”Monet Intime”, Photographies de Bernard Plossu

Au musée des Impressionnistes de Giverny

C'est à un autre regard que celui que porte généralement le grand public sur le peintre Claude Monet que nous invite le photographe Bernard Plossu avec l'exposition « Monet Intime » au musée des Impressionnistes de Giverny. Son parti pris : traduire Monet, sans l'imiter.


Jardin vu de la chambre de Claude Monet, Giverny, hiver 2010 © Bernard Plossu


« Ici, je sens Monet, et j'apprends à l'aimer en le comprenant. » Bernard Plossu

L'exposition 'Monet intime' réunit un ensemble inédit de soixante photographies noir et blanc et couleur, prises à l'occasion de plusieurs visites, à des saisons (hiver 2010 et printemps 2011) et des heures différentes, du photographe Bernard Plossu à Giverny. Ces photographies représentent la Maison de Monet ainsi que les jardins pris depuis la Maison.

Toutes ces prises de vue de Bernard Plossu révèlent la maison de Claude Monet d'une façon radicalement nouvelle et singulière. On retrouve le tremblé des images prises en marchant, le sentiment de vide, la poésie des silences, l'utilisation du grain ou du gris photographique, les fortes ambiances atmosphériques, les effets de miroir, devenus des constantes dans la manière photographique de Bernard Plossu, Grand Prix National de la Photographie en 1988. Le photographe capte l'atmosphère de cette maison de famille, devenue aujourd'hui lieu de mémoire.

Visiter l'exposition 'Monet intime', c'est un peu comme si, les occupants, Claude Monet et sa famille, s'étant absentés, on pénétrait discrètement dans le lieu où l'auteur des 'Nymphéas' vécut de 1883 jusqu'à sa mort le 5 décembre 1926, à l'âge de 86 ans.

Puissamment évocatrices, les photos de Bernard Plossu nous invitent à appréhender un univers bourgeois fleurant bon l'odeur du linge propre soigneusement plié dans de hautes armoires, où le parfum suave des confitures faites maison dans de grandes bassines en cuivre.

On pénètre dans le salon-atelier baigné de lumière aux cimaises couvertes de répliques de Monet de toutes les périodes, où trône le buste du peintre réalisé par Paul Paulin et les photographies d'amis ou les portraits de famille. Puis, on entre dans la cuisine aux carreaux bleus de Rouen , la salle à manger ornée d'estampes japonaises au carrelage de Saint-Just à damier blanc et rouge foncé , au premier étage la chambre du maître qui domine le jardin , la chambre bleue d'Alice, Alice Hoschedé, elle-même peintre, épousée en 1892.

L'hiver, quand les maîtres s'absentent, on couvre les meubles de draps, l'été, la famille jouit de la jolie maison et de son délicieux jardin à nul autre pareil. C'est la fête de la couleur, à l'intérieur comme à l'extérieur : harmonie de jaunes solaires dans la salle à manger, de bleus dans la cuisine, fête sensuelle au jardin. Choisie avec minutie par le maître des lieux, la couleur est partout.

Tiens ! Levé à cinq heures, comme chaque matin, Claude Monet a entrebâillé le volet de la fenêtre de sa chambre. Il a écarté les rideaux de dentelle. Il regarde son jardin chéri. Pluie ou soleil ? En cette saison incertaine, il s'est vêtu d'un gros costume de laine grisâtre, d'un pantalon resserré aux chevilles, d'une chemise blanche avec des manchettes à petits plis fins qui dépassent un peu des manches du veston, celui-ci boutonné haut...

*Description de Paulette Howard Johnson, fille du peintre Helleu, tirée de 'Une visite à Giverny' - Gerafd Van der Kamp
. plus tard, sur la toile, il bataille avec les couleurs et la lumière, la peinture placée dans l'ombre et la lumière, ses recherches picturales...tourne les pages des saisons.



Interview de Bernard Plossu



*Interview de Bernard Plossu réalisée au musée des impressionnistes de Giverny le 07/06/2012 par Nicole Salez
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Technique

Bernard Plossu a réalisé les photos présentées dans le cadre de l'exposition 'Monet intime' avec un appareil Nikkormat (24 x 36cm) équipé d'un objectif de 50 millimètres, selon lui, l'objectif le plus proche de la vision humaine.

Les photographies en couleur sont des tirages mats au charbon de Fresson, et les tirages en noir et blanc sont de Guillaume Geneste.

Flash back

En 1967, Bernard Plossu rencontre, à Savigny-sur-Orge, Pierre et Michel Fresson, fils et petit-fils de Théodore-Henri Fresson, l'inventeur du procédé du même nom —, en 1952, Pierre Fresson réalisa le premier tirage charbon direct couleur. Débute une relation entre le photographe et le maître-tireur : « J'ai immédiatement eu le coup de foudre, je ne m'attendais pas à ce qu'un tirage restitue aussi fidèlement les couleurs et l'ambiance du moment. C'est le papier mat qui permet cette sensation, avec le papier brillant, pour moi, c'est trop clinquant. Avec Fresson, pas de couleurs agressives et chaque tirage est unique, il y a presque du relief. On effleure les saisons, les arbres vibrent, le vent murmure... En un mot, Michel Fresson est mon traducteur.» Et, il tient à ajouter qu'eux seuls savent rendre « en couleur l'ambiance du noir et blanc ».

Plossu affectionne le format miniature (11,4 x 7,6 cm) pour les tirages noir et blanc. Il précise : « La miniature concentre la lumière, impose au spectateur de s'approcher et d'entrer dans l'image. Pour voir le hasard, il faut être dans cet état de disponibilité que permet l'extrême concentration. »

Bernard Plossu@Nicole Salez




Catalogue de l'exposition

- Monet Intime. Photographies de Bernard Plossu
- Catalogue sous la direction de Vanessa Lecomte
- Ediitions Filigranes (Collection Hors collection)
- Parution : mai 2012
- Format 245 x 300
- 96 pages
- 60 photographies en couleur et noir & blanc
- Relié couverture cartonnée
- 25 €


- 'Monet Intime' Photographies de Bernard Plossu
- Jusqu'au 31 octobre 2012
- Musée des impressionnistes de Giverny,
99 Rue Claude Monet 27620 Giverny,
02 32 51 94 65
- Tarif : 6,50 €



Par Nicole Salez

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