Annie Girardot s'est éteinte

Une grande comédienne a disparu

Annie Girardot est décédée lundi 28 février 2011 à l'hôpital Lariboisière à Paris, à l'âge de 79 ans, des suites de la maladie d'Alzheimer. Devenue l'une des actrices françaises les plus populaires des années 1970, Annie Girardot a joué dans près d'une centaine de films («Rocco et ses frères» (1960), «Mourir d'aimer» (1971), etc.) ainsi qu'au théâtre ('Madame Marguerite', etc.). Ses funérailles se dérouleront vendredi 4 mars, à Paris.


La maladie d'Alzheimer aura eu raison d'Annie Girardot, de son goût de la vie, de son énergie, de son talent. Annie Girardot s'est éteinte lundi 28 février à l'hôpital Lariboisière à Paris, à l'âge de 79 ans, après plusieurs années de lutte contre cette 'voleuse de mémoire', le comble pour une comédienne, cette terrible maladie qui détruit à petit feu.


Le Théâtre

Annie Girardot naît le 25 octobre 1931 à Paris (75010) d'un homme marié, qui ne la reconnaîtra pas et qui mourra alors qu'elle est âgée de 2 ans, et d'une mère sage-femme. Elle suit des études d'infirmière.
Mais, rapidement, elle se consacre à sa passion, la Comédie. Élève au conservatoire de la rue Blanche (aujourd'hui École nationale supérieure des arts et techniques du théâtre) dès 1949, Annie Girardot fait, parallèlement, des apparitions, le soir, dans des cabarets, dont La Rose Rouge, et participe à des revues avec la troupe de Robert Dhéry.

En juillet 1954, elle sort du Conservatoire national supérieur d'art dramatique avec deux prix et est engagée peu après à la Comédie-Française.

Au Français, Annie Girardot incarne tour à tour Dorine dans Tartuffe, Cléonice dans Les Amants magnifiques, de Molière, en 1954. Puis, elle joue dans Aux innocents les mains pleines d'André Maurois, Le Jeu de l'amour et du hasard de Marivaux, (1955), L'Amour médecin de Molière, La Nuit des rois de William Shakespeare, Les Femmes savantes de Molière. Son interprétation de La Machine à écrire de Jean Cocteau, en 1956, aux côtés de Robert Hirsch, est particulièrement remarquée par l'auteur des 'Parents terribles' qui voit en elle « le plus beau tempérament dramatique de l'après-guerre ».

Finalement, Annie Girardot démissionne du Français pour se consacrer entièrement au cinéma. Cependant, sur les planches, elle sera encore dirigée par Luchino Visconti pour Deux sur la balançoire aux côtés de Jean Marais.

Elle connaît également un triomphe en 1974 dans Madame Marguerite de Roberto Athayde, rôle fétiche qu'elle reprend régulièrement jusqu'en 2002, année durant laquelle elle reçoit le Molière de la comédienne et le Molière d'honneur pour l'ensemble de sa carrière.


Le cinéma



C'est en 1955 que, parallèlement à sa carrière au théâtre,
Annie Girardot fait ses débuts au cinéma avec Treize à table d'André Hunebelle. Rocco et ses frères, film éblouissant de Luchino Visconti (1960) où elle joue le rôle de Nadia, une jeune prostituée dont
Rocco (Alain Delon) et Simone (Renato Salvatori) sont tous les deux amoureux, lance véritablement sa carrière sur le grand écran. Elle y est provocante et bouleversante. Annie Girardot enchaîne alors les films sous la direction de réalisateurs tels que Gilles Grangier, Marcel Carné, Marc Allégret, Luchino Visconti, Alexandre Astruc, Jean Delannoy, Denys de La Patellière, Gérard Oury, Roger Vadim, Mario Monicelli, les frères Taviani, Marco Ferreri, Philippe de Broca, Michel Audiard, Claude Pinoteau, José Giovanni, Claude Zidi, Yves Boisset, Luigi Comencini, Édouard Molinaro...



La comédienne devient l'une des actrices françaises les plus populaires des années 1970. Elle alterne comédies et mélodrames, exprimant ses talents comiques aussi bien que dramatiques, drôle et douloureuse à la fois. Elle incarne souvent une « femme normale et populaire », une femme moderne que 'les métiers d'homme' - médecin, chauffeur de taxi, reporter-photographe, commissaire de police... - ne rebutent nullement. En tant que comédienne, avec toute sa gouaille et son franc-parler, elle est une sorte de porte-paroles des femmes, d'un certain féminisme, en tout cas des êtres épris de liberté, comme dans sa vie. Elle va même jusqu'à jouer dans 'Mourir d'aimer' d'André Cayatte (1971), un film qui défraie la chronique. Cette histoire d'un jeune garçon amoureux de sa professeure Gabrielle Russier - interprétée par Annie Girardot - déclenchera une polémique impliquant notamment François Truffaut. En 1977, Annie Girardot reçoit le César de la meilleure actrice pour Docteur Françoise Gailland de Jean-Louis Bertuccelli. Son charisme fait d'elle une icône à laquelle on peut s'identifier.




