Forum des images: Cycle Désir

Jusqu'au 24 mai 2009

Désir et cinéma sonnent comme un couple indissociable : en cent ans d'existence, le cinéma n'a cessé de filmer le désir, les élans du corps, la quête de l'autre, et de mettre en scène et en images les sentiments et les pulsions qui nous habitent. De L'âge d'or à Lady Chatterley, des marivaudages aux films de vampires, variations en 150 films sur le désir au cinéma. Jusqu'au 24 mai 2009.




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Jusqu'au 24 mai 2009, Le Forum des images poursuit son 'Cycle de films Désir'.
La programmation propose une traversée de ce siècle de cinéma pour explorer les multiples figures et représentations du désir à l'écran.

Après Muets érotiques, pulsions enfouies (du 4 au 10 mars), voici Dieux et déesses d'Hollywood (du 11 au 17 mars), Désirs et interdits (du 18 au 24 mars), Désirs dévorants (du 25 au 31 mars), Nouvelle Vague (du 8 au 14 avril), Désirs à l'italienne (du 15 au 21 avril), Marivaudages, jeux de l'amour (du 22 au 28 avril), Eros Thanatos (du 29 avril au 5 mai), Pas de deux (du 6 au 12 mai), Désirs extrêmes (du 13 au 19 mai) et Désir retrouvé (du 20 au 24 mai).


Désir...

À l'origine, le mot désir parle des astres. C'est le latin sidus, étoile, qui se cache derrière desiderare, comme le souligne Alain Rey : “Le désir est d'abord le sentiment douloureux d'une absence, et ceux qui l'éprouvent 'cessent de contempler l'astre qui les inspire'. Naissent la peine et le regret, retournés en aspiration pour ce qui n'est plus là, et pas encore ici. L'érotisation du désir est venue plus tard , la couleur du mot en fut modifiée et, quels qu'ils soient, les objets du désir ont rejoint ceux de la passion”.

Que le désir soit au commencement affaire de regard, dise l'éblouissement d'une vision inaccessible, et l'irrésistible aspiration au re-voir, semble une magnifique métaphore du cinéma lui-même. Art du regard, de la pulsion scopique, né à l'aube du XXe siècle du désir de reproduire le mouvement de la vie réelle et de donner vie à celle des rêves, il n'est sans doute pas étranger à l'érotisation du désir. Aussitôt né, il fait scandale pour montrer le corps en gros plan et en mouvement. On sait l'émoi que provoqua ce fameux train entrant en gare de la Ciotat mais, dans le même temps, d'autres scènes à l'écran attiraient comme un aimant : coucher de la mariée, scènes de bain, sans oublier la danse Serpentine (premier scandale de l'histoire du cinéma pour son jeu de voiles autour du corps de la danseuse), disent le lien originel du cinéma au désir, à l'érotisme, à la tentation par le regard, où se mêlent empêchement et satisfaction, attraction irrésistible et mise à distance. Car le spectacle et la mise en scène de la beauté, de l'intimité des corps, sont depuis l'origine et tout au long de son existence au coeur du cinéma.

Cette programmation propose une traversée de ce siècle de cinéma pour explorer, à travers les films, les multiples figures et représentations du désir à l'écran. Ses mutations aussi et ses métamorphoses au cours d'un siècle qui a vu évoluer les rapports des hommes et des femmes, et connu de profonds changements en matière de moeurs et de mentalités, de morale et de sexualité, jusqu'au rapport au désir même : du rêve à la réalité, du manque à l'excès, de l'interdit à l'injonction.

