Grèce : Le présent du matin en terre d’Argostoli

Les îles ioniennes 1/5

Après New York, retour en Europe. En Grèce, dans une île de la mer Ionienne, entre le bleu du ciel et le bleu des eaux, Julie Montagard a rencontré Théophane et Thalia.
Ils ont abandonné leur métier de pêcheur, pour devenir agriculteurs. La terre s'est montrée plus sensible à leurs efforts et plus généreuse que la mer.



Courgettes petites et courtes, chacune couronnée de son ample fleur jaune, citrons tout juste cueillis sur l'arbre, concombres ou poivrons, ou encore blettes d'un beau vert foncé, m'attendent chaque matin, dès mon lever, sur la longue table de bois installée sous la tonnelle recouverte de palmes.

Thalia à encore 'sévi', ce matin : pendant que je dormais, elle travaillait à la fraîche, dans son grand jardin plein de légumes et d'arbres fruitiers et m'a offert les présents du jour. Hier, c'était des figues et de l'huile. Et le refus de tout paiement se veut sans appel.

Mes hôtes, Théophane et Thalia, sont des pêcheurs reconvertis en paysans . Longtemps, ils sont partis sur plusieurs jours affronter l'Adriatique, pour charger leurs filets de sardines, de dorades et autres rougets. Les enfants venus (et le poisson devenant à la fois de plus en plus rare et de plus en plus concurrencé par celui d'élevage), ils se sont consacrés à leur terre.

Après l'exode rural du XXè siècle, nombre de Grecs des grandes villes retrouvent aujourd'hui le chemin du village de leurs aïeuls : face à la crise qui les a terrassés et ne leur laissent, pour beaucoup, strictement aucun moyen de subsistance, ils sont nombreux à repenser au bout de terre appartenant à un grand père ou un cousin, et abandonné quelque part dans le Péloponnèse ou sur une île .

À condition de bien se relever les manches, la terre ne laisse jamais ceux qui la travaillent crever de faim. Les jeunes Grecs ne l'ont pas oublié. Ils sont de plus en plus nombreux à revenir vers elle, et à pratiquer ensuite une économie de troc entre habitants d'un même village .


Tout l'été 2013, la rédaction de toutpourlesfemmes se promène en France ou ailleurs. En 'cartes postales', elle fait part de coups de cœ,ur, de ses étonnements, des petits moments de séduction captés au fil du quotidien.



Par Julie Montagard

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