Sur l'île d'Islay la plus vieille distillerie de malt whiskies
A l'ouest de l'Ecosse, blotties entre océan, landes et lacs, Bowmore est la plus ancienne distillerie de whisky de l'île Islay. Un séjour dépaysant permet de découvrir un single malt de grande qualité.

En survolant l'île lors de votre vol en provenance de Glasgow, le spectacle est magique : d'un côté une côte déchiquetée et balayée par les vents, de l'autre côté des landes et des collines parsemées de taches blanches ou marrons d'animaux. Quelques routes sont visibles à l'œ,il nu, mais point d'immeubles, de charmantes petites maisons ripolinées de blanc. Par endroits le paysage est resté vierge de toute habitation et de toute population et c'est là le charme de cette île malgré une certaine rudesse. La population humaine ( à peine 3 000 personnes ) est nettement inférieure au cheptel d'ovins et de bovins , mais quelle gentillesse et sens de l'hospitalité.
Bowmore : « capitale » et distillerie à la fois
La distillerie a donné son nom à la principale ville de l'île. Il faut dire qu'elle est l'une des plus anciennes et grandes d'Ecosse, ses origines remontant à 1779. Son fondateur, David Simson, partagé entre des activités de fermier, de marin, de postier, est surtout tellement « accroc » au whisky qu'il décide de construire sa propre distillerie. L'arrivée sur l'île de Daniel Campbell Le Jeune en 1766
contribua conjointement au développement de la ville qui prit le nom de Bowmore et de la fabrique. La première mention officielle de la distillerie apparaît en 1779 et très vite le whisky d'Islay commence à se faire connaître dans le monde entier, en particulier grâce à un des propriétaires suivants, James Mutter, qui tenait le rôle de vice consul de l'Empire Ottoman, du Portugal et du Brésil à Glasgow. Après être passée entre plusieurs mains, la distillerie est aujourd'hui la propriété de la société japonaise Suntory.
Un whisky à l'identité spécifique
Entre vents et embruns marins, l'île d'Islay, surnommée la reine des Hébrides, est néanmoins plutôt ensoleillée. Le paysage se partage entre des lacs, des cultures d'orge, des immenses tourbières et des prairies d'élevage. L'orge est traité sur place de manière artisanal : tout d'abord « baigné » deux jours dans les eaux de la rivière Laggan, entreposé dans de grands hangars, aéré et retourné à la pelle afin que la germination se fasse, chauffé à la tourbe dont la combustion confère une saveur fumée, puis distillé dans les alambics. Outre ce travail et surtout la tourbe, c'est le vieillissement en fût qui apporte au whisky son goût particulier : en chêne les fûts ont toujours au préalable contenus du bourbon ou du sherry lesquels apporteront des touches olfactives à la boisson. Le travail de l'homme qui surveille les diverses phases d'élaboration et de maturation est primordial et il n'est pas rare de voir des hommes qui sont depuis leur plus jeune âge dans la maison et affichent 30, 38 ans d'expérience.

Une gamme de connaisseurs
Le Bowmore 12 ans d'âge à la couleur ambrée révèle, quand on le sent, des notes de citron et de miel et quelques arômes fumés. Il se déguste en fin de repas. Fortement récompensé dans les concours, c'est un whisky long et subtil qui développe toute sa complexité avec des fruits de mer. Il peut donc se consommer au cours d'un repas avec des coquilles St Jacques ou des moules.
Le Bowmore Darkest 15 ans d'âge a une couleur terre de sienne brûlée et au nez il développe des arômes de chocolat et de pudding anglais aux raisins secs alors qu'en bouche apparaissent des saveurs de cèdre et de caramel. Il est divin sur des fromages forts comme le munster ou les pâtes persillées ( roquefort, fourme d'ambert, stilton ), sur la cuisine japonaise pour les tempuras, les sashimis et les sushis ainsi que sur les desserts chocolatés tels que le moelleux.

Le Bowmore 18 ans d'âge a des teintes douces d'acajou et s'il sent au premier abord le caramel crémeux, les fruits mûrs et le fumé, il révèle en bouche des saveurs prononcées de fruits rouges, de chocolat et de fumée. En cuisine, il se marie avec tous les produits de venaison, gibier à plumes et à poils et se boit aussi en accompagnement de plats de champignons.
Le Bowmore 25 ans d'âge est un malt sensationnel gagnant de plusieurs trophées dont les arômes de xérès et de tourbe douce se respirent en premier lieu avant d'offrir au palais des notes de caramel, de noisettes, parfois d'agrumes. Ce malt là rare dont le prix avoisine les 200 € là où les autres sont entre 28 et 69 € se boit pur et est réservé à des amateurs éclairés.
Le tourisme : seconde activité de l'île

Bien sûr dégustations, visites et même découpe de la tourbe dans les champs sont organisées par Bowmore. Mais vous pouvez aussi profiter du charme ultra romantique de l'île pour des excursions sublimes à pied, en bicyclette, en bateau quand les conditions météorologiques le permettent. Ici aussi le golf, la pêche sont rois : la réussite d'un parcours ou une belle prise d'une truite se solde toujours par un verre au pub. Certaines adresses (The Harbour Inn and Restaurant, Lochside Hotel & Duffies Bar ) sont très typiques tant par leur décoration ( vieux fût pour poser son verre et déco marine aux murs, atmosphère sombre et joyeuse autour de feux de cheminée ) que par l'alimentation ( fish & chips, fruits de mer, panse de brebis farcie, porridge ) et le choix de whiskies proposés ( pas moins de 140 références disponibles au verre ). Petits hôtels ou habitations proposant la formule bed & breakfast ( la distillerie propose des cottages et appartements luxueux ) permettent un hébergement bon marché. Pour les amateurs de whisky et de grand air, c'est le 100 % de réussite assurée. Seule ombre au tableau qui néanmoins contribue au charme et au dépaysement: l'anglais parlé ici n'est pas réellement celui de Shakespeare ! Accent écossais, mots en gallique : on en perd ses balbutiements d'anglais !
www.bowmore.com
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