Jackie Buet, fondatrice du Festival Films de Femmes

Du 2 au 11 avril à Créteil (Val de Marne)

'Ce qui nous occupe dans cette manifestation, ce sont les voix libres des femmes qui crient depuis longtemps pour être enfin entendues. Ce sont leurs histoires et leur place dans l'Histoire qui y sont mises en avant'.




Un grand pas pour les femmes


Si on a pu dire des femmes pendant des siècles qu'elles étaient « au four et au moulin », il n'est pas encore acquis qu'elles soient aux affaires et aux comptes en banque.

Or ce sont ces deux domaines qui mènent le monde même s'ils ne font pas rêver !

Le festival de films des femmes cette année rend hommage non seulement au cinéma des réalisatrices du monde entier mais cette année plus particulièrement à celle de l'Afrique.

Ce qui nous occupe dans cette manifestation, c'est la défense des films, faits avec entêtement dans la marge, en auto-production. Ce sont les voix libres des femmes qui crient depuis longtemps pour être enfin entendues. Ce sont leurs histoires et leur place dans l'Histoire qui y sont mises en avant.


Avancées et balbutiements


Si en 2010 on fête à la fois le centenaire du 8 mars (journée proclamée « de la femme » à Copenhague il y a 100 ans), les 40 ans du MLF (la femme du soldat inconnu), le 50ème anniversaire des Indépendances des pays d'Afrique francophones etc... et j'en passe ! on peut se dire que c'est trop de commémorations pour peu de résultat !

Mais, quand on visite l'exposition elles@centrepompidou qui met en valeur les artistes femmes des collections du centre Beaubourg,
quand on assiste à l'oscarisation de la première femme cinéaste, Kathryn Bigelow, à Hollywood en 82 ans, qu'on reçoit les différents programmes sur l'initiative des 40 ans du MLF, on se dit que l'histoire a bougé, qu'elle bouge et qu'elle bougera encore en faveur des femmes.



Surtout, on rendra grâce à la persévérance de leurs combats, notamment à celui des féministes des différentes époques. Tout est pourtant très relatif dans ces avancées, car quand on lit les statistiques sur les violences conjugales en France ( 400 femmes meurent chaque année sous les coups de leur conjoint), la perpétuation des crimes d'honneur dans des pays proches tels que la Turquie ou lointains tels que l'Inde, le sort des bébés filles en Chine (génocide médicalisé de grand ampleur entraînant des dizaines de millions de femmes « manquantes ») on se dit que les combats des 40 ans, des 100 ans ne sont que des balbutiements.


Vers une égalité?


Alors quel serait aujourd'hui l'enjeu majeur pour franchir un grand pas supplémentaire pour l'égalité des femmes?

Avoir une femme présidente de la République, 50% de femmes dans les conseils d'administration des principales entreprises du CAC 40 ? Que le 82ème oscar hollywoodien ou la 60ème Palme d'or à Cannes soit attribuée à une femme ?

Pourquoi pas ! Ces petits pas franchis par la société représentent un grand pas pour les femmes qui n'ont d'autres moyens que de s'appuyer sur l'exemple pour s'émanciper à la fois socialement et personnellement.

Mais surtout, il faut faire que l'éducation, la parole, le cinéma, les arts soient des leviers d'émancipation, de connaissance et de
reconnaissance pour les femmes.

Le festival se donne comme mission fondamentale d'offrir avec constance un lieu de reconnaissance et de visibilité des démarches
des réalisatrices afin de renverser le processus de décapitation de leurs pensées et de leurs manières de voir le monde.

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Par Laure Menanteau

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