Mariya Nedelcheva : Egalité hommes-femmes dans l'UE

Membre de la commission des droits des femmes et de l'égalité des genres au Parlement Européen, la Bulgare Mariya Nedelcheva (Parti populaire européen) est l'auteur d'un rapport sur l'égalité hommes-femmes dans l'Union européenne qui a été adopté en session plénière par le PE le 8 mars 2011, 100ème Journée Internationale de la Femme. L'eurodéputée nous en dit davantage.




Les écarts de rémunération, l'accès à l'emploi, la protection de la maternité, la discrimination au travail sont quelques-unes des dures réalités auxquelles les femmes doivent faire face. Le rapport sur l'égalité hommes-femmes dans l'Union européenne de Mariya Nedelcheva souligne le rôle de l'éducation et envisage la crise actuelle « comme une chance pour les gouvernements de se poser les bonnes questions et d'examiner leurs politiques sous un nouvel angle ». Il a été adopté en session plénière par le PE le 8 mars 2011.

- La Journée de la femme est célébrée depuis 100 ans. Où en est l'égalité hommes-femmes aujourd'hui ?

Mariya Nedelcheva : Depuis 100 ans, la situation a beaucoup évolué. Nous sommes partis de très bas, nous sommes arrivés à une relative égalité mais beaucoup reste encore à faire. L'Union européenne a beaucoup œ,uvré en la matière grâce à la mise en place d'un important corpus législatif, allant de l'égalité de l'accès à l'emploi à la lutte contre les discriminations au travail en passant par la protection de la maternité.

Mais malheureusement - et la crise économique que nous traversons aujourd'hui n'arrange rien - les femmes ne disposent toujours pas des mêmes chances sur le marché du travail que les hommes. Le taux de chômage des femmes est plus élevé que celui des hommes alors qu'elles sont plus nombreuses à posséder un diplôme universitaire. De même, si l'on regarde les chiffres de la Commission européenne, une femme gagne en moyenne 17,8 % de moins qu'un homme pour chaque heure travaillée. En faisant le calcul, on aboutit à un chiffre tout à fait aberrant : une femme en Europe devrait travailler 418 jours sur une année pour gagner le salaire d'un homme. Cette inégalité d'ailleurs est très visible dans les postes à responsabilité : seules 3 % des grandes entreprises en Europe ont à leur tête une femme. Nous sommes donc encore loin du compte !

- Quelles sont les principales réalisations de l'UE ?

MN : Il me semble qu'au-delà des mesures très spécifiques qui ont été mises en place, l'une des principales réussites de ces dernières années, c'est d'avoir introduit l'objectif d'égalité des genres de façon transversale dans toutes les politiques. Je crois que c'est cela qui nous a fait avancer. Quel que soit le domaine dans lequel nous intervenons, nous avons une lumière rouge qui s'allume et qui nous rappelle à l'ordre dès que nous nous éloignons de cet objectif d'égalité. Evidemment, ce cadre général n'est pas suffisant, mais il est nécessaire pour prendre des mesures concrètes et ciblées.

- Pourquoi faisons-nous toujours face aux mêmes défis ?

MN : Tout simplement parce qu'à l'heure actuelle, les femmes sont plus fragiles que les hommes sur le marché du travail. Cela aboutit à des situations de plus grande pauvreté chez les femmes que chez les hommes. Et la crise économique n'a fait qu'aggraver les choses. Au départ, les premiers secteurs touchés (automobile, construction) étaient constitués majoritairement d'hommes, mais la crise s'est étendue durablement au secteur des services composé majoritairement de femmes. Dès lors, nous nous retrouvons face à une situation qui s'est détériorée et qui malheureusement est partie pour durer si nous ne faisons rien.

- Que faire à l'avenir ?

MN : La crise, malgré ses effets négatifs, nous offre l'opportunité de revoir notre copie en réfléchissant au pourquoi du comment de notre échec, et, ce faisant, en proposant des mesures innovantes. Il est grand temps de penser à la reconversion dans les nouveaux secteurs porteurs tels que l'environnement, les nouvelles technologies, ou encore l'économie sociale (mutuelles, fondations, coopératives).

D'autre part, les femmes et les jeunes filles ne sont pas suffisamment orientées vers les domaines scientifiques. L'enjeu de l'orientation est capital. Les Etats membres doivent à tout prix réfléchir à une nouvelle manière de diriger les enfants vers les filières scientifiques pour que les facultés scientifiques soient davantage représentées dans nos sociétés.

Mais malgré tous les efforts entamés, les chiffres parlent d'eux-mêmes : les femmes, souvent surdiplômées, n'arrivent pas dans les faits à dépasser ce plafond de verre qui les empêche d'accéder aux postes à responsabilité. Les entreprises doivent s'inspirer des bons élèves qui atteignent cet objectif d'égalité des genres, à la fois en terme de salaire mais aussi de représentation aux postes à responsabilité, pour arriver à une véritable égalité de fait.

- Comment imaginez-vous la situation dans 30 ans ?

MN : J'espère que les mesures qui sont prises aujourd'hui auront un effet boule de neige sur le long terme et que nous pourrons dire que l'Europe, grâce à ses valeurs fortes communes, a été pionnière en la matière. Et d'ailleurs, j'espère que nous pourrons être pris en exemple par nos partenaires qui dans trente ans, peut-être, seront confrontés aux mêmes enjeux. Car l'égalité entre les femmes et les hommes ne s'arrête pas aux frontières européennes. Elle va bien au-delà.

- Quel serait votre message principal pour la Journée de la femme ?

MN : Dans trente ans, nous nous rappellerons de 2011 comme l'année des révolutions. Ce qui se passe actuellement en Tunisie, en Egypte, au Yémen, au Bahreïn et dernièrement en Libye me laisse espérer que les femmes saisiront cette opportunité de renouveau pour s'émanciper socialement, économiquement et politiquement.


Pour voir le profil de Mariya Nedelcheva, cliquez ici

Source : Parlement Européen



Par Nicole Salez

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