André Kertész - Jeu de Paume

du 28 septembre 2010 au 06 février 2011

André Kertész (1894-1985) est aujourd'hui, vingt-cinq ans après sa disparition, un photographe reconnu internationalement. Si chacun a en tête quelques images marquantes, il n'a pas encore trouvé la place qu'il mérite, si l'on considère ses apports personnels au langage photographique du XXe siècle. Sa carrière, qui s'est étendue sur plus de soixante-dix ans, a été chaotique, et sa longévité s'est doublée d'une constante acuité créatrice, ce qui est exceptionnel mais n'a pas favorisé la compréhension immédiate ou rétrospective de son oeuvre.



L'exposition, qui s'ouvre le jour même du 25e anniversaire de sa disparition, veut donner, pour la première fois, une vision extensive et équilibrée de l'oeuvre de Kertész, en apportant des éléments
nouveaux et en proposant, pour la première fois aussi en Europe, un ensemble composé de 300 épreuves (originales ou réalisées du vivant de l'artiste), de livres, magazines et documents d'époque.

Avec cette exposition rétrospective, le Jeu de paume a tenté de
reconstituer l'oeuvre global de Kertész dans son homogénéité et sa continuité tel qu'il l'avait conçu, au plus près du déroulement de sa vie.

Dans un parcours chronologique et linéaire qui reprend les périodes de sa vie créatrice, ponctué d'autoportraits qui marquent l'entrée de chaque espace, le Jeu de paume a effectué des regroupements thématiques par « cellules » mettant en valeur des particularités de l'oeuvre :
- une pratique personnelle (la carte postale photographique, les Distorsions),
- son implication dans l'édition (le livre Paris vu par André Kertész, 1934),
- ses recherches créatives récurrentes (les ombres, les cheminées)
- ou l'expression plus diffuse des sentiments (la solitude).



Des moments jusqu'alors délaissés ou inexplorés sont valorisés (l'activité de soldat en 1914-1918, la période new-yorkaise et les polaroids des dernières années) et cette exposition met particulièrement l'accent sur la genèse du photo-reportage
à Paris, à partir de 1928 et sur la diffusion de ses images dans les médias, dont il avait fait un métier.

La vie de Kertész s'est déroulée successivement dans trois pays, et il a souffert d'être confronté à trois cultures et à trois langues : né en Hongrie en 1894, il commence à photographier en 1912, participe
à la guerre 14-18 mais à l'issue de celle-ci ne trouvant pas de réponse à sa vocation, il décide, en 1925, de s'installer à Paris. Il y devient rapidement l'un des principaux acteurs de l'avant-garde photographique (la fameuse « Fourchette » de 1929, l'entrée de l'atelier de Mondrian en 1926, les « Distorsions » de nus en 1933), tout en se tenant à l'écart des mouvements artistiques. Il y est aussi, presque à son insu, l'initiateur du reportage photographique à partir de 1928 et se distingue par une attitude photographique plus émotive qu'objective, préférant à l'enquête sociale une prospection visuelle dont la motivation est d'abord affaire de sentiment.

Parti pour les États-Unis en 1936, il ne parvient pas à renouveler sa démarche dans le photojournalisme ou la mode, avant le conflit mondial qui le met à l'écart en tant qu'étranger. En 1947, il accepte un emploi rémunérateur mais ennuyeux pour le magazine House and Garden. Ce
n'est qu'au moment de la retraite, à partir de 1962, que Kertész peut réinvestir son oeuvre antérieur, retrouve ses négatifs anciens restés en France, et accède peu à peu à une reconnaissance internationale.




--Jeu de Paume : 1 place de la Concorde, 75008 Paris
-Mardi de 12h à 21h
-Du mercredi au vendredi de 12h à19h
-Samedi et Dimanche de 10h à 19h
-Fermeture le lundi
-Tél. 01 47 03 12 50



Par Floria-Rose David

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