'Rêver petit et conventionnel'
Créer une entreprise ? Un rêve ? Une utopie ? Frank, Nicolas et Yann, trois jeunes, la trentaine, formés, expérimentés en font l'amère expérience. Pour eux, 'créer son entreprise aujourd'hui en France, c'est rêver petit et conventionnel'. Voici le récit de seize mois de travail acharné, aux résultats décevants, mais pas désespérés, Nicolas témoigne.
Les protagonistes : Franck Boutin, Yann Hamon et Nicolas Jeffs. Ils ont 30 ans, ils ont fait leurs études ensemble et sont salariés depuis plusieurs années, chacun de son côté. Deux d'entre eux sont des sportifs accomplis. 'Pendant 16 mois de travail intense, toutes les Les difficultés rencontrées illustrent le fossé abyssal entre les discours et les besoins tangibles de la création d'entreprise. 'Le métier d'une banque, rappelle le jeune créateur, avant de vendre 'Néanmoins, au-delà des banques et des organismes d'aide à la création d'entreprise, on peut trouver des financements, et ce via des particuliers. Ainsi, avec 158 700 redevables à l'ISF, l'Ile-de-France arrive en tête du palmarès des régions qui accueillent les foyers les mieux rémunérés en France, avec un patrimoine moyen de 2,09 millions d'euros.
Leur projet : un complexe sportif original. FITGREEN prévoit de rassembler sur un site unique des activités qui répondent aux besoins essentiels du corps : se dépenser, s'alimenter, se soigner. Il regroupe des salles de fitness, courts de squash, un accès à des conseils, l'accueil de seminaires.
Début 2009 ils s'associent pour donner le jour au projet FITGREEN, se répartissant les rôles en fonction de leur compétences: Frank la gestion , Yann l'exploitation, Nicolas, la communication.
L'enthousiasme
étapes furent pensées, analysées et franchies explique Nicolas. Rien n'est laissé hasard : l'idée créative, la charte de fonctionnement, l'accompagnement par différents corps
de métier (cabinet d'architectes, agence de
communication, expert-comptable, sportifs),
l'étude de marché, la stratégie commerciale, le
business plan, le recrutement du staff ...
Il poursuit : 'à chaque étape de sa construction, le projet a
été accueilli avec enthousiasme, que ce soit
auprès des partenaires techniques ou financiers
(plateformes Initiative - Entreprendre - NACRE).
L'engouement suscité est même remonté jusqu'aux fédérations sportives françaises concernées.'
Le financement ne peut se boucler. Les banques estiment que les fonds propres sont trop faibles au regard de l'emprunt envisagé (9%).'
'Comment créer un projet d'entreprise à tout juste 30 ans, avec un apport financier limité, sans caution, mais pour autant pourvu d'un dossier rentable et au risque limité ?' s'interroge le créateur.
Beaux discours et faible réalité
'Depuis le début de la crise à l'automne 2008, le gouvernement et les organismes d'aide à la création d'entreprise communiquent fortement sur les dispositifs en faveur des entreprises en France '
Exemples cités par Nicolas : « BNP Paribas met à la disposition des TPE, PME indépendantes et des professionnels une enveloppe totale de nouveaux crédits à moyen et long terme de 7 milliards d'euros pour l'année 2010, dans le cadre d'un accompagnement de la reprise ».
Le gouvernement n'est pas en reste et a également communiqué sur ce thème : « En octobre 2008, OSEO a été autorisée à prendre 5 milliards d'euros de risques supplémentaires au bénéfice des entreprises, dans le cadre d'un plan de 22 milliards d'euros dédié au financement des PME ».
'Malgré ces prises de position, on relève qu'elles ne profitent qu'aux très petites entreprises puisque le montant moyen du prêt bancaire en 2009 s'élève à 25 000 euros, et que 80% des créations d'entreprises ne concernent que les auto-entrepreneurs, statut mis en place cette même année d'ailleurs.
Cette réalité s'illustre d'autant mieux que le projet FITGREEN a essuyé des refus des banquiers mais également des organismes gouvernementaux d'aide à la création d'entreprise.'
Gagnez au loto !
des assurances et des forfaits de téléphonie, c'est de
prêter de l'argent. Au-delà du coût de l'argent, une
composante importante de l'acceptation d'un
dossier de financement, est la mesure du risque
pris. En effet, la banque va bien au delà des
préceptes de Markowitz, ses profits étant générés
avec un risque minime, puisque la quasi totalité de
l'emprunt est couverte par des garanties (OSEO,
caution personnelle, nantissement, ...).
En d'autres
termes, pour créer sa société, on ne peut emprunter qu'à
hauteur de ce que l'on possède déjà. A cette
contrainte s'ajoute le ratio des apports qui doivent
correspondre à 30% du montant des emprunts.
Devant ces critères difficilement atteignables, nous
avons ainsi pu entendre une banque
nous dire : « Gagnez au loto pour vous financer ».
En conséquence 'investir
à 30 ans, c'est avoir un projet inférieur à 50 000
euros dans un secteur dans lequel on dispose d'une expérience.'
Autrement dit, c'est se détourner d'entreprendre dans des secteurs tout simplement trop onéreux et ce malgré leur potentiel et leur pérennité plus certaine'.
Rêver petit et conventionnel
Or, il existe à nouveau des contraintes : un retour sur investissement fort et une capacité d'innovation importante pour pouvoir séduire ces particuliers sollicités et pas toujours faciles à contacter.
Le constat amer résultant de cette réalité, dépendre de particuliers pour créer son entreprise, ne fait que souligner les difficultés quasi insurmontables que propose un système français ne favorisant pas l'économie entrepreneuriale libérale.
Au final, créer son entreprise aujourd'hui en France, c'est rêver petit et conventionnel.'
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