Giorgio de Chirico - Exposition Paris

C'est une vraie découverte, un panorama de toute l'œ,uvre de Giorgio de Chirico, qui nous est proposé au Musée d'Art Moderne de la ville de Paris du 13 février au 24 mai 2009.
L'exposition « La fabrique des rêves », retrace 65 ans de peinture, 65 ans d'évolution du peintre né à Volos en 1888, et mort à Rome à 90 ans.


Tête d'animal 1975 ADAGP, Paris 2009


Le MAM Paris a le grand mérite de dépasser la tenue —,convenue-d'une exposition des peintures de sa première période « Métaphysique ».
- Jusqu'au début des années 20, Chirico est adoubé des surréalistes et de la critique. Il projette une vision onirique et angoissante de l'existence , tout est faux dans cette peinture presque réaliste, ou apparaissent toujours des éléments incongrus ou mystérieux : régimes de bananes, artichauts, chevaux...
-Cette peinture, c'est celle que Apollinaire, Eluard, et tous les surréalistes saluairent comme innovante, décapante, inventive, moderne quoi ! « Mythologie Moderne », dit André Breton.
-C'est celle que l'on connaît.
-Mais toute la suite ? Et la suite, c'est 50 ans de peinture, de recherche picturale, d'autre chose ,
-Ces changements ne sont pas compris ni appréciés par le gotha artistique de l'époque. « Régression anti moderniste »...voici l'accusation portée en1926 par les surréalistes (voir article de Nicole Salez), parce qu'il évoluait, quittait ce qui avait fait sa renommée et son acceptation dans le petit cercle d'André Breton. La polémique et le rejet durèrent toute sa vie.



-Ce virage si important, une lettre à André Breton daté de 1922 l'explique clairement. C'est pourtant simple ! Chirico a décidé d'apprendre à peindre, de retrouver le savoir faire des grands Maîtres anciens, d'apprendre à utiliser les pigments, à peindre « a tempera » pour trouver des effets de lumière. Il ne rejette pas la peinture à l'huile, il veut lui adjoindre d'autres techniques. Il en parle avec lyrisme , il va copier les grands peintres ...
-Il copie et ou s'inspire de Michel Ange, Rubens, Titien, Raphael...
-Le milieu intellectuel n'accepte pas , on l'accuse de laisser à d'autres la voie de la modernité, de pasticher...pourtant, il fait ce qu'on fait beaucoup d'autres grands peintres classiques avant lui, mais aussi Picasso, Francis Bacon...

-Il essaie des techniques anciennes, plus difficiles que la peinture a l'huile, mais qui apportent quelque chose de différent : il compare les techniques sur un même thème : les deux tableaux « Hector et Andromaque », peints en1924, l'un a l'huile l'autre a Tempera, témoignent de cette recherche. Ils sont présentés dans l'expo, il faut prendre le temps de les comparer, de rechercher ce qu'il a voulu trouver ou tout simplement montrer !

-Il aborde a nouveau le corps humain, le nu. Son mode d'appréhension est particulier, nouveau, différent des classiques...on peut apprécier, ou non ...Son choix de thèmes a fait polémique : par exemple, pourquoi des gladiateurs, que veut-il exprimer dans cette évocation d'une époque ancienne ?
-A voir, ses « gladiateurs au repos », ou « le combat « (1928_1929).

-Il se représente lui-même : seize auto portraits sont visibles dans l'exposition.
-Le premier date de 1911, tous les autres se situent entre 1922 et1954.
Ces représentations ne sont pas banales , la aussi, que veut-il dire en se représentant en costumes de différentes époques ? Dérision ? Mais dans certains de ces portraits il y a une puissance, une présence, et un choix de couleurs et d'épaisseur du trait qui peuvent évoquer des peintres plus récents, comme Lucien Freud.
-Voir, par exemple, l'autoportrait nu de 1945...

Et puis, vers les années 40, (il a plus de 50 ans, et peint depuis 30 ans !) il se copie lui-même, il copie sa période mythologique (18 versions des muses inquiétantes !). Andy Warhol est l'un des rares à apprécier.
-On a tout évoqué sur les raisons de ces copies, en particulier, la rage qu'il avait de ne voir reconnue que la période de ses débuts : ne clamait-il pas devant des tableaux de cette époque qu'il s'agissait de faux ?

Giorgio de Chirico a peint jusqu'à près de 90 ans quelque 3000 tableaux.

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Voir le point de vue d'un critique d'art


-Exposition Giorgio de Chirico-1888/1978
-Du 13 février au 24 mai 2009
-Musée d'Art Moderne de la ville de Paris
-11, avenue du Président Wilson, 75116 Paris
-www.mam-paris.fr



Par Christine Nathan

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