L'artiste Urs Fischer expose son carnaval à Venise jusqu’au 15 juillet 2012

Urs Fischer, artiste suisse étonnant et détonant, expose son univers à Venise, au Palazzo Grassi, jusqu'au 15 juillet 2012. Il a reçu carte blanche du maître des lieux, l'homme d'affaires François Pinault, et présente « Madame Fisscher » qui retrace l'ensemble de son parcours artistique des années 90 à aujourd'hui.

Né en Suisse en 1973, Urs Fischer vit et travaille aujourd'hui à New York. Une trentaine de ses oeuvres sont exposées au Palazzo Grassi , à Venise, sous forme d'une monographie plus que d'une rétrospective.


Une cohérence totale

Entre violence et humour, logique et paradoxe, réel et virtuel, l'univers de Fischer pourrait apparaître bancal. Il est au contraire d'une cohérence totale qui tend vers un message unique : la virtuosité de l'artiste.

Il fait appel à une extraordinaire diversité de médias et de techniques et semble tordre le cou à tout ce qui est établi : l'histoire de l'art et de la sculpture, le rapport au corps, la notion du temps, le statut de l'objet.

D'entrée, le visiteur est interpellé par le nom de l'expo : 'Madame FiSScher'. Une faute d'orthographe ? Non, bien sûr. Plutôt le premier clin d'œ,il d'un artiste espiègle. Il semblerait que « Madame Fisscher » soit une évocation malicieuse du musée de personnages en cire de «Madame TuSSaud», à la sauce Fischer. De fait, il expose son autoportrait sculpté en cire.

Le premier coup de foudre du visiteur est, à n'en pas douter, pour l'œ,uvre qui porte le nom de l'exposition : « Madame Fisscher ». Il s'agit de la reconstitution fidèle de l'atelier que l'artiste possédait à Londres. Il trône dans l'atrium de Palazzo Grassi, tel un bijou moderne et décalé dans un écrin majestueux et classique.

Installation, Urs Fischer, “Madame Fisscher,” Palazzo Grassi, Venise, 2012.


L'atelier «Madame Fisscher» (1999-2000) a été démonté puis remonté, comme un décor de théâtre, avec l'ensemble du contenu originel.

Détail de l'installation, Urs Fischer, “Madame Fisscher,” Palazzo Grassi, Venise, 2012.


Autre oeuvre étonnante et captivante : Cappillon (2000). Elle représente une scène domestique étrange, peuplée d'animaux et d'appareils électroménagers, recouverts d'une couleur blanche uniforme.

Urs Fischer, Cappillon, 2000. Hauser & Wirth Collection, Suisse. Courtesy of the artist, Galerie Eva Presenhuber, Zurich, and Palazzo Grassi, Venise.


'Le chat, qui en est le protagoniste principal, met en question, par sa présence discrète et furtive, la solennité de la sculpture, l'éternité figée de l'espace du musée. Fischer n'avait-il pas proposé de donner au musée Migros de Zurich un véritable chat domestique, qui aurait déambulé librement dans les salles comme une sculpture vivante ?' font valoir les organisateurs de l'exposition.


Dialogue des temps

Urs Fischer, Old Pain, 2007. John Kaldor Collection, Australie.


Au fil de la visite, l'impression d'un dialogue des temps se confirme. Après l'atelier campé dans l'atrium, un somptueux bas-relief en marbre accueille une main sur une mâchoire en plâtre rose. C'est une 'vieille douleur' (titre: old pain).

Installation, Urs Fischer, “Madame Fisscher,” Palazzo Grassi, Venise, 2012.


Et plus loin, encore, un mannequin de femme nue, grandeur nature, se prélasse sur un canapé, tout près de vieilles sculptures en bronze, patinées par le temps.


Palazzo Grassi - Venise

'Madame Fisscher' - Du 15 avril au 15 juillet

Ouvert tous les jours de 10h à 19h
 sauf le mardi.



Par Michèle Folian

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