Laurel et Hardy - Rétrospective

Laurel et Hardy, le tandem le plus célèbre de l'histoire du cinéma burlesque américain. Ils ont inventé un humour particulier, un goût pour les gags 'à combustion lente', une subtile chorégraphie arithmétique.
Jusqu'au 11 janvier 2010 à la Cinémathèque française.



Laurel et Hardy ne forment qu'une entité, un seul corps divisé en deux. Un gros et un maigre. Un joufflu qui roule les mécaniques, et un lunaire.

Le maigre, Stan Laurel, celui qui fait souvent la moue et parfois pleurniche comme un gosse, est né le 18 juin 1890 à Cumbria, en Angleterre. Des deux, c'est lui le plus poète. Quant au gros, Oliver Hardy, il est né deux ans plus tard à Harlem, Géorgie, aux Etats-Unis. Chacun de son côté a fait un début de carrière en solo avant de rencontrer l'autre.

Leur association sous la marque « Laurel et Hardy » sera l'une des plus fécondes de toute l'histoire du burlesque. On dit qu'à la mort de Hardy, le 7 août 1957, Laurel ne s'en remit pas au point de sombrer dans une grave dépression. Il est mort lui-même le 23 février 1965 à Santa Monica après une vie bien remplie.


Qu'est-ce qui fait que leur alliance ait à ce point si bien fonctionné ?

Pour répondre, il suffit de revoir quelques-uns de leurs films. Piochons au hasard.

Les Deux musiciens (Below Zero, 1930)

Le duo joue de la musique devant une maison, alors que la neige tombe. Dépités, les doigts gelés, ils s'étonnent que les passants ne s'arrêtent pas et ne leur donne aucune pièce. Le gag, comme souvent, vient de leur retard à l'allumage : la maison devant laquelle ils stationnent est réservée à des sourds muets. Ils s'installent plus loin, mais les catastrophes s'enchaînent. Avec Laurel et Hardy le pire n'est jamais atteint. Suit l'épisode du portefeuille trouvé dans la neige,
appartenant à un policier que nos deux compères convient généreusement à déjeuner. On devine la suite. Ce qui frappe c'est
la pureté formelle, le cadrage (le jeu avec le hors-champ) et le bruitage (c'est du cinéma sonore mais qui porte avec joie les traces du muet).

Les Deux Vagabonds (Scram !, 1932)

Au tribunal, Laurel et Hardy sont accusés de vagabondage par un juge qui les condamne à ne faire qu'une heure de prison, tellement celle-ci est déjà pleine. Dehors, un riche homme bien habillé perd sa clé de voiture, qui tombe à travers une grille sur le trottoir. L'homme est ivre mort. Jeux d'équilibre, poursuite avec un policier (figure obligée du burlesque), acrobatie et chutes. Plus tard, une scène de fou rire incroyable entre les deux compères et une femme réveillée la nuit dans une maison où Laurel et Hardy se sont introduits. Rendue ivre, Mme de Beaumont n'est autre que l'épouse du juge...

The Bohemian Girl (La Bohémienne, 1936).

Le film commence comme une comédie musicale. Des gitans chantent et installent leur campement sur les terres d'un Comte qui vit dans son château entouré de sa garde. Décors et costumes d'époque, tout est parfait. Le Comte, apprenant que les bohémiens campent sur ses terres, exige leur départ. Ça chante et ça danse, tandis que Laurel et Hardy épluchent des patates. Laurel surprend la femme de Hardy en train d'embrasser son amant : « Il n'y a rien de mal, lui dit Hardy, il faut avoir les idées larges ». Laurel et Hardy sont si proches, si fusionnels, qu'il est impossible que l'un puisse s'éloigner de l'autre sous
prétexte d'être marié. La nuit venue, les deux coquins s'en vont au village faire leurs larcins.

Avec un talent inimitable fait de maladresse et de roublardise, ils dépouillent un aristocrate de son argent. Mais, plus qu'à voler les autres, Laurel et Hardy passent leur temps à se voler l'un l'autre à tour de rôle. Leur désir n'est pas de posséder, mais de déposséder l'autre du peu qu'il a, dans une sorte de rivalité enfantine.


-La Cinémathèque française
-51 rue de Bercy, 75012 Paris
-Informations 01 71 19 33 33



Par Franck Moineau

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