer que quelques uns, puisqu'ils seront vingt-six artistes, participent à Tierra Flamenca 1 et 2, le premier weekend du festival.

Melinda Sala, Tierra flamenca n° 1


Juan de La Alpurraja, Tierra flamenca n° 2


C'est un des rendez-vous incontournable du festival au théâtre de l'Odéon, ancien caf'conc reconverti en cinéma. Le flamenco lui a donné une troisième jeunesse. Assis ou debout le public est vibrant, à l'écoute et passionné.
Le deuxième et dernier week end du festival, celui-ci refermera les portes de sa 20e édition toujours à l'Odéon, avec « Cinco voces » (cinq voix) gitanes, cinq femmes, et une danseuse. Mari Peña, d'Utrera, à la lourde hérédité flamenca, puisqu'elle est affiliée au clan des Perrate, La Tana, et sa mère, Herminia Borja, originaires du bario (quartier) très flamenco de Séville, Triana, de l'autre côté du Guadalquivir, Mari Vizzaraga, elle aussi sévillane et La Fabiola, née à Arcos de la Frontera. Cinq voix pour soutenir une danseuse, Carmen Ledesma, au style éminent gitan.

Mari Peña


Mari Vizarraga


La veille, à l'Odéon, Ines Bacan, accompagnée par Antonio Moya, donnera un concert de « chant profond ». La deuxième partie se transformera en « cafe cantante » autour de trois chanteurs, Rubio de Pruna, Tomas de Perrate et Manuel de Tañe, qui se livreront à une compétition de haut niveau.
Pour être complet, n'oublions pas les concerts acoustiques de la Cour d'appel, le samedi 16 janvier, le guitariste Antonio Soto, le dimanche 17 Pepe Linares, chanteur et deus ex machina du flamenco nîmois, donnera sa version du « Romancero gitano » de Federico Garcia Lorca, accompagné à la guitare par Antonio Cortes et par le comédien Henri Le Ny et, le 23 janvier, le chanteur Antonio Campos, accompagné par Dani Mendez, pour ce qui, artistiquement et « flamenquisment » parlant, devrait être le clou de ces 15 jours.

Toutes les sensibilités sont représentées, tout aficionado pourra trouver son bonheur, les néophytes (et les autres) pourront s'initier ou se perfectionner grâce à un cycle de conférences très complet. Mais la saturation peut guetter. Le bouquet final du samedi 23 janvier peut s'avérer indigeste : enchaîner un concert acoustique, donc intense, puis le spectacle de Rocio Molina et pour finir foncer à l'Odéon pour écouter Mari Peña et sa bande, cela va demander une grande capacité d'adaptation. Cette accumulation me semble périlleuse. Mais ne boudons pas notre plaisir, le gâteau d'anniversaire est énorme et de qualité, une indigestion de flamenco n'a jamais tué personne. Et souhaitons longue vie au festival de Nîmes.

Lire également
-Antonio Mayor
-Eva Luisa danse dans Tierra flamenca 2
-Marie Jose Franco
-Javier Baron


Renseignements et réservations : 04 66 36 65 10
-www.theatredenimes.com



Par Marie Ningres

Portrait de admin

Ajouter un commentaire