Médecine et chirurgie esthétiques, les tops et les flops

congrès IMCAS 2012

L'IMCAS, congrès européen dédié aux chirurgiens plasticiens, aux dermatologues et aux professionnels de la médecine esthétique vient de se tenir, faisant le point sur les différentes techniques d'embellissement ou de correction esthétique. On y a évoqué aussi bien les réussites que les échecs ou ce que, naguère, nos professeurs auraient annoté d'un « peut mieux faire » en marge des copies. Les tops et les flops en somme.






Côté tops

L'acide hyaluronique tient la vedette incontestablement. L'arrivée récente d'aiguilles d'injection souples n'a fait qu'accentuer l'envie des femmes —,et des hommes- d'améliorer leur aspect physique sans passer par la chirurgie. Les techniques de comblement ont aussi un double avantage : les produits injectés n'ont jamais provoqué de problème majeur (qui de toute façon serait éphémère puisque l'acide hyaluronique est un gel résorbable) et sans transformer l'expression d'un visage, il permet de lui donner un aspect plus jeune. Il permet de redonner du volume, combler des rides, bloquer l'affaissement de certaines zones. Faut-il pour autant l'essayer sur toutes les zones du corps ? Certainement pas. Mieux vaut s'assurer que votre médecin ne vous prend pas pour son cobaye. Le comblement des pommettes, des creux qui donnent un aspect fatigué, des rides autour de la bouche, la correction du menton ou la retouche permettant de pulper discrètement les lèvres sont désormais monnaie courante. Attention si vous voulez combler la paupière inférieure pour combler le creux. La zone est fragile et l'acide hyaluronique injecté peut ne pas tenir parfaitement en place occasionnant une petite poche là où il n'y en avait pas. Certains médecins s'y risquent mais ce n'est pas une réussite à 100%. L'avantage est que l'acide hyaluronique n'est pas un produit permanent et disparaîtra au bout de quelques mois. Par contre on comble joliment les mains qui se sont décharnées ou le haut du buste lorsque les rides sont apparues. Il y a quelques années on a proposé l'acide hyaluronique pour augmenter le volume des seins ou galber les fesses....Très cher, éphémère et peu sûr. A éviter ou a confier aux techniques chirurgicales.

Bien que devenue courante pour le visage, la pratique exige toujours une parfaite asepsie et un interrogatoire sérieux avant injection, notamment pour savoir si ces injections font suite ou non à une intervention chirurgicale (de plus en plus on mixe les deux). Les patientes doivent comprendre l'importance de bien signaler d'éventuelles maladies, allergies, traitements en cours même s'ils leur semblent anodins. Il est important aussi pour elles de savoir quel produit a été injecté pour permettre une traçabilité à long terme.



La toxine botulique
garde, elle aussi, toute son utilité notamment pour bloquer les rides frontales, intersourcilières et des « pattes d'oie ». A l'heure actuelle trois toxines fiables et performantes existent en Europe. Ailleurs on utilise des toxines chinoises et coréennes ainsi que l'américaine. Ces dernières années ont vu l'arrivée sur le marché de cosmétiques dits Botox-like, vaste opération marketing sans grand intérêt. Mais d'ici l'an prochain une formulation plus sérieuse, plus opérationnelle et médicalisée, destinée aux pattes d'oie, devrait arriver jusqu'à nous en provenance de Californie (crème Revance) même si elle n'aura pas la capacité de se substituer à l'injection traditionnelle.


PIP, ce ne serait pas la faute à la presse ?



