Les Français et l’argent liquide : une love story

Espèces sonnantes et trébuchantes, bas de laine à domicile, sont d'actualité et même ont de l'avenir contrairement à ce que l'on pourrait penser à l'heure de la carte bancaire et des paiements électroniques. C'est ce qui ressort de l'étude 'Les Français et l'argent liquide' réalisée par l'Ifop pour Wincor Nixdorf et publiée le 7 avril 2010. Avis aux détrousseurs de goussets !




Plusieurs enseignements peuvent être tirés de cette étude, qui tend à approfondir le rapport de proximité que les Français entretiennent avec l'argent liquide :

En dépit du ressenti majoritaire d'un usage en baisse, les Français maintiennent un rapport quotidien à l'argent liquide. La possession d'argent liquide sur soi et les montants disponibles sont corrélés au niveau de vie, au sexe et à l'âge des personnes : les hommes, les personnes âgées et les personnes disposant des plus hauts revenus apparaissent plus à même d'avoir systématiquement de l'argent liquide sur eux dans des proportions plus importantes que le reste de la population.

Le rapport « charnel » à l'argent est confirmé par plus d'un Français sur trois qui conservent de l'argent à domicile. Dans le même temps, la confiance accordée aux banques est semble-t-il revenue malgré les doutes sur la sécurisation des dépôts suscités par plusieurs faillites bancaires lors du déclenchement de la crise économique puisque deux tiers des Français affirment que toutes leurs économies sont à la banque.

L'usage de l'argent liquide est sans conteste dédié aux besoins du quotidien et aux dépenses courantes (épicerie, presse, tabac, boulangerie,...), c'est-à-dire pour des règlements souvent inférieurs à 15 euros mais qui représentent la majorité des opérations (56% des transactions ont une valeur inférieure à 15 euros selon une enquête Groupement des Cartes Bancaires/Télécom Paris). Au delà de 15 euros, une majorité des personnes interrogées se met à utiliser un autre moyen de paiement. Dans toutes les autres situations de paiement, les règlements par cartes bancaire ou chèque sont privilégiés par une majorité de Français. Totalement inscrits dans les comportements, ils sont utilisés dans des situations de paiement comme le péage, les repas au restaurant et les courses en supermarché. Se dessine ainsi une répartition nette de l'usage des moyens de paiement en fonction de la situation d'achat. Cette situation éclaire le rejet massif de la création d'un billet de 1 euro, idée lancée en janvier dernier par une commission interparlementaire.

En matière de retrait, la sécurisation du lieu de retrait prime sur la facilité d'accès : plus d'un Français sur deux (51%) préfèrent retirer de l'argent dans une agence bancaire (34% sur un distributeur automatique interne et 17% au guichet) alors que 44% des personnes retirant de l'argent le font à un distributeur dans la rue. Par ailleurs, l'installation de distributeur dans certains endroits fait l'objet d'attentes fortes : l'idée d'installer des distributeurs dans les galeries marchandes et les magasins et de pouvoir à nouveau en disposer dans les gares séduit de nombreuses catégories de la population.


DETAILS DE L'ETUDE

De l'argent sur soi



95% des Français déclarent détenir de l'argent liquide sur eux. La fréquence de détention est également répartie : un tiers des Français détient de l'argent liquide « systématiquement », 34% « souvent » et un quart « rarement » (27%). La possession d'argent liquide sur soi est une pratique courante au sein de la population française mais la fréquence varie selon différents critères. 38% des hommes contre 30% des femmes disposent systématiquement d'une somme d'argent liquide sur eux. De façon attendue, l'âge apparaît comme un critère déterminant : 16% des 18-24 ans contre 52% des 65 ans et plus ont systématiquement de l'argent liquide sur eux. De même, le niveau de revenu est décisif : la majorité des plus faibles revenus déclarent n'être que rarement dans ce cas de figure (49% des personnes dont le foyer perçoit entre 800 et 1200 euros), une forte majorité des plus hauts revenus déclarent détenir systématiquement du liquide sur eux (59%).