L'oubli

Puis, le téléphone sonne moins souvent. La plupart des réalisateurs de la 'Nouvelle Vague' lui tourne le dos. Cependant, Annie Girardot qui a déjà tourné dans plusieurs films de Claude Lelouch, dont
Vivre pour vivre ( 1967) où elle tient le rôle de Catherine Collombs, Un Homme qui me Plaît avec Jean-Paul Belmondo (1969), réapparaît dans un des films du réalisateur en 1985 avec Partir, revenir où elle est Hélène Rivière.
La comédienne n'a rien tourné depuis 1989 ('Comédie d'amour' de Jean-Pierre Rawson), quand soudain son rôle de La Thénardier, dans Les Misérables (1995) de Claude Lelouch lui vaut le César de la meilleure actrice dans un second rôle en 1996.

Le soir de la remise du prix, elle fait un discours qui marque les annales des César.
Vêtue d'une petite robe noir et blanc, le visage inondé de larmes, tenant son César comme une revanche, elle lance au public : 'je ne sais pas si j'ai manqué au cinéma français mais à moi, le cinéma français a manqué follement... éperdument... douloureusement. Et votre témoignage, votre amour me font penser que peut-être, je dis bien peut-être, je ne suis pas encore tout à fait morte', poursuit-elle, submergée par l'émotion. La salle entière se lève alors pour lui rendre un long hommage. Donner un César pour un second rôle à une actrice qui a autant marqué le cinéma, on croit rêver...Qu'à cela ne tienne, ce César lui permet de retrouver sa place parmi les acteurs de cinéma, de théâtre mais aussi de télévision. En 2002, Annie Girardot obtient un troisième César pour son interprétation de mère étouffante dans La Pianiste de Michael Haneke.


Dernières années

Le 20 septembre 2006, on apprend par l'avocat de l'actrice, chargé de ses intérêts, qu'elle est atteinte de la maladie d'Alzheimer.
Elle enchaîne quelques films jusqu'en 2007, date de sa dernière apparition au cinéma.
Elle publie alors, avec le journaliste Jean-Michel Caradec'h, une biographie intitulée La Mémoire de ma mère (Éd. Michel Lafon), où elle consigne les souvenirs de sa mère. Dans le film Je préfère qu'on reste amis, elle interprète une femme atteinte de la maladie d'Alzheimer.

De 2008 à sa mort, Annie Girardot a vécu dans une maison médicalisée de Paris.
La comédienne, auréolée de trois César et deux Molière, meurt le 28 février 2011 à l'hôpital Lariboisière, à Paris. Ainsi disparaît une formidable actrice, à la forte personnalité, volontaire, digne et avant tout humaine.

Rappelons nous ces paroles de Madame Marguerite, l'un des rôles phares au théâtre d'Annie Girardot : 'Cherchez toujours à faire le bien, c'est votre seule chance, si du moins le bonheur vous intéresse, cherchez toujours à faire le bien.'

Une cérémonie d'adieu à Annie Girardot aura lieu vendredi 4 mars à 10H30 en l'église Saint-Roch, la paroisse des artistes, avant son enterrement au cimetière du Père Lachaise (75020).

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Quelques hommes

Annie Girardot s'est mariée le 6 janvier 1962 avec Renato Salvatori, son partenaire dans Rocco et ses frères, film éblouissant où la beauté le mélange à la violence. Annie Girardot est restée mariée avec l'acteur italien jusqu'à la mort de ce dernier le 27 mars 1988. Victime de violence conjugale, elle ne divorcera pas de lui mais ils se sépareront. Ensemble, ils ont eu une fille, Giulia, née à Rome le 4 juillet 1962.

De 1980 à 1993, elle partage sa vie avec Bob Decout, un musicien rock avec lequel elle s'embarque dans une aventure artistique. Un flop la laissera presque ruinée.

Au cours de sa carrière Annie Girardot a croisé les plus grands acteurs, Alain Delon dans Rocco et ses frères, Jean-Paul Belmondo dans Un homme qui me plaît, Jean Gabin dans Maigret tend un piège, Yves Montand dans Vivre pour vivre, Lino Ventura dans Le Bateau d'Emile, Louis de Funès dans La Zizanie, ou encore Philippe Noiret dans La Vieille Fille.


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L'hommage des chaînes de télévision

La télévision rend hommage à Annie Girardot.


Mardi 1er mars


- « Annie Girardot : Ainsi va la vie » sur TF1 à 22h55
- « Annie Girardot, le tourbillon de la vie » sur France 2 à 22h05
- « Ce soir ou jamais » présenté par Frédéric Taddéi sur France 3 à 23h00
- La Pianiste de Michael Haneke sur Arte à 22h25



Jeudi 03 mars


- Soirée spéciale sur France 3
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Vidéo 'Madame Marguerite' à Avignon



Par Nicole Salez

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