Festival de Cannes : Tim Burton, président

Le 63ème Festival de Cannes s'est doté d'un président hors normes : Tim Burton. Quelques éléments biographiques pour suivre au plus près les travaux du jury et de son président.

Tim Burton est pour moi indissociablement lié à Jonnhy Depp, son acteur fétiche. J'ai découvert ce tandem en 1991, alors que ma fille m'avait traînée pour voir un film dit pour enfants, ce que je déteste a priori. Emerveillée, je découvrais l'univers du réalisateur avec « Edward aux mains d'argent ».


Un vrai conte de fée moderne, qui tient sa part de rêve, mais ne cache pas la cruauté du monde où nous sommes tous condamnés à vivre. Depuis je suis demeurée une fan de Tim Burton.

Le cinéaste est né en 1958 à Burbank en Californie. Dans son enfance, il est un garçon solitaire qui se réfugie dans les salles obscures et la lecture. Lecteur assidu d'Edgar Alan Poe, il est fasciné par cet univers où le cauchemar le dispute au mystère. Au cinéma, il voit et revoit des films fantastiques et de monstres, tels que Godzilla ou Frankenstein. Peu à peu, Tim Burton se crée un monde très particulier, où le bien et le mal s'affronte, le bien triomphant bien sûr. Mais son imagination d'enfant construit son avenir de réalisateur. Il rejoint l'univers des contes des frères Grimm où la cruauté et le fantastique se rencontrent pour faire peur aux petits enfants.
Après des études à la California Institute of the Arts, Tim Burton débute chez Disney dans les années 70.

Il collabore à l'animation de plusieurs dessins animés, dont Rox et Rouky. Les dirigeants de Disney croient en son talent et il reçoit une bourse pour réaliser deux courts-métrages, Vincent et Frankenweenie. La firme, effrayée par la noirceur de ceux-ci, les met dans un placard. Tim Burton quitte les studios en 1984. Et puis, la chance lui sourit. La Warner lui confie le tournage de Pee-Wee Big adventure, film à petit budget, avec l'acteur Paul Reubens. Succès surprise au box-office qui lui donne l'opportunité de réaliser ses propres films. Trois ans plus tard, il écrit et réalise Beetlejuice, film complètement déjanté qui fait un triomphe.

Warner, qui a acheté les droits de Batman, lui propose de réaliser le film. C'est une réussite planétaire, récompensée par l'oscar du meilleur décor. Désormais Tim Burton est libre et décide de réaliser un film plus intimiste et personnel, c'est Edward aux mains d'argent. Il donne l'occasion à Vincent Price, l'acteur de Laura d'Otto Preminger, à qui il voue une grande admiration, de jouer son dernier rôle, avec celui de l'inventeur d'Edward. C'est aussi le début d'une collaboration et d'une amitié sans faille avec Jonnhy Depp qui devient son acteur fétiche. A partir de ce moment-là, la filmographie de Tim Burton s'enchaîne avec plus ou moins de succès.



Côté succès, il tourne une suite de Batman, plus noire et torturée que l'épisode précédent , sur la base d'un poème qu'il a écrit lors de son passage chez Disney, il réalise L'étrange Noël de Monsieur Jack , et puis, cette dernière décennie est marquée par Sleepie Hollow, le cavalier sans tête, en 2000, Charlie et la chocolaterie, en 2005, un film d'animation, Les noces funèbres, sortant quatre mois plus tard. Sweeney Todd : le diabolique barbier de Fleet Street sort en 2008. Et 2010 voit son retour aux Studios Disney, pour un Alice au pays des merveilles de sa façon. Avec toujours dans le rôle titre Jonnhy Depp.

Si Tim Burton est un remarquable réalisateur, il est aussi un dessinateur hors-pair. Il couche sur le papier ses idées de décor, l'univers fantasmagorique qui doit entourer le film, les relations entre ses personnages. Consécration suprême, le Moma de New-York lui a ouvert ses portes pour une rétrospective : dessins, maquettes, marionnettes, storyboards sont autant d'invitations à une immersion totale dans l'univers surréaliste du cinéaste.

Logo de l'exposition au Moma


Depuis pratiquement vingt ans, Tim Burton n'a jamais cessé de tourner. Malgré les gros moyens mis à sa disposition, il décline ses rêves et ses cauchemars dans un univers drôlatique et déjanté, sans faire de concession au « bon goût » ou à la modernité. Dans une interview, il livrait cette confidence : « ... mon truc à moi ce sont les monstres. Déjà, môme, je les aimais. Je me sentais proche d'eux : en marge de la société et incompris, comme eux. De plus, j'ai toujours eu un faible pour les outsiders, ceux que l'on pense méchants alors que, en fait, ils ne le sont pas. Ce sont des personnages attachants, très intéressants à explorer. »

Pour sa 63ème édition, le festival de Cannes a mis son jury sous la houlette de Tim Burton. Nous n'avons qu'une chose à souhaiter à Monsieur le Président Burton : soyez aussi généreux, audacieux, original et déjanté dans vos choix de président de jury que dans vos films. Et nous aurons un palmarès décapant.




Par Marie Catherine Chevrier

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