Le film ”AU BORD DU MONDE”, un choc !

Dans un Paris magistralement photographié, le film 'Au bord du monde' nous entraîne à la rencontre de bouts de vie avec treize sans-abri magnifiques de dignité et d'humanité malgré la gravité de leur situation. Généralement 'invisibles', ils sont ici de chair et d'os et leur misère n'a pu étouffer en eux les aspirations de tout homme et toute femme. Un film rare, parfois insoutenable, mais magnifique.


©Aramis films


« Depuis des années, j'étais poursuivi par l'envie d'aller à la rencontre des sans-abri de Paris, ces fantômes qui hantent les trottoirs de la ville et les couloirs du métro, omniprésents mais invisibles aux yeux de celui qui passe sans s'arrêter (...) de chercher à savoir ce que ces personnes ont à dire sur le monde et ce qu'elles pensent de la vie » précise Claus Drexel, le réalisateur du film « Au bord du monde » qui nous entraîne, plan après plan, à cheminer au cœ,ur de la nuit auprès de ces grands démunis et à les écouter.

Avez-vous remarqué que, même dans les reportages qui leur sont consacrés, les pauvres extrêmes ne s'expriment jamais. C'est généralement un journaliste ou un travailleur social qui parle du quotidien de ceux que notre société a étiqueté SDF. Ici, au contraire, leurs paroles constituent le cœ,ur même du film, leur témoignage un regard sur le monde et le sens de la vie.

Sylvain Leser, chef opérateur et photographe nous projette Paris en images somptueuses, dans le bain d'or de ses monuments, de ses ciels, de son fleuve... Un Paris comme déserté par ses habitants. Un Paris sublimé, qui crée un malaise chez le spectateur : comment peuvent coexister dans cet écrin d'une telle beauté, ces amas frémissants de blocs de carton, ces existences en haillons ? Les vies sont là, pourtant, sous les couvertures de survie, et les clochards qui s'en extraient nous parlent, partagent avec nous certaines de leurs émotions, de leurs peurs, de leurs espoirs. Nous font mesurer combien ils sont des êtres abandonnés, bien qu'il tentent de « garder le sourire car cela aide à tenir », comme le confie l'un d'eux.

©Aramis films


Splendeur des images, force et solennité des paroles recueillies, compassion que font naître immanquablement ces vies abîmées par le trottoir et ses dures réalités (Ah Christine, emmaillotée sous des épaisseurs de plastique, nuit après nuit, sous les flocons de neige ou la violence des pluies, et gardant encore, au bout de sept ans, l'espoir de retrouver une vie meilleure, avec ses enfants...!)

Un film profondément humaniste sur ceux qui ont tout perdu, logement et travail, famille et revenus. Tout perdu, sauf leur âme d'êtres humains.

Par Julie Montagard
Portrait de admin

Ajouter un commentaire