Les Onze - Pierre Michon - Grand Prix Académie Française

L'Académie française, dans sa séance du jeudi 29 octobre 2009, a décerné son Grand Prix du Roman à Pierre Michon pour son ouvrage 'Les Onze'.




Les voilà, encore une fois : Billaud, Carnot, Prieur, Prieur, Couthon, Robespierre, Collot, Barère, Lindet, Saint-Just, Saint-André.
On connait le célèbre tableau des Onze où est représenté le Comité de salut public qui, en 1794, instaura le gouvernement révolutionnaire de l'an II et la politique dite de Terreur.
Mais qui fut le commanditaire de cette œ,uvre ?
À quelles conditions et à quelles fins fut-elle peinte par François-Élie Corentin, le Tiepolo de la Terreur ?
Mêlant fiction et histoire, Michon fait apparaître avec la puissance d'évocation qu'on lui connaît, les personnages de cette « cène révolutionnaire », selon l'expression de Michelet qui, à son tour, devient ici l'un des protagonistes du drame. Pierre Michon invente ici un peintre, François-Élie Corentin, et un tableau, censé représenter les onze membres du Comité de salut public.


Extrait



Et que dois-je peindre ? dit-il. Cette fois il regarda Proli franchement, comme si Proli était un laquais. Proli le regardait de même. Celui-ci lâcha d'une voix flûtée et aiguisée, qui ressembla un instant à celle de Robespierre :
— Tu sais peindre les dieux et les héros, citoyen peintre ? C'est une assemblée de héros que nous te demandons. Peins-les comme des dieux ou des monstres, ou même comme des hommes, si le cœ,ur t'en dit. Peins Le Grand Comité de l'an II. Le Comité de salut public. Fais-en ce que tu veux : des saints, des tyrans, des larrons, des princes. Mais mets-les tous ensemble, en bonne séance fraternelle, comme des frères.
Il y eut un silence. Le feu était mort, la lumière seule de la grande lanterne carrée tombait d'aplomb sur l'or répandu à la place exactement où reposaient tout à l'heure les vieux os. Les visages étaient dans l'ombre. Soudain de l'autre côté du mur dans l'église Saint-Nicolas un cheval invisible s'ébroua violemment et s'enleva des quatre fers, on entendit les sabots retomber comme des marteaux sur le pavé vide du vaisseau vide , il poussait à pleins naseaux un cri de trompette. On aurait dit qu'il riait. Ils rirent aussi tous les quatre. Corentin riant toujours se leva

- Les Onze
- Pierre Michon
- Editions Verdier
- 144 pages
- Paru en 04/2009
- 14 €


L'auteur : Pierre Michon



Pierre Michon est né le 28 mars 1945, aux Cards, dans la Creuse où ses parents étaient instituteurs.
Lycéen à Guéret, il étudie ensuite les lettres à l'université de Clermont-Ferrand (maîtrise sur le théâtre d'Artaud). Son premier texte paraît lorsqu'il a 37 ans, après quelques années consacrées aux études littéraires et au théâtre.


Paru aux éditions Verdier

Vie de Joseph Roulin, 1988 -
Maîtres et serviteurs, 1990 -
La Grande Beune, 1996 -
Le Roi du bois, 1996 -
Mythologies d'hiver, 1997 -
Trois auteurs, 1997 -
Abbés, 2002 -
Corps du roi, 2002 -
L'Empereur d'Occident, 2007 -
Les Onze, 2009.



Chez d'autres éditeurs

Rimbaud le fils, collection « L'un et l'autre », Gallimard, 1991 , collection « Folio », 1993.
L'Empereur d'Occident, illustrations de Pierre Alenchinsky, Fata Morgana, 1989.
Vies minuscules, Gallimard, 1984 , collection « Folio », 1996.


- Grand Prix du Roman de l'Académie française, 2009 (Les Onze)
- Grand Prix SGDL de littérature pour l'ensemble de l'œ,uvre, 2004
- Prix Décembre, 2002 (Abbés et Corps du roi)
- Prix Louis Guilloux, 1997 (La Grande Beune)
- Prix de la Ville de Paris pour l'ensemble de l'œ,uvre, 1996
- Prix France Culture, 1984 (Vies minuscules)

Par Nicole Salez
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