Maisons closes : faut-il les rouvrir ?

La diffusion de 'Maison close' sur Canal + et les propositions de la députée (UMP) Chantal Brunel redonnent de l'actualité au débat sur la réglementation de la prostitution. Les mouvements de prostituées y sont hostiles et réclament un statut légal de la prostitution indépendante.


Canal+ : Maison Close

Faut-il rouvrir les maisons closes? La diffusion du feuilleton 'Maison close' sur Canal + relance le débat sur la prostitution. D'autant que France 3 devrait bientôt diffuser un téléfilm consacré à Marthe Richard, qui fut successivement prostituée, aviatrice et femme politique. Côté legislatif, les propositions de la députée (UMP) Chantal Brunel d'abolir la loi sur le racolage avaient déjà entraîné, au printemps dernier, la création d'un groupe de travail sur la prostitution au ministère de l'intérieur.

Le Paradis qui sert de cadre au feuilleton Maison close est inspiré des Le Chabanais, Sphynx, One Two Two et autres Le Cardinet, ces 'maisons de tolérance' où, à la Belle Epoque, les hommes venaient pour rencontrer des prostituées. C'est la IIIème République, qui sous prétexte d'hygiène publique et soucieuse d'enrayer le développement de la petite vérole avait voulu mettre fin au racolage en créant ces lieux que des médecins visitaient régulièrement. Mais non seulement la violence et la cruauté y étaient le quotidien des filles, mais ces huis-clos n'empêchèrent pas le développement d'une prostitution de rue, qualifiée d''abattage, avec macs et lupanars. C'est à la suite d'un rapport très défavorable du Dr Louis Fiaux que fut décidée, en 1946, la fermeture des maisons closes par la loi dite Marthe Richard.


Prostitution indépendante

Aujourd'hui la députée (UMP) Chantal Brunel, dans son livre 'La violence faite aux femmes' critique la loi du 18 mars 2003 interdisant le 'racolage passif' et prône que la réouverture des maisons permettrait un suivi sanitaire et une protection juridique et financière des prostituées. Un groupe de travail s'est réuni en mars derniersur ce sujet au ministère de l'intérieur. Par ailleurs, un sondage publié par Le Parisien révèle que 59% des Français -les hommes majoritairement- y seraient favorables.

La plupart des mouvements de prostituées -le Syndicat du travail sexuel français (Strass), Cabiria à Lyon, Grisédilis à Toulouse- y sont opposés.
Ils revendiquent une prostitution indépendante, le droit de travailler et la reconnaissance de leur métier.

Selon ces mouvements, l'exemple des pays européens qui ont interdit le racolage n'est guère probant. En Grande-Bretagne, des maisons de passe auraient été ouvertes dans les grandes villes, en Allemagne et aux Pays-Bas, une prostitution illégale et mafieuse se développe dans des bars ou en appartements.

A lire:
-Travailleu(r)ses du sexe, de Jean-Michel Carré, ed. Le Seuil
-Le Roman des maisons closes de Nicolas Charbonneau et Laurent Guimier, éditions du Rocher
-Les Filles de noce. Misère sexuelle et prostitution au XIXè siècle, de Alain Corbin, ed. Flammarion
-Maison close, de Paul Teyssier, Architectures immorales des années, ed. Parigramme 1930
-La vie quotidienne dans les maisons closes, de Laure Adler, ed. Hachette Pluriel

Lire aussi


Le roman des maisons closes



'Maison Close' de Mabrouk el Mechri, sur Canal +
-les lundis à 20 h 50
-8 épisodes
-Du 4 octobre au 22 novembre



Par Françoise Merteuil

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