Chorégraphe Trisha Brown : Biographie

La danseuse et chorégraphe américaine Trisha Brown a transformé la danse moderne d'une manière définitive. Voici son parcours, alors que trois de ses ballets sont présentés du 15 au 18 octobre 2009 au Théâtre National de Chaillot, à Paris.




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Trisha Brown est née le 25 novembre 1936 à Aberdeen (Washington). Elle s'est révélée au public avec ses premières performances réalisées au Judson Dance Theater de New York dans les années 60. En compagnie d'artistes avec lesquels elle partage une communauté d'esprit, Yvonne Rainer, Steve Paxton, elle repousse les limites du
mouvement imposé jusqu'alors à la chorégraphie et transforme ainsi la danse moderne d'une manière définitive. Ce « lieu qui a révolutionné la danse », selon un critique de l'époque, est alors imprégné d'un esprit d'indépendance et de total irrespect envers la gestuelle affectée de
l'époque, qualités qui sont toujours présentes chez Trisha Brown, même quand elle présente son travail dans les grands opéras du monde entier.



Des pièces conçues pour des lieux alternatifs

Avec sa compagnie, fondée en 1970, elle commence par explorer le territoire de son quartier new-yorkais d'adoption, Soho, en créant des pièces spécialement conçues pour des lieux alternatifs, toits et façades d'immeubles, où elle flirte avec la gravité, s'y pliant ou s'en affranchissant. Avec Man Walking Down the Side of a Building, tout en annonçant la nouvelle manière de voler qu'elle a par la suite développée dans son Orfeo de Monteverdi, en 1998, elle inspire le travail de nombre de chorégraphes et metteurs en scène en quête de lieux insolites et
déroutants pour faire évoluer les corps.
Elle commence très tôt à explorer ses idées complexes sur le mouvement en travaillant à plusieurs pièces regroupées par cycles. En 1983, avec Set and Reset, en collaboration avec Robert Rauschenberg et Laurie Anderson, elle complète son premier cycle de travail, Unstable Molecular Structures, et établit le style géométrique fluide bien qu'imprévisible qui est une marque de son travail. Suit la Valiant Serie, implacablement athlétique, puis Newark, oeuvre
puissante dans laquelle elle pousse ses danseurs à leurs limites physiques et explore pour la première fois un mouvement sexué. Ensuite vient l'élégant et mystérieux cycle intitulé Back to
Zero
, dans lequel la chorégraphe s'éloigne d'une virtuosité concrète pour investir le mouvement inconscient, cycle qui comprend le classique For M.G.: The Movie.
Inspirée par l'expérience de l'opéra qu'elle connaît grâce à Lina Wertmüller, qui l'invite à créer la chorégraphie de Carmen, Trisha Brown se tourne vers la musique classique avec le dessein de mettre en scène sa propre production lyrique. M.O., créé sur la monumentale Offrande
musicale de Jean-Sébastien Bach, est considéré comme un chef-d'oeuvre par Anna Kisselgoff, critique au New York Times, qui affirme que cette pièce « ramène nombre d'autres chorégraphies créées sur la musique de Bach à de simples pièces enfantines ». 1998 voit la
création mondiale à Bruxelles de sa production de l'Orfeo de Monteverdi, suivie par une tournée à guichet fermé à Londres, Paris, Aix-en-Provence et New York. Dans Orfeo, Trisha Brown réussit une totale symbiose entre musique, texte et mouvement, et crée ce qu'un critique du Daily Telegraph de Londres nomme « un opéra dansé proche de la perfection comme je n'en ai encore jamais vu ».


Trilogie chorégraphique



En 2000, Trisha Brown s'adjoint deux nouveaux collaborateurs, l'artiste visuel Terry Winters et
le compositeur Dave Douglas, pour donner naissance à une trilogie chorégraphique s'appuyant
sur les sons et structures de la musique de jazz d'aujourd'hui. Complétée par l'éclairagiste
Jennifer Tipton, cette équipe artistique a conçu une oeuvre à la fois pleine de sensualité et d'une
totale modernité.
En 2001 Trisha Brown se tourne à nouveau vers l'opéra et met en scène le nouvel opéra de
Salvatore Sciarrino, Luci mie Traditrici. Basé sur l'histoire du Comte Carlo Gesualdo,
compositeur du début du 17ème siècle, l'opéra traite d'amour, de trahison et de meurtre.
Bernard Holland, après la première à Lincoln Center, a dit que l'oeuvre avait « une puissance
viscérale » et une « forte théâtralité ».
Parmi ses projets, une collaboration avec le baryton Simon Keenlyside , la mise en scène de
Winterreise de Franz Shubert, pour une série New Visions au Lincoln Center.
Le mystérieux Geometry of Quiet, fut présenté en décembre 2002 aux Etats-Unis , qui fait dire à
Deborah Jowitt dans le Village Voice « une austérité calme domine une chorégraphie
éblouissante. »
En décembre 2003, Present Tense est créé à la biennale internationale de danse de Cannes. La
chorégraphie met en scène des échanges très aériens et abrupts où les danseurs semblent
chevaucher confusément dans les airs. La phrase maitresse de la pièce est typique de Trisha
Brown, mais inhabituelle dans sa logique, utilisant des motifs qui mènent à une trame narrative
émotionnelle et poétique.
Les pièces les plus récentes de Trisha Brown continuent à explorer de nouveaux territoires. La
première en décembre 2004 de O zlozony O composite, pièce créée pour trois étoiles de
l'Opéra de Paris, marque l'entrée de Trisha Brown dans le monde du ballet et est la première
pièce qu'elle créée pour une autre compagnie. Cette chorégraphie élégante est un mélange de
classique et de moderne, mêlant un poème de Czeslaw Milosz, une musique originale de Laurie
Anderson, et une toile de Vija Celmins.
Puis elle créée How long does the subject linger on the edge of the volume ... et utilise la
dernière technologie de captation du mouvement pour ses éléments visuels et ses graphismes.
La critique a acclamé cette pièce en avril 2005, « perçue de manière subliminale, les
correspondances profondes des mouvements, du son et de l'environnement créent l'image
d'un monde uni, magnifiquement beau ».
En 2006, Trisha Brown met en scène Da Gelo a Gelo, un nouvel opéra de chambre de
Salvatore Sciarrino inspiré d'un poème d'amour du 9ème siècle à la cour de la courtisane Izumi
Shikibu. La première fut présentée au festival Schwetzinger en Allemagne. Sa recherche
historique sur l'opéra lui permit de développer sa plus récente pièce, I love my robots : deux
robots constituent la scénographie , ils rencontrent les danseurs et une interaction a lieu qui
explore l'espace actif et inerte. Kenjiro Okazaki est le créateur des Robots , Laurie Anderson,
qui a déjà collaboré avec Trisha Brown pour Set and Reset, compose la musique , les lumières
sont de Jennifer Tipton et Elizabeth Cannon invente les costumes, sculptant les danseurs dans
la lumière et les mouvements.

Artiste plasticienne reconnue, les oeuvres de Trisha Brown sont exposées collectivement ou individuellement, la plus récente étant la Documenta 12 de Kassel en Allemagne.




Par Nicole Salez

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