Oublier Rodin? Musée d'Orsay

Jusqu'au 31 mai 2009

Au début du XXème siècle, Paris est le centre de la sculpture européenne, et Rodin, le maître absolu, mais aussi qu'il faut dépasser. Le musée d'Orsay présente une centaine de sculptures de cette période exceptionnelle, dont 39 du remarquable artiste allemand, peu connu en France, Wilhelm Lehmbruck. De ces années et de ce milieu vont naître les grandes orientations de la sculpture moderne.

-Auguste Rodin (1840-1917) a attiré autour de lui, au début du XXème siècle, l'élite de la sculpture européenne : tout sculpteur se devait de le rencontrer, de voir son travail, voire d'être son élève.
-Paris s'est ainsi trouvé, pendant 10 ans, au centre d'un foisonnement d'artistes venus de toute l'Europe avec cette interrogation lancinante : faut-il copier Rodin, comment dépasser Rodin, que peut-on faire après Rodin ?
-C'est cette recherche, cette exploration, cette multitude d'œ,uvres d'artistes de toutes les nationalités que le musée d'Orsay présente aujourd'hui.
-D'emblée, on constate que, en dehors de quelques exceptions, la plupart de ces artistes sont peu ou mal connus du grand public. C'est le cas de Wilhelm Lehmbruck.

-Wilhem Lehmbruck, arrivé à Paris en 1910, fait partie de ceux qui se sont très vite écartés de l'expressionnisme et de la forme de Rodin. Il s'est suicidé en 1919, à 38 ans. L'exposition organisée par le musée d'Orsay, la R.M.N et la fundacion Mapfre de Madrid, a aussi bénéficié de la collaboration du musée W.Lehmbruck, de Duisbourg.
-Ses œ,uvres sont prédominantes dans l'exposition avec de nombreuses sculptures, mais également des gravures et des dessins. Ses sculptures frappent par leur individualité, par leur énorme présence , il est évident que quelque chose de nouveau était en train de naître, dans ces formes qui ne cherchent plus à copier l'humain, mais qui le représentent tellement ! Il y a une immense inquiétude et beaucoup de questions dans ces êtres qui s'étirent et s'allongent !
-On voit très bien, dans ce prolongement et dans cette lignée apparaître plus tard Germaine Richier, Giacometti, ou Couturier.

-Autre individualité frappante, mais que l'on connaît mieux : Brancusi.
-Sa rupture avec Rodin fut brutale : après avoir travaillé avec lui, il refusa d'être son assistant avec cette phrase magnifique : « rien ne pousse à l'ombre des grands arbres ».
-Peu de ses sculptures sont présentes (3) dans cette exposition, on peut le regretter. Ses formes rondes et stylisées font parties d'un autre monde , comme Médardo Rosso, ou Archipenko, ou encore H.Gaudier-Brzeska ou Manolo, ces grandes personnalités dont on peut heureusement découvrir des pièces dans l'exposition.
-Ce monde, on peut le rapprocher des recherches que menaient Maillol ou Bourdelle, également très présents. Il préfigure une autre des directions ou va évoluer la sculpture, que plus tard Laurens ou Moore ou Botero vont représenter.


-Matisse n'est présent que par 3 pièces dont la remarquable « Serpentine ». -L'immense Zadkine, par une seule.

-Mais le but du commissaire de l'exposition, Catherine Chevillot, conservateur en chef au musée d'Orsay, était plutôt de nous faire découvrir des artistes injustement mal connus: Joseph Bernard, Raymond Duchamp-Villon, Charles Despiau, les français , Josep Clara, Enric Casanova, Pablo Gargallo, Julio Gonzalez les espagnols , Bernard Hoetger, le suisse , Elie Nadelman, le polonais , Jacob Epstein l'américain, Arturo Martini et surtout Ernesto di Fiori les remarquables italiens, Jacques Lipchitz le lituanien, Oto Gutfreund le tchèque, GeorgesMinne le belge...

-La guerre a fait éclater cette bulle de création , certains sont morts, à la guerre ou juste après, d'autres se sont dispersés dans le monde...
-C'est une excellente initiative du musée d'Orsay de faire découvrir cette histoire, et ses acteurs.

Par Christine Nathan

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