par Ghislaine Sathoud
La rubrique « A vos plumes » vous accueille tous les vendredis. N'hésitez pas à adresser vos nouvelles à Marie-Catherine Chevrier. Aujourd'hui, « Le voyage immobile comme échappatoire au stress », de Ghislaine Sathoud.
catie.chevrier@toutpourlesfemmes.com
Dérouillez-vous ! Ces muscles endoloris entrent dans une rébellion inexplicable sans raison apparente. Il suffit seulement que je bouge pour que la douleur m'assomme, m'écrase et sape mon moral. J'craque, j'perds mes moyens, j'suis au bord de la crise de nerfs... et figurez-vous bien que tous les matins, le réveil est aussi difficile ! Je venais simplement de tenter —, une énième fois tenez vous bien —, de quitter mon lit pour vaquer à mes occupations. Franchement cette douleur aussi ennuyeuse qu'inquiétante me fait perdre la tête... En témoignent mes nombreuses vaines expériences de me lever du bon pied. Et ça fait déjà plusieurs mois que ce calvaire dure...
Dès que ma jambe se posa sur le sol glacial de ma chambre, un frisson secoua violemment tout mon corps. Comme si j'avais été secouée par une décharge électrique, je restais ébahie, tourmentée. Des vertiges me forçaient à m'accoter sur le bord de mon lit.
Je tiens à préciser que ces sensations incommodantes sont répétitives. Bizarrement mes nombreuses consultations médicales n'ont rien donné : unanimement les différents médecins justifient mes symptômes par le stress. Le stress serait donc responsable de tous ces changements insupportables.
Ah ce stress !!! Pourtant je fais l'effort de libérer mon esprit des pensées négatives, de prendre la vie du bon côté ! Je veux bien affronter avec sérénité la précarité matérielle qui me dérange et avec moi toute ma famille. Disons que je veux prendre à bras le corps mes soucis pour trouver des solutions. Au fait, la vie elle-même est déjà angoissante, est-il donc possible d'éviter cette montée d'adrénaline qui se manifeste de diverses manières sur le corps ? La panoplie d'informations au sujet du stress ainsi que ses effets collatéraux sur la santé et la promotion des habitudes de vie saines invitent sûrement à la prudence : selon des chercheurs américains les femmes menant une vie stressante risquent éventuellement de développer un cancer : le « papilloma virus » est pointé du doigt... D'autres études évoquent d'ailleurs les effets néfastes du stress qui aggraveraient ou contribueraient à l'explosion de certaines maladies.
Aussi, même si des liens de causes à effets ne sont pas toujours formellement établis, plusieurs sources concordantes conseillent de s'initier à la gestion du stress et soutiennent que celui-ci cause bien des ennuis pour la santé. Consciente de tout le tapage autour de cette question, j'essaie dans la mesure du possible de me tenir loin des explosifs censés allumer ce brasier dangereux. Un défi de taille d'autant plus que la vie est si mouvementée, si préoccupante qu'il est utopique de penser vivre infiniment dans la sérénité.
Pour la petite histoire, j'étais surprise d'une disparition inexpliquée de mes menstruations : je n'étais ni enceinte, ni en âge d'atteindre la ménopause, ni même en mesure de savoir ce qui pouvait occasionner ce dérèglement hormonal. J'ai dû aller à la recherche d'une solution pour « réveiller » ces menstruations qui sombraient dans un coma injustifiable et injustifié. Cette aménorrhée —, pour emprunter le jargon médical —, a une influence, une grande influence même sur mon moral, elle pourrit carrément l'existence des femmes qui, comme moi, font face à une telle situation à un moment donné...
Aïe ma jambe ! Des articulations rouillées à mon âge ! Rien que d'y penser, j'en ai le cœ,ur brisé. Comment donc prendre soin de ma famille si je ne suis pas en pleine forme ?
Les femmes de ma génération pètent la forme ! Et puis, trente ans, c'est très jeune pour souffrir de rhumatismes aigus, non ? Certes, cette maladie touche également des jeunes enfants, mais moi je n'en ai jamais souffert. Encore que, dans mon cas, je doute fort qu'il s'agisse réellement d'une usure de mes articulations sous l'effet de la maladie. Le diagnostic est ailleurs. On peut bien ressentir des symptômes d'une maladie sans pour autant en être atteint ! La cause doit être ailleurs...
