Exposition - Instants Dérobés - Isabelle Tournoud

'Instants dérobés' d'Isabelle Tournoud, une exposition qui s'installe au détour d'une statue, d'un escalier, d'un couloir étroit qui débouche sur une vaste pièce, qui elle-même domine le lieu de prière. Une quête de l'insolite au cœ,ur de Paris.

Abbaye de Pentémont, cela vous a un petit air romanesque qu'on pourrait trouver dans l'œ,uvre du divin marquis. Mais cette abbaye a bel et bien existé, accueillant au XVIIIe siècle les jeunes filles de bonne famille afin de leur inculquer les bonnes manières et des rudiments de culture. Rue de Grenelle, dans un lieu-dit « Les Sablonnières », après moult vicissitudes, sont construits une chapelle et un couvent. Dans la dernière partie du XVIIe siècle, les clés sont remises aux religieuses du Pentemont.

Cendrillon marche sur des œufs


Ce couvent connu une grande vogue. Il accueillait des élèves de « qualité » ainsi que des dames de la noblesse qui voulaient se retirer un temps du monde. Joséphine de Beauharnais y passa quinze mois, lors de la séparation d'avec son mari. Parmi les élèves, on compte la fille du régent Philippe d'Orléans, mademoiselle de Polignac et Martha, la fille de Thomas Jefferson, le futur président des Etats Unis. Cette vie dorée prend fin avec la Révolution. C'est évidemment un cataclysme pour les bonnes dames de la rue de Grenelle, un cataclysme relatif, puisqu'en 1790, lorsque le couvent est décrété bien national, l'abbesse, Madame Béthizy de Mézières, se voit allouer une rente annuelle de 2000 livres, une coquette somme qui permettait de voir venir. Mais là commencent les malheurs de l'abbaye. Le couvent devient dépôt de fourrage. En 1793, on décide la dispersion du mobilier, soit par vente publique soit direction le muséum. 1795, les jardins sont vendus.

Chemise de lune


Finalement, en 1802, en fonction de la loi sur la liberté des cultes, l'église de Pentémont, alors occupée par les archives de la liquidation de la dette publique, est confiée aux réformés. Commence pour eux un long combat qui ne trouvera son épilogue qu'en 1846, avec l'inauguration en grande pompe du temple.

Aujourd'hui, il ne reste que le temple et ses proches dépendances. C'est sans doute, à Paris, un exemple unique des grands couvents de femmes. Aujourd'hui le culte réformé s'y célèbre régulièrement. Mais les autorités religieuses se sont demandé comment donner vie quotidiennement à ces murs, chargés d'histoire. Régulièrement, des concerts sont donnés.

Peau d'ange


Et dernièrement, tout l'espace a été ouvert à une exposition de sculptures et installations de la jeune artiste Isabelle Tournoud, «Instants dérobés». Son credo : transformer l'évanescence d'un végétal en matériau durable. Ses favoris : la graine de coquelicot et la monnaie du pape. Elle peut aussi exercer ses talents avec du roseau ou de la coquille d'œ,uf. La base de ses sculptures est le plus souvent une forme en plâtre, ou une armature légère en plastique. A l'arrivée elle restitue de merveilleux escarpins d'une telle légèreté et d'une telle finesse qu'ils concurrencent aisément les pantoufles de verre de Cendrillon. Ses poulbots violacés en plein action, au nom évocateur « Le coin des mauvaises graines », utilisent le plâtre et la graine de coquelicots. Capes et robes d'un soir s'évaporent dans l'atmosphère surannée du Temple. Ses bébés sont évanescents à l'instar des anges.
L'univers d'Isabelle Tournoud est un univers de fragilité apparente , son hommage rendu à la beauté et à la sensualité des femmes l'est aussi à leur force dissimulée sous cette beauté.

Il ne vous reste que quelques jours pour découvrir cette artiste originale, dans un lieu qui ne l'est pas moins.


«Instants dérobés» jusqu'au 10 avril

Isabelle Tournoud

106 rue de Grenelle - 75007 Paris

33 6 88 13 19 05

Entrée libre

http://www.nathaliebereau.com



Par Marie Catherine Chevrier

Portrait de admin

Ajouter un commentaire