Fouilles archéologiques au Carreau du Temple

Sous le Carreau du Temple, superbe édifice de fer, de fonte et de verre, des fouilles archéologiques mettent au jour le passé historique du centre de Paris. Rendues nécessaires par la réhabilitation du Carreau, dernier témoin dans la capitale de ce type d'architecture industrielle du 19e siècle, elles se poursuivront jusqu'en octobre 2011.


Mise à nu de la charpente métallique et chantier.


Isabelle Caillot, archéologue, présente le chantier de fouilles aux habitants.


Les habitants du centre de Paris, invités par la mairie du 3e arrondissement à découvrir les fouilles archéologiques pratiquées en ce moment sous le Carreau du Temple, n'en ont pas cru leurs yeux : un cimetière avec des squelettes d'hommes, de femmes ou d'enfants sortis de terre, visibles par tous (leur linceul ou leur cercueil ayant évidemment disparu avec le temps).

La dernière demeure de ces parisiens-là, enterrés entre le 16e et le 18e siècle, se superpose à un cimetière plus ancien situé juste en dessous : le cimetière médiéval.


Quelle Histoire que ce Carreau-là !



En 1140, Louis VII abandonne aux moines soldats de l'Ordre des Templiers qui vient d'être fondé une zone de marais située à l'extérieur de l'enceinte de Paris. Travaux d'assèchement, puis construction d'une église (Sainte-Marie-du-Temple qui sera agrandie au siècle suivant), d'une cour carrée et d'un cloître, le tout ceint d'un mur de huit mètres de hauteur délimitant l'enclos du Temple). La suite on la connaît : Philippe le Bel faisant arrêter les Templiers en 1307, puis le pape dissolvant l'Ordre en 1312. Les Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem s'installent alors dans l'enclos. Série de nouveaux travaux. Après deux siècles de ruralité, le prieuré est absorbé par Paris intra-muros, à la suite de fortifications décidées par Charles V entre 1356 et 1383.

Fin du 18e siècle, un nouveau bâtiment : une rotonde, sorte de galerie marchande avant l'heure, avec ses nombreuses boutiques installées sur deux étages. Puis quatre pavillons de bois au début du 19e siècle. Le marché du Temple est né et vivra deux siècles. Même si, entre temps, ces constructions jugées insalubres sont remplacées par un superbe édifice fait de fonte, de fer et de verre, dont Paris ne garde plus aucun autre exemple. Se déployant à l'époque jusqu'à la rue du Temple, cette immense halle métallique construite en 1863 par un élève de Baltard, Jules de Mérindol, abrite 2400 boutiques sur plus de 20 000 m2. On la baptise Carreau du Temple, nom qu'elle porte encore aujourd'hui, même si les deux tiers en ont été détruits en 1905.
Lutte acharnées des derniers commerçants dans les années 70, appuyées par celles des habitants du quartier pour sauver l'édifice de la destruction pure et simple, pour lui substituer un parking.
Sauvé en 1982, le marché sera classé à l'Inventaire des Monuments Historiques. Avant qu'en 2001, il ne fasse l'objet d'une décision de réhabilitation par la mairie du 3e arrondissement et la Ville de Paris.

En novembre 2009, après consultation des habitants, le coup d'envoi est donné. La nef de métal et de verre peut alors être dépouillée, nettoyée, consolidée, mais aussi fouillée dans ses profondeurs...

Squelettes du cimetière moderne (16e au 18e siècle)



Une fenêtre ouverte sur l'Histoire



En même temps que, sous la houlette du cabinet d'architecture studio Milou, s'active le chantier de réhabilitation, une armée d'archéologues (de la société Eveha études et valorisations archéologiques) creusent à la recherche des traces matérielles laissées par neuf siècles de présence humaine sur les lieux.
« Les hommes du BTP sont toujours étonnés de voir des femmes manier la pioche avec la même aisance qu'eux », note une jeune spécialiste qui affirme que la majorité de ces postes est occupée par des femmes.
Des anthropologues, mais aussi des spécialistes du petit mobilier, des géomorphologues, des céramologues, des archéozoologues prélèvent, enregistrent, dessinent, lavent... la moindre pièce pour l'envoyer au laboratoire pour étude.
Avec son lot de surprises, comme ce crâne fracturé révélant une autopsie, le squelette d'une femme enceinte, celui d'un homme au talon consolidé par des fers... quelques exemples de ces squelettes découverts dans la terre de ce 3e arrondissement parisien, vieux de plusieurs siècles, minutieusement répertoriés avant d'être dirigés sur le SRA (Service régional de l'archéologie).

Prochaine ouverture au public en septembre, à l'occasion de la journée du Patrimoine.

Par Julie Montagard
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