La courbe de la trentaine à peine amorcée, j'ai autant de mal que ma grand-mère à me mouvoir librement. De fortes et intenses douleurs me dérangent. Douleurs articulaires ? Douleurs musculaires ? Comment les décrire au juste ? Bof, tant pis... Laissons les spécialistes poser les diagnostics. Les douleurs sont généralisées et très ardentes : une explication succincte pour décrire mes maux. C'est suffisant pour permettre au médecin de mener son investigation. Peut-être faudrait-il aussi ajouter que ces épisodes durent depuis plusieurs mois déjà ? Oui, j'ajouterai cette précision. Au moins, on comprendra que mes maux ne sont pas passagers, effectivement ils durent depuis plusieurs mois... Il y a bel et bien anguille sous roche...
On m'interrogera si mes explications ne conviennent pas... Mon état me dérange suffisamment : il n'est donc pas question de dépenser de l'énergie dans des efforts supplémentaires. Le médecin fera son travail...
Aller à l'hôpital, aux urgences ? Cette solution serait la plus efficace. Comme le précise bien ces mots, aller aux urgences signifie qu'il faut se rendre à l'hôpital sans avoir besoin de prendre un rendez-vous devant une obligation, un imprévu. Seulement, les longues heures d'attente avant de voir un médecin découragent les malades. Je m'y suis déjà rendue plusieurs fois avec mes enfants. Pour des gens comme moi qui n'aiment pas consulter lorsqu'ils se retrouvent confrontés à de nombreux ennuis de santé, ces attentes aident à justifier nos peurs et notre impatience : on ne consulte pas parce que les attentes sont longues... En même temps, je suis une hypocondriaque, j'ai peur de tomber malade. Le moindre souci de santé m'affole, provoquant une angoisse indescriptible.
Tu te plains depuis des mois et tu ne vas pas voir un médecin, avait vociféré ma collègue.
Je le ferai quand j'aurai du temps... Tu sais, les enfants, le travail et les longues heures d'attente aux urgences ...
Aucune de toutes ces raisons n'excuse ta négligence : si tu veux prendre soin de ta famille, il faut être en bonne santé.
Mon mari me le disait hier également...
Alors, voici ce que tu dois faire : tu laisses les enfants à ton mari et tu vas aux urgences. L'attente est longue, je le sais, mais au moins on verra ce qui se passe.
Et si c'est quelque chose de grave ? Plus on découvre tôt une maladie, plus on la traite efficacement : je ne te l'apprends pas, hein ?
Tu as tout à fait raison.
Ton corps, prends-en soin, comme tu le fais pour ta famille...
Je connaissais cette dame depuis peu. Mais comme on dit, le courant était vite passé entre nous : une rencontre enrichissante, quoi ! Échanges riches... Débats culturels captivants... Ma curiosité en a déniché des trésors... Même sur le plan culinaire, j'y ai gagné, j'ai fait des voyages, je me suis imprégnée de la culture de celle-ci. J'y ai puisé des merveilles qui ensoleillent mes journées tristes. Et ces voyages, j'en fais autant que je peux : je découvre certaines cultures par la table : il faut bien marier nos passions pour en profiter pleinement ! J'aime concocter de bons petits plats... J'aime les voyages... Je fais s'entrelacer mes deux amours en m'infiltrant furtivement, sans visa, sans passeport, sans même les connaissances préalables, au cœ,ur des peuples inconnus. Je m'enfuis avec le butin obtenu, incognito... Aucune trace de mon passage... Et moi, je continue mes expéditions culturelles... Toujours aussi passionnée qu'au début... Mais surtout, après chacune d'entre elles, j'ajoute à ma sacoche les nouvelles découvertes. Puis, je m'envole vers d'autres destinations... Je m'envole sans cesse, je m'envole en toute liberté : j'adore ça !
Voilà pourquoi je garde la tête haute, je suis prête à recommencer plaisamment ces expériences enrichissantes. Que dis-je ? Recommencer ? En réalité, j'peux plus m'en passer...
La semaine prochaine, .'Tribulations d'une migrante dans le passé, le présent et l'avenir'
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