Monika avec Harriet Anderson


Un siècle de désir au cinéma

Cette traversée commence avec les débuts du cinéma dans lequel Bunuel voyait “le meilleur instrument pour explorer le monde des songes”, ce qui entre en résonance avec la science des rêves et la théorie de l'inconscient élaborées à la même époque par la psychanalyse. Le désir comme pulsion irrépressible traverse les films, de L'Âge d'or à M le maudit, d'Extase à L'Atalante, mêlant rêveries sensuelles et cauchemars éveillés. C'est aussi le temps de l'enchantement et de l'avènement de la “femme cinématographique”, célébrée par les surréalistes, et qui a le visage de Garbo (La Chair et le diable), Conchita Montenegro (La Femme et le pantin) et Louise Brooks (Prix de beauté). Ces icônes du cinéma muet annoncent le règne du star system que met bientôt en place l'industrie du cinéma, devenue usine à rêves. C'est l'âge d'or d'Hollywood et de ses créatures de désir fabriquées par les studios : ainsi Marlène Dietrich, façonnée par son pygmalion Sternberg, Lauren Bacall, Gene Tierney, Ava Gardner, Lana Turner, entre autres beautés fatales, sans oublier leurs partenaires masculins, d'Humphrey Bogart à Marlon Brando.

Dans les années 30, un code de moralité est mis en place par la profession, soucieuse de restaurer sa réputation entachée de scandales. Loin de brider les cinéastes, les interdits et recommandations du fameux code Hays, en vigueur de 1934 à 1966, concernant le sexe et sa représentation, les invitent à déjouer la censure par d'habiles contournements : la célèbre scène de Gilda qui offre le plus troublant des strip-teases en ne dénudant pourtant que son bras d'un long gant en est le symbole éclatant. Bien d'autres métaphores, inventées par Lubitsch (Sérénade à trois), Billy Wilder (Certains l'aiment chaud) ou Capra (New York Miami) —, entre autres maîtres de la comédie américaine —, prouvent combien l'interdit qui attise le désir et invite à la transgression constitue le plus puissant stimulant de l'imagination.


Vers le désir retrouvé

L'autre moitié du siècle et seconde partie de la programmation aborde une autre ère, qu'inaugurent Monika avec Harriet Anderson et Dieu créa la femme avec Brigitte Bardot, incarnations d'un corps libre et moderne, d'un rapport déculpabilisé à la séduction et à la sexualité. Nous verrons les décennies suivantes bousculer un à un tous les tabous, dans la société comme au cinéma, où la suggestion fait place à la représentation la plus explicite, et l'art de la séduction à la consommation sexuelle. De Fassbinder à Oshima, d'Almodovar à Cronenberg, de Kubrick à Breillat, les cinéastes explorent de nouvelles figures de l'érotisme et des rapports de désir, repoussant toujours plus loin les frontières de la représentation. Au terme du voyage, à l'autre bout d'un siècle de désir au cinéma, Lady Chatterley, film en costume mais film de son temps, accompagne la quête de Constance dans la découverte d'elle-même et semble boucler une boucle, comme un cycle éternel, celui toujours recommencé de la naissance du désir. Le désir comme éveil, pulsion vitale, est toujours là, au coeur du cinéma : celui bien sûr des jeunes filles, motif éternel de Partie de campagne aux Roseaux sauvages, mais qui peut advenir aussi au crépuscule de la vie comme ces vieux amants coréens Trop jeunes pour mourir. C'est le désir, encore et toujours, qui pousse un ange vers une belle mortelle (Les Ailes du désir), qui console d'un amour mort (Les Chansons d'amour), invente ou réinvente toujours d'autres accords possibles.

Gilda – Crédit photo : © Collection Christophel



- “Cycle de films Désir”
- Du 4 mars au 24 mai
- Forum des images
- Adresse : Forum des Halles / 2, rue du Cinéma / 75045 Paris Cedex 01
- Accès: Métro : Les Halles, ligne 4 (sortie Saint-Eustache, Place Carrée) et Châtelet, lignes 1, 7 et 14 (sortie Place Carrée) / RER : Châtelet-Les Halles, lignes A, B et D (sortie Rambuteau puis Forum - Place Carrée) /Bus : 67, 74, 85 arrêt Coquillière les Halles.
- Horaires d'ouverture: De 12h30 à 23h30 du mardi au vendredi
et de 14h00 à 23h30 le week-end. / Horaires de la Salle des collections: de 12h30 à 22h30 du mardi au vendredi, de 14h00 à 22h30 le week-end. Accès gratuit à partir de 19h30 (sauf le week-end)

- Tarif normal : 5 € (donnant accès à une séance de cinéma et à 2 heures en Salle des collections)
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- Lire également:
Le Forum des Halles fait son cinéma



Par Nicole Salez

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