France Culture : Afrique du Sud, un laboratoire du XX° siècle

A l'occasion de la Coupe de Monde de football qui se déroulera à partir de juin en Afrique du Sud, « La Fabrique de l'histoire », sur France Culture, s'intéresse à ce pays comme l'un des laboratoires politiques du XX° siècle à travers une série de 4 émissions : L'invention des camps de concentration à la fin du XIX° siècle, Gandhi et l'invention de la désobéissance civile, L'invention de l'apartheid, La commission « Vérité et Réconciliation ». De 9h à 10h, du lundi 31 mai au jeudi 3 juin 2010.




En effet, l'Afrique du Sud a été, tout au long du siècle dernier, un lieu d'expérimentation de quatre nouvelles formes politiques : le camp de concentration y a été inventé pendant la guerre des Boers au début du siècle, Gandhi a théorisé et développé son principe de désobéissance civile lors de son séjur en Afrique du Sud entre 1893 et 1915, la ségrégation raciale y a été instaurée au niveau politique autour du concept inédit de l'apartheid , enfin, la Commission Vérité et Réconciliation s'est tenue à la fin des années 1990 autour de la notion de pardon collectif. Certaines de ces nouvelles formes politiques ont ensuite été exportées et ont servi de modèles dans de nombreux pays du monde : le principe des camps de concentration a été poussé à l'extrême pendant la Seconde Guerre mondiale, Gandhi a diffusé la désobéissance civile et la non-violence en Inde, des commissions Vérité et Réconciliation ont eu lieu sur le modèle sud-africain, au Pérou notamment. Il s'agit donc de s'interroger sur le rapport qu'entretiennent ces expérimentations avec le statut géographique périphérique de l'Afrique du Sud : s'agit-il d'un laboratoire de modèles politiques pour le monde ? Quelle place tient l'Afrique du Sud au niveau mondial ?

- L'invention des camps de concentration à la fin du XIX° siècle
- Gandhi et l'invention de la désobéissance civile
- L'invention de l'apartheid
- La commission « Vérité et Réconciliation »


Lundi 31 mai

L'invention des camps de concentration à la fin du XIX° siècle

Reportage à Bloemfontein et à Kimberley, au centre du pays. Bloemfontein a été le lieu du principal camp pendant la guerre des Boers : des femmes et des enfants noirs et boers y ont été internés par l'armée britannique où ils sont morts de malnutrition. Un monument, le National Women's Memorial leur rend hommage , on trouve également un peu à l'extérieur de la ville un musée de la seconde guerre des Boers qui évoque les camps. Dans se lieu où se trouvent aussi les cendres de la Britannique Emily Hobhouse qui a visité les camps et a été particulièrement choquée par ce qu'elle a découvert , de retour en Angleterre elle a essayé d'alerter l'opinion publique de l'existence de ces camps et des conditions de vie au sein de ceux-ci. Que les camps de concentration soient une invention britannique du début du siècle est un fait plutôt méconnu, qui illustre bien l'aspect « laboratoire » périphérique des puissances européennes. D'autant qu'aujourd'hui le contexte sud-africain permet la redécouverte d'un sujet négligé jusqu'alors : l'existence de camps de concentration pour les noirs sud-africains.

Avec Elria Wessels, spécialiste des camps de concentration pendant la guerre des Boers, Stief Lunderstedt, spécialiste de la guerre des Boers, Abraham Seketi, historien des Noirs dans la guerre des Boers, Aidan Forth, auteur d'une thèse sur le sujet et Jonathan Hyslop, professeur à l'Université de Wits (Johannesburg).



Mardi 1er juin

Gandhi et l'invention de la désobéissance civile

En 1893, le jeune avocat Gandhi se rend en Inde , il est particulièrement choqué par le racisme et les injustices envers les Indiens d'Afrique du Sud. Durant son séjour, il sensibilise les Indiens aux inégalités dont ils sont les victimes , il affermit également sa pensée, radicalise et théorise ses points de vue. En 1906, au Théâtre Impérial de Johannesburg, il appelle pour la première fois à la « satyagraha », la protestation non violente, incitant les Indiens à ne pas aller se faire enregistrer (conformément à ce qu'enjoint la nouvelle loi du gouvernement sud-africain). Gandhi a eu une influence profonde sur la communauté indienne sud-africaine, dont il n'a cessé de prendre la défense. Ainsi, à Johannesburg où il avait son cabinet d'avocat, existent plusieurs lieux qui rappellent la mémoire de Gandhi, son action et sa pensée : le Gandhi Square, où la maison dans laquelle il imagina l'action non-violente.

