”La Ruche” au Palais Lumière (Evian)

'La Ruche, cité des artistes, 1902-2009 », jusqu'au 10 mai 2009

Jusqu'au 10 mai 2009, Le Palais Lumière, à Evian, présente « La Ruche, cité des artistes, 1902-2009 ». Cette exposition se propose de
montrer, à travers 250 oeuvres —, peintures, sculptures, photos,
vidéos et installations —, l'extraordinaire vitalité créatrice des artistes
de La Ruche, lieu mythique en plein coeur de Montparnasse, depuis
les origines en 1902 jusqu'à nos jours. La Ruche qui accueillit Modigliani, Soutine, Brancusi, Chagall, et bien d'autres artistes.

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Jacques Yankel - La Ruche


L'exposition « La Ruche, cité des artistes, 1902-2009 » rend d'abord hommage à Alfred Boucher, fondateur de
La Ruche en 1902, par un ensemble d'oeuvres provenant du musée Boucher
de Nogent-sur-Seine, et de documents de l'époque. Elle évoque ensuite le foisonnement artistique de La Ruche jusque
dans les années 1950 avec des artistes tels que Chagall, Léger,
Modigliani, Soutine
....
Et fait enfin la part belle aux artistes contemporains pensionnaires
d'un lieu dont l'esprit perdure, Ernest Pignon, Reyberolle, Guy de
Rougemont
....


L'extraordinaire aventure d'un lieu hors du commun

Inviter La Ruche à se raconter au fil d'une exposition, c'est évoquer
l'extraordinaire aventure de ce lieu hors du commun qui permit à
tant d'artistes d'hier et d'aujourd'hui de sortir de l'ombre et
d'accéder à la reconnaissance. Mais l'histoire de La Ruche colle
d'abord à celle de son fondateur Alfred Boucher. Au sommet de sa
gloire, il n'a pas oublié ses débuts difficiles et entame son aventure
d'humaniste et de philanthrope en érigeant, passage Dantzig, en
plein Montparnasse, un phalanstère où de jeunes artistes démunis,
venus de tous les pays et particulièrement d'Europe centrale,
pourraient travailler à peu de frais et en toute liberté dans une
atmosphère propice « à la méditation et à la réalisation dans un
climat de sécurité ». Parmi eux : Archipenko, Zadkine, Chagall,
Modigliani, Soutine, Kikoïne, Krémègne, Epstein, Diégo Rivera,
Jacques Lipchitz
. Ils rejoignent quelques Français aux idées elles
aussi révolutionnaires, Fernand Léger et Henri Laurens.

Ainsi est née
La Ruche, en 1902. Un singulier bâtiment qui porte bien son nom
tant en raison de ses ateliers disposés en alvéoles que par la
bourdonnante activité qui y dégage.
L'esprit qui règne à La Ruche, champ de toutes les expériences,
terrain des passions, des difficultés et des découvertes des
« abeilles », est celui du travail et de la recherche. Un travail
acharné, même s'il se développe dans une improvisation générale.

Boucher assista ainsi à l'éclosion d'un art qui était à l'opposé de ses
conceptions, se sentant comme « une poule ayant couvé une portée
de canards. » Les mouvements d'avant-garde y pénètrent, non
seulement par la force des artistes, mais aussi de leurs illustres
visiteurs, réels habitués et insuffleurs de tendances : Blaise
Cendrars, Max Jacob, Guillaume Apollinaire, Jean Cocteau
... Tous
ces artistes, la plupart marginaux de tous les mouvements qui
naissent entre 1910 et 1930 à Montparnasse seront regroupés par
les critiques sous le terme d'Ecole de Paris.



La mort de Boucher en 1934 plonge les habitants du phalanstère
dans le désarroi. Vient la guerre et le lieu est déserté. En 1946, ce
ne sont plus que des taudis auxquels se confronte la nouvelle
génération. Tout est à reconstruire. Mais le désir de relever le défi
anime la “nouvelle vague” de la Jeune Peinture des années 50, Paul
Rebeyrolle
en tête. Le terme “Nouvelle vague” ayant d'ailleurs été
inventé pour ses artistes.
L'esprit de Boucher reprend son souffle si fort qu'il fait oublier à
cette nouvelle génération la précarité des lieux pour ne conserver
que l'humanisme de son créateur. L'ambiance est au partage, à la
vie communautaire.

