Beatriz Milhazes à la Fondation Cartier

Plasticienne brésilienne - 4 avril-21 juin

La Fondation Cartier pour l'art contemporain organise, du 4 avril au 21 juin 2009, une exposition consacrée à Beatriz Milhazes, l'une des plus grandes plasticiennes brésiliennes d'aujourd'hui.


Beatriz Milhazes, Dancing, 2007 - Huile sur toile 247 x 350 cm - Photo Fausto Fleury © Beatriz Milhazes


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«La culture mange la culture » - Beatriz Milhazes

Offrant un panorama de
son oeuvre des dix dernières années,
l'exposition réunit une sélection de
peintures de grand format ainsi qu'un
remarquable collage créé spécialement
pour l'événement. Une installation a
également été commandée à l'artiste
pour les parois de verre du bâtiment,
sur lesquelles elle appliquera des motifs
en vinyle adhésif transparent, créant
un effet proche de celui du vitrail. Reflétant
l'intérêt de l'artiste pour les formes
naturelles ainsi que pour la rigueur
géométrique, cette installation spectaculaire
nouera un dialogue visuel intense
avec l'architecture de Jean Nouvel
et le jardin environnant.


A propos de Beatriz Milhazes

Née à Rio de Janeiro en 1960, Beatriz Milhazes
intègre la célèbre école des arts visuels
du Parque Lage au début des années 80. Elle
émerge sur la scène artistique brésilienne au
milieu du « retour à la peinture » du Geraçao
Oitenta (la génération des années 80), succédant
à l'art conceptuel austère qui avait
prévalu dans le pays dans les années 70.

L'oeuvre de Beatriz Milhazes occupe une
position unique entre les traditions latinoaméricaine
et occidentale. L'artiste s'intéresse
très tôt à l'oeuvre de l'écrivain et poète
brésilien Oswald de Andrade (1890-1954)
et à celle de sa célèbre compagne, l'artiste
peintre Tarsila do Amaral (1886-1973).
Andrade, dans son Manifesto Antropofago
(1928), appelait les artistes brésiliens à inventer
leur propre culture en « dévorant »
les styles européens et en les fusionnant
avec des éléments issus de la culture locale.
Tarsila do Amaral exprimait la même philosophie
dans sa peinture en combinant les
couleurs vives et l'imagerie tropicale du
Brésil avec le surréalisme qu'elle avait découvert
en Europe.



À l'instar de ses prédécesseurs,
Beatriz Milhazes s'empare d'un
vaste kaléidoscope d'influences et développe
un processus créatif dans lequel, selon
ses mots, la « culture mange la culture ».
Ses toiles foisonnantes de couleurs et de
motifs décoratifs ont indéniablement une
saveur brésilienne. L'artiste s'inspire de
toutes les formes d'art —, classiques ou populaires
—, de son pays natal : céramique, dentelle,
joaillerie, décoration de carnaval, sans
oublier l'architecture du baroque colonial.
Les arabesques délicates des fleurs et plantes
tropicales sont également présentes dans
sa peinture, révélant sa fascination pour
une végétation luxuriante. Ses oeuvres, qui
revisitent les genres traditionnels du paysage
et de la nature morte, font également référence
aux peintures méditatives d'Albert
Eckhout
—, peintre hollandais du XVIIe siècle
qui répertoria les plantes et les animaux du
Brésil —, ou encore aux dessins modernistes
du paysagiste Roberto Burle Marx, connu
pour avoir dessiné en 1970 le pavement de
la promenade de Copacabana.

Les peintures de Beatriz Milhazes expriment
nombre de préoccupations formelles
inhérentes à l'histoire de la peinture abstraite,
des couleurs éclatantes de Matisse
aux rigoureuses compositions structurelles
de Mondrian. Les carrés de couleur souvent
utilisés en arrière-plan dans ses oeuvres,
ainsi que les superpositions de motifs ne
sont pas sans évoquer les premiers peintres
abstraits du modernisme tels Kupka, Klee
et Léger. L'artiste affirme en effet : « Je
recherche les structures géométriques, mais
avec une liberté de formes et d'images que
j'emprunte à différents univers. » La musique
classique —, particulièrement l'opéra —,,
mais aussi la musique populaire, comme la
bossa nova ou le tropicalia, engendrent une
« spontanéité chorégraphiée » dans ses compositions.
Bandes, rayures, lignes et cercles
évoquent un rythme synchronisé tandis que
la dynamique des couleurs orchestre harmonie
et dissonance. Autant de caractéristiques
rattachant clairement les compositions
de Milhazes à celles d'autres maîtres du
XXe siècle, tels Kandinsky et Delaunay qui
ont exploré les relations entre peinture et
musique. L'utilisation de couleurs très vives
—, orange, fuchsia ou or —, confère à ses toiles
une énergie explosive que l'on a souvent
comparée à celle d'un feu d'artifice.

Technique artistique

Pour créer ce réseau complexe de formes,
Milhazes a mis au point une technique très
proche du monotype et du collage. D'abord
peints sur une feuille de plastique transparent,
les motifs sont ensuite appliqués sur
la toile par transfert, se superposant les uns
aux autres en de multiples combinaisons de
formes et de couleurs. Au cours de ce processus,
il arrive que les motifs se déchirent
et demeurent incomplets. Ainsi parsemée
de subtiles imperfections, la surface des
oeuvres n'en devient que plus intéressante.
Ce lent et rigoureux processus aboutit à
de véritables palimpsestes, dans lesquels
certaines formes sont clairement lisibles,
d'autres masquées et d'autres encore presque
imperceptibles.

Ces dernières années, la production artistique
de
Beatriz Milhazes n'a cessé de se
diversifier, jusqu'à s'orienter récemment vers
des domaines tels que le décor de théâtre,
les installations in situ ou encore le design,
notamment le design textile et la tapisserie.

Beatriz Milhazes, Ovo de Pascoa 2003 - Acrylique sur toile - 298 x 189 cm - Photographe Fausto Fleury © Beatriz Milhazes


Elle a également réalisé deux livres d'artiste,
l'un en collaboration avec le MOMA, l'autre
avec la galerie Thomas Dane à Londres,
tous deux explorant les procédés du collage
et de l'impression traditionnelle. Par la multiplicité
de ses pratiques et la diversité de ses
références, Beatriz Milhazes efface les distinctions
entre cultures savante et populaire,
locale et universelle, classique et contemporaine,
s'offrant la liberté d'explorer tout le
champ de l'expression visuelle.



Publication

- Beatriz Milhazes
- Livre d'artiste réalisé en collaboration avec
Beatriz Milhazes.
- Fondation Cartier pour l'art contemporain,
Paris
- Relié, 50 reproductions couleur
- Date de publication : avril 2009


Les Soirées Nomades

Dans le cadre des expositions William Eggleston
et Beatriz Milhazes, les Soirées Nomades
proposent un programme exceptionnel de
spectacles et de concerts.
Programmation détaillée
sur
fondation.cartier.com


- Beatriz Milhazes
- Du 4 avril au 21 juin 2009
- Fondation Cartier pour l'art contemporain
- 261, boulevard Raspail 75014 Paris
- Tél. 01 42 18 56 50 / Fax 01 42 18 56 52
- Site: fondation.cartier.com



Par Nicole Salez

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