47% des personnes interrogées déclarent détenir en moyenne entre 10 et 20 euros sur eux tandis qu'un quart (25%) font état d'une somme allant de 21 à 49 euros. Une personne sur dix a généralement environ 50 euros sur lui (10%) et 5% 100 euros.
La somme moyenne d'argent liquide détenue est de 37 euros. Toutefois les écarts à la moyenne sont très importants et on constate une corrélation forte entre la possession systématique d'argent sur soi et le montant de la somme détenue. Cette somme s'élève à 59 euros (+ 22 euros par rapport à la moyenne) pour les personnes âgées de plus de 65 ans contre 20 euros en moyenne pour les moins de 35 ans, soit la plus faible somme déclarée. Les ouvriers (23 euros) et les employés (25 euros) déclarent également des sommes inférieures à la moyenne. Alors que les plus faibles revenus déclarent détenir entre 22 et 25 euros sur eux en moyenne, les personnes percevant plus de 4 500 euros par mois ont quasiment le triple de cette somme en leur possession (66 euros). Notons que les personnes retirant de l'argent plusieurs fois par semaine ont en moyenne 46 euros sur eux tandis que ceux qui retirent rarement de l'argent liquide disposent de 33 euros.

Pour 80 % des personnes interrogées, garder de l'argent sur ellespermet de régler des dépenses courantes. Pour un tiers des personnes interrogées, conserver de l'argent liquide sur soi rend également libre d'effectuer un achat impromptu (36%). Les raisons « psychologiques » apparaissent plus secondaires : 17% déclarent posséder de l'argent liquide pour palier le fait que de nombreux endroits n'acceptent pas le paiement par carte et pour 14% avoir de l'argent sur soi constitue un élément rassurant.
Dans le détail, les comportements se répartissent de façon relativement homogène. Notons que les cadres soulignent plus largement que la moyenne l'utilité de garder de l'argent liquide sur eux : pour régler leurs dépenses courantes (87% contre 80% en moyenne) et pour effectuer un achat impromptu (43% contre 36%).

Le choix de ne pas avoir d'argent liquide sur soi est expliqué avant tout par la préférence pour la carte bancaire (77%). Pour trois personnes sur dix (30%), ne pas détenir d'argent liquide est aussi un moyen de moins dépenser. La peur de se faire voler son argent (5%) constitue une raison très minoritaire de ne pas détenir d'argent liquide sur soi.


De l'argent au domicile



Un peu plus du tiers des personnes interrogées gardent de l'argent liquide à leur domicile (36%), essentiellement pour financer des dépenses courantes (27%). 12% des interviewés sont rassurés par la présence de liquide à leur domicile. Les deux tiers des personnes interrogées affirment que toutes leurs économies sont à la banque, résultat qui permet de constater la forte confiance dont continuent à jouir ces organismes en dépit de la crise qui les a traversées.
Les catégories de population indiquant conserver une somme d'argent à leur domicile sont proches de celles détenant de l'argent liquide sur eux. 41% des hommes contre 32% des femmes possèdent de l'argent à leur domicile. Près de la moitié des personnes âgées de plus de 65 ans gardent de l'argent chez eux (47%, dont 33% pour les dépenses courantes). Plus éloignés des distributeurs, les habitants des communes rurales disposent davantage d'une somme d'argent liquide à leur domicile (42%). Notons que les personnes indiquant avoir systématiquement de l'argent sur eux font aussi état d'une réserve d'argent à leur domicile (48%). En revanche, la fréquence de retrait d'argent liquide n'apparait pas comme un facteur déterminant.

Trois quarts des personnes conservant de l'argent à leur domicile déclarent ne pas le cacher (76%). En revanche, un quart (24%) avoue cacher de l'argent à son domicile, dont 20% une petite somme et 4% une grosse somme. Notons toutefois que ces résultats sont de l'ordre du déclaratif et que ce phénomène, difficile à quantifier, est sans doute minoré dans les réponses données par les personnes interrogées.
De façon contre-intuitive, les personnes âgées de 65 ans et plus ne constituent pas la génération qui cache le plus de l'argent à domicile (17% contre 30% pour la catégorie des 35-49 ans). Les ouvriers (41%) et les artisans commerçants (37%) indiquent davantage cacher de l'argent à leur domicile que les cadres (15%).


