Hélène Sagné : l’ADN de la création

Hélène Sagné possède le gène de la création dans son ADN. Elle qui vient de franchir le cap des 40 ans, compte déjà à son actif la création de deux entreprises, l'agence Bug, à Londres il y dix ans, à Paris plus récemment. Mettant la créativité au cœ,ur de son activité, elle pratique une méthode originale de management. Pour laisser libre cours au meilleur des idées, elle a choisi de décloisonner les savoir-faire et les compétences de son équipe. Au bénéfice de ses clients.

Hélène Sagné, créatrice de l'agence Bug
L'agence Bug est installée dans le IXe arrondissement de Paris. Les fenêtres donnent sur une cour pavée et ombragée, un de ces petits trésors que camouflent souvent les immeubles parisiens traditionnels. Hélène Sagné, toute en simplicité et décontraction nous accueille. Comment cette jeune femme est-elle devenue chef d'entreprise il y a maintenant plus de dix ans ? Que recherche t' elle dans ce parcours professionnel plutôt atypique ? Une femme est-elle facilement reconnue en tant que dirigeante dans les milieux de la « com » ? Elle s'en explique, notant qu'elle est le fruit des « opportunités que j'ai su saisir et de quelques prédispositions familiales ».

Diplômée de Sciences Po en 1990, elle part en 1996 à Londres. «A l'agence Fitch» , raconte Hélène Sagné, j'ai tout appris. Seule collaboratrice parfaitement bilingue, le « boss » l'emmène à toutes les réunions internationales, nécessitant l'usage subtil des deux langues. Elle se dit propulsée à un niveau bien supérieur à celui auquel elle aurait pu prétendre après cinq ans seulement d'exercice professionnel.

Les ficelles du métier

Attentive à son environnement, la jeune femme capte tout, absorbe tout. Définir un concept, présenter un projet, établir un devis, chiffrer une mission, écouter, négocier...les ficelles du métier n'ont bientôt plus de secret pour elle. « J'ai eu cette chance d'apprendre le business ! » commente Hélène.

Ce sera là le tremplin. Après la vente de Fitch, elle s'accorde quelques mois sabbatiques. Histoire pour elle de réfléchir et de trouver chaussure à son pied. Publicité ? Design ? « J'étais dubitative sur mes choix. A fortiori je craignais qu'un emploi salarié me confine à une place restreinte. »

Créer, c'est naturel

Et puis le saut. Une première mission, et dans la foulée la création de la première société. Pour Hélène Sagné cela allait de soi. Pas de barrière psychologique à franchir. « Mon grand- père était entrepreneur. Il restaurait des monuments historiques. »

Du côté maternel on trouve des artistes. Encore la création ! Aussi elle n'éprouve pas d'angoisse particulière pour se lancer dans la création d'entreprise. « Pour moi c'est la liberté. Liberté ne veut pas dire absence de contraintes. Mais c'est la liberté de créer ». L'agence Bug est née. « Elle incarne pour moi cette liberté ». Première étape à Londres. Deuxième à Paris.

Aussi le fonctionnement de son agence parisienne est au diapason, toute concentrée sur la création et par-là à la créativité de ses collaborateurs. A Paris, Bug Agency regroupe une douzaine de collaborateurs. Ils seront quinze à la fin de l'année. Hélène a constitué son équipe en mixant les professionnels chevronnés, ceux qui comptent 10-15 années d'expérience, et de jeunes débutants « pas encore formatés ». Elle mélange les compétences, surtout veille à les décloisonner. Elle fait travailler les membres de l'équipe sur des sujets qui a priori ne sont pas les leurs. Ce qu'elle recherche : sortir des sentiers battus, faire émerger les idées neuves. En clair, la rupture avec les conditionnements et lignes toutes tracées.

Elle reconnait que cette méthode n'est pas forcément la plus rentable à court terme. Elle demande du temps, des efforts. En revanche « elle est intéressante précise t‘elle à moyen et long terme ». Pour ses collaborateurs qui découvrent de nouveaux horizons et apprennent. Et bien sûr pour les entreprises clientes.

Fraîcheur de pensée

A son palmarès on retrouve Intel, Carrefour, SFR, Crédit Agricole ou Bacardi. « Les grandes sociétés leaders ont parfois le risque en aversion. Mais elles doivent innover, explorer des pistes nouvelles. Ce qu'elles attendent de nous c'est une fraîcheur de pensée ».

Femme chef d'entreprise, Hélène Sagné trouve aujourd'hui ses marques. La diversité des clients, la multiplicité des projets, la complexité à laquelle elle est confrontée —, « j'adore apprendre » - correspond à son tempérament. Même si elle reconnait « que tout n'est pas rose tous les jours », elle se sent profondément en accord avec elle-même. Anecdote qui prend dès lors tout son sens : « Auparavant, quand je me déplaçais avec mon associé, on me prenait pour la secrétaire. J'étais obligée de porter des vêtements qui me vieillissaient. Aujourd'hui, j'ai plus de 40 ans et je m'habille comme je veux ! »

Par Elsa Menanteau