Chocolats Boissier par Sylvie Douce

Le confiseur chocolatier, Boissier, renaît sous la houlette de Sylvie Douce élue Femme d'Or 2009. Entre la créatrice du Salon du Chocolat et cette maison qui cherchait un repreneur, un très doux mariage s'est conclu dans des effluves de fèves cacaotées et au son des cabosses. Portrait d'une femme chef d'entreprise qui fait revivre une institution hautement gourmande.

Outre sa propre agence évènementielle, Sylvie Douce a fait du Salon du Chocolat une réussite française indéniable ( plus de 150 000 visiteurs, un défilé de robes de couturiers en chocolat ) , mais ce succès là, elle l'a exporté aux quatre coins de la planète, de Moscou à New York en passant par Tokyo et Pékin. Entrepreneur invétéré, qu'est ce qui a bien pu pousser cette femme d'affaires déjà surchargée à reprendre la maison Boissier ? L'envie permanente du challenge économique, le souci continuel d'entreprendre certes , mais avant tout, la passion pour le dieu cacao, pour la déesse fève.

Baignée dans le chocolat dès l'enfance

Sylvie Douce


Toute petite déjà, elle vit dans l'univers du chocolat avec un grand père directeur de Gondolo, une usine de biscuits chocolatés et sa mère qui, pour le goûter, lui préparait des tartines grillées beurrées sur lesquelles fondaient des copeaux de chocolat. Créée en 1985, son agence évènementielle gère des budgets tels que Kraft Foods et certaines branches de Nestlé. Pour la mise en place de son premier Salon du chocolat en 1995, elle renoue avec la tradition familiale et approche tous les plus grands maîtres chocolatiers, de Linxe à Le Roux en passant par Bernachon et Hermé. Pour cette mère de famille, le chocolat, c'est « incontournable, inconditionnel et éternel » et le promouvoir est aussi une manière de mettre en valeur la créativité et le savoir faire sans âge des artisans chocolatiers français. Il y a plus de cinq ans, on l'alerte sur la déconfiture de Boissier, ce qui émeut sa fibre gourmande. Comment laisser mourir une telle institution ?

Bonbons et gâteaux de légende chez Boissier



Alors que Boissier fut le traiteur de tout le seizième arrondissement, proche en qualité et en renommée d'un Lenôtre à ses débuts , la maison n'était effectivement plus rien depuis une dizaine d'années ! Boutiques fermées puis re-ouvertes avec des gâteaux de boulangerie , mais qualité perdue , Boissier n'était plus ce qu'il a été. Pourtant certains gâteaux ( le bélissaire, le poincaré, petits sablés) et certaines confiseries ( gros bonbons boules à tous les parfums et de toutes les couleurs, guimauves artisanales, marrons glacés ) étaient mythiques et ne se trouvaient que dans les espaces de vente Boissier. Pour les épicuriens, le chocolat Boissier avait un goût unique et c'est ce souvenir là qu'il faut retrouver pour les gourmands nostalgiques. C'est à ce travail de recherche de recettes, de pâtissiers qui ont œ,uvré là autrefois que s'attelle Sylvie Douce. En effet, Boissier est une institution de la gastronomie sucrée française depuis 1827. Par ses créations originales ( chocolats dans des cartons à chapeaux, bonbons dans les boîtes métalliques rondes ), par son identité visuelle ( bleu azur et or ), par ses chocolats et tablettes travaillées artisanalement , la maison Boissier fait partie du patrimoine français de la pâtisserie-confiserie. D'ailleurs, plusieurs écrivains la citent, dont Victor Hugo qui la célèbre en ces termes :
« Grâce à Boissier chère Colombe,
heureux à vos pieds, nous tombons,
car on prend les forts par les bombes
et les faibles par les bonbons ».
Aujourd'hui, Sylvie Douce fait revivre la maison avec la réédition des collections de bonbons de chocolat qui ont retrouvé leur prestige gustatif et qualitatif d'antan. Conjointement à la vente de confiseries, chocolats, marrons, calissons et gâteaux à emporter , l'ouverture d'un espace de restauration à mi-chemin entre le salon de thé et le « snack haut de gamme salade-quiche-gâteau » séduit une clientèle féminine soucieuse d'un repas rapide et raffiné.


Une ténacité récompensée



Pour cette renaissance là et ses autres activités professionnelles, Sylvie Douce vient d'être nommée Femme en Or de l'année 2008. A Courchevel en décembre dernier, à côté de femmes connues dans les domaines de l'art, du sport, des médias, de la recherche, du spectacle , elle a donc reçu un trophée pour la catégorie Entreprise. Le Trophée Femmes en Or créé par Jean Louis Sevez en 1993 met en lumière des femmes d'exception ( plus de 150 depuis sa création ) qui aident à faire évoluer la société. La ténacité et l'esprit entrepreneurial de Sylvie Douce avaient déjà été récompensés par la remise de l'Ordre National du Mérite reçue en mai 2008 , aujourd'hui, c'est l'or qui la couronne. Assurément, elle a dû dédier ce trophée d'or à son maître, le chocolat !

Par Marie Laure de Vienne
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