Le retrait d'argent liquide

La fréquence du retrait d'argent varie beaucoup. Si aucun interviewé ne se rend quotidiennement au distributeur, un tiers (34%) retire de l'argent liquide au moins une fois par semaine, 35 % « plusieurs fois par mois » et 29% « moins souvent ». Seuls 2% des interviewés ne retirent jamais d'argent.
Dans le détail, les habitudes de retrait diffèrent selon les catégories de la population. Les catégories professionnelles supérieures retirent de l'argent plus fréquemment que la moyenne : 44% des cadres et 40% des professions intermédiaires retirent de l'argent au moins une fois par semaine, tout comme les habitants de l'agglomération parisienne (45%). Les personnes âgées de plus de 65 ans (43%) et les personnes disposant de très hauts revenus (42%) sont plus nombreux à retirer de l'argent plusieurs fois dans le mois.

60% des personnes interrogées déclarent retirer une somme inférieure à 50 euros, dont 24% entre 10 et 20 euros et 14% 50 euros. Parmi les 38% retirant une somme supérieure, 10% retirent 100 euros en général. La somme médiane retirée est de 46 euros.
Le montant retiré diffère entre les différentes catégories : si les personnes âgées de moins de 35 ans retirent en moyenne 40 euros, les 65 ans et plus retirent 141 euros (somme importante dans la mesure où certains retirent de très gros montants à chaque retrait). En toute logique, plus la fréquence du retrait est espacée plus la somme retirée est importante : 60 euros en moyenne pour les personnes retirant plusieurs fois par semaine de l'argent liquide contre 87 euros pour ceux en retirant beaucoup plus rarement.

La sécurisation du lieu de retrait prime sur la facilité d'accès : plus d'un Français sur deux (51%) préfèrent retirer de l'argent dans une agence bancaire (dont 34% sur un distributeur automatique interne et 17% au guichet) alors que 44% des personnes retirant de l'argent le font à un distributeur dans la rue. Seuls 5% des personnes interrogées ont pour habitude de retirer de l'argent dans une galerie marchande.
Dans le détail, les comportements de retrait diffèrent selon les critères d'âge, d'activité et de localité. Certaines catégories de la population privilégient nettement les distributeurs automatiques installés dans la rue au détriment du retrait d'argent au guichet ou au distributeur à l'intérieur d'une agence : les moins de 35 ans (54% contre 43% pour les retraits en agence), les catégories professionnelles supérieures (57% des cadres et 50% des professions intermédiaires), les employés (56% contre 41%), les habitants de l'agglomération parisienne (56%) et les personnes retirant de l'argent plusieurs fois par semaine (58% ont pour habitude d'utiliser les distributeurs extérieurs).

En revanche, d'autres catégories de la population font en majorité le choix d'un retrait à l'intérieur d'une agence, afin de bénéficier d'un minimum de sécurité : les plus de 65 ans (66%), les habitants d'une commune urbaine de province ou d'une commune rurale (51% à 54%) et les hauts revenus (53% à 54% des personnes dont le foyer perçoit plus de 3 000 euros).

Si les personnes interrogées sont peu nombreuses à retirer de l'argent dans les galeries marchandes, près de la moitié d'entre elles souhaiteraient pouvoir disposer de distributeurs dans ces lieux consacrés à la dépense d'argent et un tiers souhaiterait pouvoir retirer de l'argent plus spécifiquement dans un magasin (36%). La disparition des distributeurs dans les gares semble être regrettée par un tiers des personnes interrogées (34%). Mais seulement 14% des interviewés appellent de leurs voeux la présence de distributeur dans les stations-service et 11% dans les cinémas.

Dans le détail des résultats, les femmes souhaitent davantage que les hommes le retour des distributeurs dans les gares (39% contre 29%). En revanche, les hommes se montrent plus nombreux à vouloir pouvoir retirer de l'argent dans les stations-service (16% contre 11%). Les moins de 35 ans sont plus favorables que la moyenne à l'installation de distributeurs dans les cinémas (20% contre 11%). Les habitants de l'agglomération parisienne souhaiteraient pouvoir en disposer dans les gares (46% contre 34% en moyenne) et les personnes disposant de très hauts revenus dans les galeries marchandes (55% contre 48% en moyenne).