En 1965, les bâtiments sont menacés de démolition. Les « abeilles »
se rebellent et réinvestissent les lieux. Le phalanstère est sauvé
grâce au comité de soutien conduit par Marc Chagall et le lieu sera
classé Monument historique en 1972. Eduardo Arroyo, Jean-Paul
Chambas, Ernest Pignon-Ernest
feront partie de cette génération. Ils
s'inscrivent dans la mouvance de la figuration narrative. A leurs
côtés, ceux qui ont associé à leur recherche plastique un travail de
scénographie notamment autour de Klaus Michaël Grüber,
contribuant à faire de La Ruche un véritable pôle de référence dans
le domaine du théâtre.

Au fil des ans, dès lors, certains pensionnaires disparaîtront ou
quitteront les lieux pour des espaces plus grands, d'autres leur
succéderont. La génération des années 80 avec Guy de Rougemont
(membre de l'Académie), Michaël Gaumnitz, Daniel Lebée, Jean
Michel Meurice
... travaillent à tous les genres de l'art et explorent de
multiples domaines. Photographie, peinture, video, design,
nouvelles technologies, installations vont se mêler dans un jonglage
créatif. A l'aube de ce nouveau siècle, les jeunes talents, la tête
pleine de projets créatifs très pointus, ne dédaignent pas le
phalanstère mythique chargé d'histoire et ses bâtiments
romantiques qui semblent hors du temps. C'est le cas de
l'Israélienne Ruth Barabash, de l'Iranienne Radpay Ghazel ou encore
de la Coréenne Myung Ok Han... Une pluri-culturalité que n'aurait
pas reniée Boucher.



A ce jour, la Ruche abrite une soixantaine d'ateliers de toutes tailles.
« L'esprit que Boucher insuffla en son temps demeure encore vivace
aujourd'hui, puisqu'à peine franchi le pas de la petite porte en fer,
le visiteur ressent être entré dans un monde à part, rêvé...
impression que ses rencontres ultérieures ne font que confirmer »,
témoigne Sylvie Buisson, commissaire de l'exposition pour la partie
historique.



« La vivacité du lieu se perpétue et la création y est
toujours prolifique, y compris dans notre monde contemporain où
les arts plastiques ont éclaté en de multiples facettes », assure
quant à elle Martine Frésia, commissaire de l'exposition pour la
partie contemporaine. Eternelle Ruche, sans complexes, sans
barrières, ouverte à tous, où la création, l'expérimentation, le travail
sont les maîtres-mots qu'ils mènent ou non au chemin de la gloire.

Pierre Maunoir - La Ruche


- Commissaires de l'exposition :
Sylvie Buisson, historienne de l'art et ancien conservateur du musée
du Montparnasse, pour la partie historique (des origines aux années
50)
et Martine Fresia, historienne de l'art, pour la partie contemporaine.

- Projection en marge de l'exposition :
« Chaïm Soutine », film réalisé par Valérie Firla (durée : 52 mn).




Le Palais Lumière d'Evian

Le 30 juin 2006, la ville d'Evian a inauguré son Palais Lumière, en
lieu et place des anciens thermes construits au début du XXème
siècle. Fort de sa position, de la qualité de ses équipements et de la
singularité de son architecture, ce fleuron retrouvé du patrimoine
évianais est devenu le nouvel emblème de la station. La ville
ambitionne en effet de faire de ce lieu un pôle culturel de référence,
à l'instar de la fondation de l'Hermitage à Lausanne ou de la
fondation Gianadda à Martigny.
Le Palais Lumière est à l'origine un établissement thermal. Il est l'un
des plus beaux témoignages de l'architecture des villes d'eau du
début du XXème siècle. Inauguré en 1902, c'est à l'architecte
parisien Ernest Brunnarius qu'on le doit.
En 1996, la ville d'Evian redevient propriétaire du bâtiment et se
préoccupe de sa préservation. Peu après, sa façade principale, son
hall d'entrée, son vestibule et ses décors sont inscrits à l'inventaire
des Monuments historiques. Une réflexion sur une destinée nouvelle
est lancée qui aboutit au projet de reconvertir l'édifice en un centre
culturel et de congrès. Dorénavant, le Palais Lumière accueille trois
entités : un centre de congrès « high tech » sur 2200 m² , un espace
culturel de 600 m² permettant de réaliser des expositions de qualité
muséale , une médiathèque de 800 m² abritant également des
archives historiques.


- La Ruche, cité des artistes, 1902-2009
- 7 février —, 10 mai 2009
- Palais Lumière
- Quai Albert Besson - 74500 Evian
- Horaires d'ouverture: Tous les jours 10h30-19h (sauf le lundi 14h-19h)
- Tél. +33(0)4 50 83 15 90.
- Tarifs: Plein tarif : 10 € - Tarif réduit : 7 €



Par Nicole Salez

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