Richard Galliano joue Bach

Merveilleux accordéoniste, 'tous terrains' comme il le dit lui-même, Richard Galliano a permis à l'accordéon de se défaire de son image vieillotte, en le propulsant avec lyrisme notamment dans le jazz ou la variété avec des chanteuses telles que Barbara, Juliette Gréco ou Zizi Jeanmaire. Le voici 'en classique' avec cet album Bach, paru chez Deutsche Grammophon.




On a beaucoup arrangé Jean-Sébastien Bach. On l'a adapté, on l'a transcrit.
Mais pas ici. Richard Galliano joue Bach, seulement Bach. « La musique de Bach est universelle.
Lorsque je la joue, je ne change pas une note, pas une respiration, pas un silence... je joue le texte
intégral sans aucune adaptation ». Et pour son premier album chez Deutsche Grammophon,
Richard Galliano se consacre à un compositeur qu'il a toujours fréquenté : « J'ai débuté et
poursuivi mes études musicales avec Bach. J'ai joué une grande partie des 'Préludes et Fugues du
Clavier bien tempéré', le 'Concerto Italien' et bien d'autres oeuvres... Mais d'un point de vue
discographique je n'ai pas commencé par Bach, c'est vrai. Pour moi ce disque Bach est l'aboutissement
de quarante-cinq ans d'expérience musicale 'tout terrains' ».

Et même s'il est apparu plus d'un siècle après sa mort, l'accordéon aurait sans doute
passionné Jean-Sébastien Bach. Comme l'orgue, il dispose d'une stéréo naturelle, de la
polyphonie, de la registration. Si l'accordéon est une sorte d'orgue portatif, il est surtout plus
expressif : « L'accordéon, comme le bandonéon, sont des instruments qui peuvent très facilement se
substituer à d'autres instruments à cordes, à vent ou encore à clavier.» C'est pour cette raison que
Richard Galliano a décidé de ne pas se cantonner aux pièces pour orgue, bien au contraire. Il
a choisi pour cet album des partitions pour violoncelle, pour hautbois, pour violon, pour
clavier, pour flûte. « Mais, avant tout, j'oublie que je joue de l'accordéon , je pense 'musique
pure' » répète-t-il.

Il s'est aussi souvenu des choix de l'ami Astor Piazzolla qui, dans ses oeuvres
symphoniques, libérait le bandonéon de ses basses et de ses accords d'accompagnement, qui
auraient brouillé le son de l'instrument dans la masse de l'orchestre. « Dans le prélude de la
« Suite pour violoncelle », je prends seulement le clavier de la main gauche pour jouer la partie de
violoncelle. Au début, j'avais essayé de l'harmoniser, de le jouer à la manière d'un orgue avec la main
droite à l'octave... Finalement, chaque fois que j'essayais de toucher quelque chose dans la musique de
Bach, je m'apercevais que ce qu'il a écrit est parfait.».

Pour l'accompagner dans cette aventure, Richard Galliano avait pensé à plusieurs
solutions orchestrales. Mais, après un album et trois cents concerts en compagnie des
musiciens classiques rencontrés pour le projet Piazzolla For Ever, le choix était naturel : « Le
sextet est une formule très dynamique, très originale, bien équilibrée avec l'accordéon dans la
perspective d'un enregistrement acoustique. » Alors Richard Galliano a retrouvé ses complices,
les violonistes Jean-Marc Phillips et Sébastien Surel, l'altiste Jean-Marc Apap, le violoncelliste
Raphaël Pidoux et le contrebassiste Stéphane Logerot
. Tout s'est fait très facilement, à l'église
de Notre Dame du Liban à Paris
: « Une acoustique de rêve qui nous a permis d'enregistrer d'une
manière Live en 2 jours sans aucun montage ».

Avec de tels musiciens, Richard Galliano n'a pas reculé devant le plaisir d'interpréter
certaines des plus immenses mélodies de la culture occidentale, parfois avec un petit clin
d'oeil dans le choix de l'instrument, comme la version à l'accordina de la célébrissime
« Badinerie » qui ouvre l'album ou la lecture au bandonéon de l'aria de la « Suite pour
orchestre en ré majeur ». Et, in fine, il s'est laissé convaincre de placer à la fin de son disque
une incursion du compositeur Richard Galliano dans l'univers sensible et mélodique de la
musique baroque, avec son « Aria » inspirée de manière lointaine de la « Messe en si mineur
de Jean-Sébastien Bach ». « Tout est affaire d'émotion. Je ne veux pas montrer de quoi est capable
l'accordéon. Je veux faire partager l'émotion que Jean-Sébastien Bach a écrite. »

- Richard Galliano / BACH - Album enregistré les 1er et 2 septembre 2009 à l'église Notre Dame du Liban, Paris.
- Richard Galliano, accordéon, accordina et bandonéon. Richard Galliano joue sur un accordéon VICTORIA modèle Free-Bass (Quint system).
- Jean-Marc Phillips, violon
- Sébastien Surel, violon
- Jean-Marc Apap, alto
- Raphaël Pidoux, violoncelle
- Stéphane Logerot, contrebasse

- Universal Classics & Jazz
- Sortie nationale le 12 avril 2010

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-1. Badinerie (Suite pour orchestre n°2 en Si mineur, BWV 1067) 1'29
Concerto pour violon et orchestre en La mineur, BWV 1041
-2. Allegro moderato 3'40
-3. Andante 6'49
-4. Allegro assai 3'35
-5. Aria (Suite pour orchestre n°3 en Ré majeur, BWV 10 68) 5'09
-6. Prélude (Suite pour violoncelle n°1 en Sol majeur, BWV 1007) 2'21
Concerto pour piano en Fa mineur, BWV 1056
-7. Allegro 3'24
-8. Largo 3'06
-9. Presto 3'48
-10. Sicilienne (Sonate n°2 pour flûte en Mi bémol majeu r, BWV 1031) 2'06
-11. Allemande (Partita pour flûte en La mineur, BWV 1013) 3'01
Concerto pour hautbois et violon en Ut mineur, BWV 1060
-12. Allegro 5'01
-13. Adagio 5'18
-14. Allegro 3'38
-15. Contrapuctus 1 (L'Art de la Fugue, BWV 1080) 4'32
-16. Aria (Richard Galliano) 4'10




Par Nicole Salez

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