Avec Eric Itzkin, auteur de Gandhi's Johannesburg, Didier Bayeye, responsable du projet Satyagraha House à Johannesburg, Rehanna Vally, professeur à l'Université de Pretoria, Janathan Hyslop, professeur d'histoire à l'université de Wits, Ahmed Kathrada, ancien militant de l'Indian African Congress, membre de l'ANC et ancien détenu à Robben Island.




Mercredi 2 juin

L'invention de l'apartheid

La victoire du Parti National aux élections de 1948 marque le début de la politique d'apartheid. Elle est une radicalisation de la réglementation des relations interraciales existant depuis le début du siècle, le Colour Bar. En 1948, on voit une théorisation de la ségrégation raciale se mettre en place, et la hiérarchisation des races devenir la base d'un système politique. Un des principaux angles d'action des politiques de l'apartheid : la séparation géographique des différentes ethnies. Blancs et noirs ne vont pas occuper les mêmes espaces. Une nouvelle politique d'aménagement du territoire verra ainsi le jour. Le gouvernement crée les bantoustans, régions très pauvres peuplées uniquement de noirs et ayant une relative autonomie , autour des métropoles se constituent des ghettos noirs, les townships, où plusieurs soulèvement auront lieu dans la deuxième moitié du XX°, notamment à Sharpeville, Alexandra et Soweto. « La Fabrique » s'est rendue dans certains de ces anciens ghettos, qui portent de nombreuses traces de l'apartheid. Les anciens townships autour de Johannesburg, et notamment Soweto, sont des lieux de mémoire particulièrement importants, où les soulèvements ont été réprimés d'une manière souvent brutale. De nombreux musées sur cette période ont fleuri depuis 1994, au risque de transformer une mémoire vivante en histoire figée. Nous nous sommes rendus au musée de l'Apartheid à Johannesburg, au musée Hector Pieterson à Soweto et sur le site du futur musée d'Alexandra, le township le plus pauvre de Johannesburg.

Avec Ahmed Kathrada, Rehanna Vally, John Muhapa, ancien responsable du Panafricanist Congress, arrêté en 1960, Sophie Didier, géographe de l'Institut français d'Afrique du Sud, Charles H. Fourie, Georges Lory, Antoinette Sitholé, sœ,ur d'Hector Pieterson, tué le 16 juin 1976 à Soweto, Nthutuko Xulu et Louise Coetzee.




Jeudi 3 juin

La commission « Vérité et Réconciliation »

Cette commission a eu lieu à partir de 1996, présidée par Desmond Tutu, dans une volonté de laisser aux responsables des politiques d'apartheid la possibilité d'exprimer des regrets à propos de ce qu'ils avaient commis. Le but de cette commission était d'éviter des procès massifs et de prôner la réconciliation nationale. Le résultat a été assez ambigu, dans la mesure où certains dirigeants n'ont jamais reconnu cette commission et que celle-ci a été obligée de durcir ses activités , de plus, de nombreux Sud-Africains ont refusé l'idée de réconciliation, estimant que le préjudice commis était impardonnable. Le passage devant la commission de Winnie Mandela, femme de Nelson Mandela, les réactions parfois mitigées de l'ANC devant les comptes-rendus de la commission contribuent également à contraster les résultats. Néanmoins, l'ampleur de la tâche assumée par la CVR, le principe nouveau de réconciliation mis en place alors que le régime d'apartheid avait perduré pendant plus de 40 ans, la médiatisation internationale de l'événement en ont fait une forme politique tout à fait novatrice, qui a été reprise ensuite dans d'autres pays du monde.

Avec Ali Hlongwane, directeur du Museum Africa, le général Gert Opperman, directeur du Voortrekker Monument, Georges Lory, directeur de l'Alliance Française et traducteur, Louise Coetzee, Antoinette Sitholé, Claire Benit-Gbafou de l'Université de Wits et Thabo Mopasi, du township d'Alexandra


- Afrique du Sud, un laboratoire du XX° siècle
- France Culture, LA FABRIQUE DE L'HISTOIRE par Emmanuel Laurentin
-Réalisation : Anne Fleury
- De 9h à 10h, du lundi 31 mai au jeudi 3 juin 2010.



Par Nicole Salez

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