L'injection de sa propre graisse
, reste controversée. A priori le lipofilling ou injection de son propre tissu graisseux semble « naturel ». La demande va peut-être s'accélérer momentanément compte tenu de la défiance de certaines patientes à l'égard des implants remplis de gel de silicone. La prudence et une véritable information doivent être exigées des patientes car tous les praticiens n'ont pas la même notion du principe de précaution.
L'un des chirurgiens entendu lors d'une conférence de l'IMCAS affirmait ainsi que cette défiance « prend sa raison à diverses sources dont un déferlement médiatique extrêmement mal contrôlé » dont nous les medias serions « directement responsables » Selon lui ce sont « les chirurgiens plasticiens qui doivent assumer les conséquences de cette ambiance extrêmement alarmiste dont rien n'a jamais trouvé les fondements »....
Cependant, s'agissant de lipofilling, toutes les personnes ne disposent pas toujours du volume suffisant à prélever sur une partie de leur corps pour l'injecter ailleurs. De plus la graisse est un matériau vivant riche en facteurs de croissance, ce qui oblige à s'interroger sur son innocuité à long terme dans des tissus aussi sensibles par exemple que les seins. Cela conduit aussi à réfléchir aux promesses des cellules souches car la graisse de notre organisme est la source la plus importante de cellules souches « mères ». Par conséquent les greffes de graisses pour le comblement esthétique favorisent en même temps l'injection d'une certaine quantité de ces cellules. Or, celles-ci continuent à proliférer après leur transplantation et libèrent des facteurs de croissance et permettent d'améliorer la vascularisation des tissus, donc de les améliorer. Mais le recul reste encore trop limité pour qu'il soit possible de dégager des certitudes sur l'avenir de ces cellules greffées et d'en évaluer précisément les bénéfices et les risques.



A noter avec intérêt l'initiative de l'IMCAS dont les membres, à la lumière du scandale des prothèses mammaires PIP, ont décidé désormais d'organiser leur propre système de vigilance hors laboratoires. Depuis plusieurs années déjà l'IMCAS a mis en place un groupe de travail « vigilance » pour les produits implantables , son travail va être renforcé notamment en matière de remontée des informations sur les complications rencontrées. Cette année, l'IMCAS publie également les résultats d'une première enquête réalisée auprès de 400 médecins sur les complications des injectables (acide hyaluronique, toxines botuliques, collagènes etc). Les fillers et autres volumateurs même s'ils sont connus, reconnus et connaissent très peu de complications et de surcroît minimes vont donc être passés au crible par un groupe de médecins et chirurgiens qui déclarent sans ambage que la médecine sans risque n'existe pas même si le risque, avec les produits qu'ils utilisent est extrêmement faible. Ils vont comparer entre eux les produits des différents laboratoires avec lesquels ils travaillent. Ils voudraient également obtenir un changement de législation pour que tous les produits utilisés ne soient pas juste bénéficiaires d'un marquage CE autorisant leur mise en vente comme ce fut le cas des prothèses incriminées. Il faut bien reconnaitre qu'à l'heure actuelle seule la toxine botulique a le statut de médicament avec toutes les études cliniques que cela suppose.


Côté flops

Les LEDS. Elles se sont infiltrées partout dans nos vies de l'écran télévisé aux lampes, de l'éclairage public à la dermatologie. Elles ont des usages multiples et en particulier contre l'acné inflammatoire ou mixte, pour réduire des processus inflammatoires, des ridules, des modifications de teint, pour accélerer le processus de cicatrisation post-laser ou post-peeling. Les LEDS affichent des scores très discutables dans leur application destinée au rajeunissement de la peau. Quoi qu'il en soit n'en attendez pas de miracle et évaluez bien le rapport qualité/prix pour une technique que l'on peut vous proposer dont l'effet n'est ni spectaculaire ni durable. Elles offrent des perspectives plus encourageantes pour potentialiser l'utilisation de principes actifs sur la peau.

Les Radiofréquences. Elles sont utilisées pour stimuler la synthèse de collagène, donc a priori comme anti-rides, pour obtenir un effet tenseur sur le visage le cou et le corps en luttant contre le relâchement cutané ou pour traiter le vieillissement du cou et du décolleté. Elles ont l'avantage d'être bien tolérées et de pouvoir traiter tous les phototypes mais, comme le constatent les dermatologues, leur inconvénient est d'être d'une efficacité très variable selon chaque patient. A environ 250 € la séance (et il en faut plusieurs), c'est à réfléchir.....

Pour plus de précisions
http://www.imcas.com/fr/imcas2012/congress
et
http://www.vigipil.eu/blog/

Par Evelyne Dreyfus

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