Nafissatou Fall : Lutte pour l’émancipation

47 ans, née à Douala (Cameroun), Nafissatou Fall est interprète médiatrice dans le secteur médico-social, fondatrice de l'association 'Yakaré' qui signifie 'espoir, avenir, solidarité'. Elle fait partie de ces' femmes font qui bouger l'Afrique' et que Toutpourlesfemmes.com vous présente au long de cet été.
Aînée de 12 enfants, Nafissatou Fall est envoyée en France en 1977. Elle s'inscrit au cours du soir pour apprendre le français et l'anglais. Bénévole à la Croix Rouge, elle devient secouriste.



J'ai fait une formation d'aide-soignante...A la même époque, j'ai découvert l'Association pour le développement de la Vallée du Fleuve Sénégal. Et là, ma vie a basculé.

En 1988, je suis devenue interprète médiatrice dans le secteur médico-social. Je me suis donnée à fond et je peux dire que j'ai réussi à faire sortir en masse les femmes sénégalaises de leur cuisine, de leur maison, de leur enfermement. Mon argument était simple : « Comment pouvez-vous aider et accompagner vos enfants si vous ne parlez pas français ? Si vous ne savez pas lire DANGER, vous pouvez tomber dedans avec les enfants ». Elles ont appris à lire et sont allées travailler.


Me concernant, les maris disaient : « elle va nous les gâter ». Traduisez : leur donner de mauvaises idées. Dans un quartier populaire du Havre, ce fut une vraie révolution ! Et ce n'était qu'un début. Avec mon travail de médiatrice sociale, j'aide les femmes des quartiers, dans leur vie quotidienne. Quand elles veulent marier leurs filles, quand il y a risque d'excision mais aussi dans les cas de violence. Je les assiste parfois lorsqu'elles accouchent, traduisant en peul ce que dit le médecin ou la sage femme. C'est là que j'ai pu constater les conséquences désastreuses des excisions. C'est pourquoi je milite au GAMS (Groupe d'Action contre les Mutations Sexuelles).

Certaine femmes africaines qui vivent en France pensent que dans leur pays d'origine, rien n'a bougé. C'est faux. En 1998, je suis retournée au Sénégal et je suis allée dans les villages les plus reculés. J'avais besoin de savoir. Les femmes m'ont parlé de leur quotidien. Là-bas, la plupart sont plus évoluées qu'en France. Elles ont même réussi à faire « bouger » la mentalité des hommes.



En 2000 j'ai créé « Yakare » ce qui signifie « espoir, avenir, solidarité ». L'association est en quelque sorte une passerelle entre ici et l'Afrique, dans les domaines du droit, de l'éducation du développement économique et social, de la santé, de l'environnement.


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