L'usage de l'argent liquide

Parmi les différentes dépenses testées, seules les dépenses courantes font l'objet d'un règlement en liquide pour une majorité écrasante de Français (90%). Bien que 44% des Français continuent de régler le cinéma et les caisses de parking en liquide, une majorité privilégie à présent un autre moyen de paiement (56%). Le péage (19%), les repas au restaurant (8%), les courses au supermarché (5%) et le paiement dans les stations-service (4%) constituent des prestations réglées en liquide par une minorité de la population.
Les catégories plus attachées au paiement en liquide se recrutent parmi les personnes les plus âgées (59% des 65 ans et plus payent le cinéma en liquide), les artisans commerçants (52% pour le cinéma, 59% pour les caisses de parking, 29% pour le péage et 23% pour les repas au restaurant). A l'inverse, les personnes disposant des plus hauts revenus (plus de 4 500 euros par mois) semblent privilégier les autres moyens de paiement (29% payent les caisses de parking en liquide contre 44% en moyenne, 7% le péage contre 19% en moyenne et 2% les repas au restaurant contre 8% en moyenne). En toute logique, plus la fréquence de retrait est importante plus le paiement en liquide demeure fréquent.

Le montant maximum pour un paiement en liquide correspond peu ou prou au montant minimum exigé par une grande quantité de magasins pour un paiement par carte bleue : 53% des personnes interrogées arrêtent de payer en liquide à partir d'un montant inférieur à 15 euros (9% sous 10 euros / 44% entre 10 et 15 euros), 18% à partir de 16 à 20 euros et 21% entre 21 et 50 euros. Ces données sont cependant à rapporter au nombre de paiements puisque 56% des transactions ont une valeur inférieure à 15 euros (source Enquête Groupement des Cartes Bancaires/Télécom Paris).
Le montant maximum pour un paiement en liquide est corrélé au montant moyen d'argent liquide détenu par chaque catégorie de population observée précédemment. 58% des femmes indiquent arrêter de payer en liquide à partir d'un montant inférieur à 15 euros contre 49% des hommes. 39% des personnes retirant de l'argent plusieurs fois par semaine passent à un autre moyen de paiement pour une somme comprise entre 21 et 50 euros contre 21% en moyenne.
Notons que les artisans commerçants privilégient bien plus fortement que la moyenne l'usage de l'argent liquide : 35% déclarent arrêter de payer en liquide à partir d'une somme inférieure à 15 euros contre 53% en moyenne, en revanche, 20% arrêtent à partir de 50 euros contre 8% en moyenne.


L'avenir de l'argent liquide

Une majorité des personnes interrogées a le sentiment de payer moins en liquide qu'auparavant (63%) tandis que moins du tiers (31%) estiment payer autant et 6% davantage. Résultats étonnants puisque, selon les données de la Banque Centrale Européenne, le nombre de billets en euros en circulation augmente de 9% par an : le ressenti est donc en décalage avec la réalité.
Dans le détail, la jeune génération est plus encline à considérer payer moins en argent liquide qu'il y a quelques années (67% des moins de 35 ans contre 61% des plus de 35 ans). Les artisans et commerçants déclarent plus massivement que la moyenne avoir le sentiment de payer plus en liquide qu'auparavant (18% contre 6% en moyenne).

L'argent liquide a toujours de l'avenir : 54% des Français estiment qu'ils payeront autant ou plus en liquide dans quelques années (48% autant —, 6% plus) contre 46% qu'ils payeront moins.
Les 18-24 ans (54%) et les plus hauts revenus (entre 50 et 52% des foyers percevant plus de 3 000 euros par mois) sont les plus pessimistes quant à l'avenir de l'argent liquide.

Enfin, les trois quarts des Français (78%) rejettent l'hypothèse de la création d'un billet de 1 euro, dont 41% qui se déclarent résolument opposés (« pas du tout favorable »). Seuls 22% des Français se montrent favorables à la création de ce nouveau billet (dont 6% « très favorables »).
Les plus réticents se trouvent parmi les 18-24 ans et les employés (84% d'opinions défavorables dans les deux catégories). Au sein des partisans de ce nouveau billet, on trouve les personnes les plus âgés (28% des 65 ans et plus), les cadres et professions libérales (27%), les personnes retirant de l'argent plus d'une fois par semaine (27%) et, dans une moindre mesure, les personnes disposant de hauts revenus (26%).

A propos de Wincor Nixdorf - Intégrateur Métier pour la Banque et la Distribution, Wincor Nixdorf conçoit, met en œ,uvre et opère des solutions globales permettant d'accompagner les plus grands acteurs de ces marchés dans l'amélioration de leurs process Métier en agissant sur trois flux stratégiques : les flux clients, les flux de gestion d'espèces et les flux de paiements électroniques. - www.wincor-nixdorf.com/fr.

Par Nicole Salez

Portrait de admin

Ajouter un commentaire