Des Mayas à la démocratie, en passant par la dictature

Le Guatemala est soumis à rude épreuve depuis l'arrivée du conquistador espagnol Pedro de Alvarado. Le pays semble avoir trouvé son équilibre depuis 15 ans.

Le Guatemala est un pays de civilisation maya depuis toujours, c'est-à-dire depuis 1000 ans avant J.-C. Au 7e siècle, la culture maya s'effondre et disparaît, les populations désertant les cités impériales. Les archéologues et historiens n'ont toujours pas résolu l'énigme.

La colonisation du pays, entre 1523 et 1527 par le conquistador espagnol Pedro de Alvarado, fut brutale et les peuples mayas soumis ou décimés par les épidémies. En 1821, joint au Mexique, le Guatemala se libère de la colonisation espagnole, pour finalement en 1840 devenir une république indépendante.

Plaza Mayor de Guatemala Ciudad, témoin de la splendeur espagnole


Dans ce pays nouveau, tout a été fait pour ostraciser les Amérindiens. L'immigration a été favorisée et, aujourd'hui, le Guatemala compte 14 655 189 habitants, dont seulement la moitié est maya. L'autre moitié est constituée par les métis et les non-indigènes, appelés ladinos. Si la langue officielle est l'espagnol, beaucoup d'Amérindiens ne le comprennent pas. En revanche, le catholicisme s'est imposé, même si la concurrence est rude avec le protestantisme. Ce catholicisme s'est imprégné de traditions locales, syncrétisme quasi naturel. Seulement 1 % de la population est restée fidèle à la religion des ancêtres mayas.

L'Espagne très catholique a importé ses processions et ses pénitents à Antigua


De dictature en dictature, le pays est arrivé à l'aube du XXe siècle, où un autre danger menaça les Guatémaltèques dont la seule richesse était la production de bananes et de fruits tropicaux : l'implantation de la sinistre entreprise nord-américaine United Fruit Company. Toute l'économie du pays passa ainsi sous la houlette des Yankees.

L'année 1945 est une embellie pour le pays. Le président nouvellement élu, Juan José Arevalo, ouvre une nouvelle ère : droits sociaux, code du travail et droit de grève. Autant dire une révolution à l'échelle du Guatemala. Son successeur, Jacobo Arbenz Guzmán, décide de rompre avec le pillage organisé par la United Fruit Company en instaurant une taxe sur les exportations. Il décide d'une réforme agraire qui oblige entre autres la United Fruit Company à céder une part importante de ses terres en friche. Inacceptable pour les Américains. Le président Eisenhower et les frères Dulles, respectivement patron de la CIA et du Département d'Etat, et, accessoirement siégeant, pour le premier, au conseil d'administration de la firme, décident d'un véritable coup d'état. C'est ainsi que Arbenz Guzmán est destitué et remplacé par une junte militaire. Commencent des années d'instabilité, un mouvement de guerilla réussit à s'organiser.

Le président Jacobo Arbenz Guzman


Le père de Rigoberta Menchú qui avait fondé la CUP (Comité d'Unité Paysanne) meurt brûlé, en 1981, avec 20 de ses compagnons, dans un incendie de l'ambassade d'Espagne provoqué par les forces de l'ordre. Rigoberta Menchú avait rejoint l'organisation en 1979. Les coups d'état succèdent aux coups d'état. En 1982, le général Efraín Ríos Montt prend le pouvoir. Première initiative, la création des PAC, les Patrouilles d'autodéfense civiles, composées de miliciens qui n'ont qu'un objectif : éradiquer la guérilla en obéissant au mot d'ordre de la terre brûlée. 440 villages seront complètement rasés, près de 200 000 mayas massacrés et 40000 se réfugient au Mexique. La guérilla réplique en fondant l'URNG, Union révolutionnaire nationale guatémaltèque. S'en suit une période de quasi guerre civile, avec son lot de coups d'états. Alvaro Arzu devient président en 1996. A partir de cette date, la vie politique semble se normaliser. Un accord de paix en décembre est signé avec la guérilla. Ce document comporte des éléments qui sont les premiers pas vers la reconnaissance des droits des Amérindiens : L'espagnol est toujours la langue officielle. Mais depuis ce traité, la Constitution est disponible dans les quatre langues les plus parlées après l'espagnol, soit le quiché, le mam, le cakchiquel et le kekchi. De plus, des documents officiels sont traduits dans certaines des 23 langues autochtones.

Cooperativa las ilusiones ou coopérative 'Les rêves'


Une élection présidentielle se tient tous les quatre ans depuis cette date. La démocratie paraît s'installer durablement. Le pays est un des tous premiers pays producteurs de café et il s'ouvre au tourisme, grâce à un patrimoine culturel et paysager exceptionnel.

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Par Marie Catherine Chevrier
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