Musée Fesch Ajaccio - 3 Expositions

Après d'importants travaux, le Palais Fesch, musée des beaux-arts d'Ajaccio réouvre au public avec trois expositions qui se tiendront du 26 juin au 27 septembre 2010 : 'Lucien Bonaparte (1775-1840). Un homme libre', 'Titien, l'étrange homme au gant', 'Le dessin à Florence au temps de Michel-Ange'.

Après d'importants travaux destinés à améliorer la conservation des oeuvres comme le
confort des visiteurs, Le Palais Fesch, musée des beaux-arts d'Ajaccio réouvre ses portes au public.

Du côté des collections permanentes, l'accrochage chronologique des collections, permet de
découvrir la plus vaste collection de peintures italiennes des musées français après celle du Louvre : primitifs, dont La
Vierge à l'Enfant soutenu par un ange de Botticelli, différentes écoles du XVIe siècle, les peintres actifs dans la
péninsule aux XVII° et XVIII e siècles, ainsi qu'une remarquable série de portraits de la famille Bonaparte (Napoléon Ier
empereur des Français, du baron Gérard), un cabinet de dessins et l'exceptionnel département de peinture corse.

En ce qui concerne les expositions temporaires, trois présentations accompagnent la réouverture du Palais Fesch au public : 'Lucien Bonaparte (1775-1840). Un homme libre', 'Titien, l'étrange homme au gant', 'Le dessin à Florence au temps de Michel-Ange'.

Lucien Bonaparte (1775-1840), un homme libre

L'évocation du jeune frère de Napoléon, confronté à la naissance du monde
moderne, permet d'effectuer un parallèle entre Paris et Rome et les civilisations française et italienne.

Quand Lucien Bonaparte quitta Paris en 1804, après sa brouille avec le Premier Consul, il n'avait pas encore trente ans. Sans doute ne savait-il pas, à cette date, que son départ était définitif et que sa carrière politique, si brillamment débutée, était achevée. Le long chapitre de sa vie qui s'ouvrait alors en Italie et ne prendrait fin qu'à sa mort, trente-six ans plus tard à Viterbe, allait se dérouler sur un rythme autrement calme, marqué seulement par les plaisirs esthétiques, les joies de la famille, l'écriture et l'érudition. L'année 1804 —, qui fut aussi l'année de la proclamation de l'Empire et du sacre de Napoléon, auquel son jeune frère n'assista pas —, divise ainsi brutalement la vie de Lucien en deux parties aussi différentes l'une de l'autre que les visages du jeune homme contrastent avec ceux de sa maturité, et ses réalisations de l'époque italienne s'éloignent des choix politiques et des écrits des années parisiennes.

L'exposition respecte cette particularité de la vie de Lucien et, comme elle, est nettement divisée en deux parties : l'une consacrée à la jeunesse française de Lucien, l'autre à sa maturité italienne. La première très dense en événements, ponctuée par les changements rapides, le fourmillement de personnages et la vitalité exceptionnelle de Paris sous le Directoire et le Consulat , la seconde s'étirant lentement dans la Rome française, puis dans celle de la Restauration, que rapproche, au-delà des bouleversements politiques, l'atmosphère hors norme d'une ville rivée au passé et suspendue hors du temps.
L'expérience d'une vie nous livre ainsi —, au-delà de l'histoire d'un homme de talent, engagé dans une époque tourmentée et confronté à la naissance du monde moderne —, un parallèle entre deux villes, Paris et Rome, et deux civilisations, la française et l'italienne, que l'univers des Bonaparte associa à jamais.

Titien, l'étrange homme au gant

Autour du tableau conservé par le musée Fesch, sont réunis six autres portraits du
maître dont celui dit du 'Jeune Anglais' du Palazzo Pitti à Florence et les deux Homme au gant du Louvre.

À l'occasion de la restauration de 'l'Homme au gant' de Titien, un des chefs-d'œ,uvre du Palais Fesch provenant des collections de Louis XIV et déposé par le musée du Louvre à Ajaccio en 1956, sera organisée la première exposition-dossier du musée. La restauration en cours dans les ateliers du Louvre permet de confirmer ce qu'une analyse scientifique préalable à laisser entendre : le tableau autrefois dans les collections royales est bien un chef-d'œ,uvre de la jeunesse du maître vénitien.

Autour du tableau d'Ajaccio sera présentée une série de six portraits de Titien parmi les plus importants de l'artiste, dont les deux autres Portraits d'homme au gant du musée du Louvre, le Portrait dit 'du jeune Anglais' du Palazzo Pitti de Florence, ou encore le Portrait d'homme de la collection royale anglaise. L'exposition sera accompagnée d'un catalogue regroupant une étude approfondie de l'œ,uvre due au plus grand spécialiste de la jeunesse de Titien, Paul Joannides, professeur à l'université de Cambridge, un texte sur l'analyse scientifique de l'œ,uvre et un autre sur sa restauration.

Le Dessin à Florence au temps de Michel-Ange

Cette exposition réunit des oeuvres de Michel-Ange, Andrea del Sarto, Pontormo ou
Salviati...avec pour fil conducteur des représentations du corps humain, anatomies, portraits et têtes idéales.

Consécutivement à la collaboration entre le musée Fesch et l'Ecole nationale supérieure des beaux-arts en 2007 avec l'exposition temporaire ' Di,se,gno , dessins de Taddeo et Federico Zuccari ', les deux institutions souhaitent renouveler l'expérience autour d'un événement intitulé 'Le dessin à Florence au temps de Michel-Ange '.



Le public pourra ainsi admirer la magnifique 'Etude d'homme nu' de Michel-Ange, les têtes de femme d'Andrea del Sarto ou encore les feuilles d'études de Jacopo Pontormo et Francesco Salviati. Œuvres souvent exposées et publiées, elles prennent place au milieu de dessins moins connus qui, grâce aux récentes recherches, ont fait l'objet de nouvelles attributions. L'enjeu est de faire partager les préoccupations des dessinateurs florentins du XVIe siècle. La représentation du corps humain, l'anatomie, le portrait et les têtes idéales occupent une place centrale dans ce corpus.

Philippe Costamagna est le conservateur des musées de la Ville d'Ajaccio et le directeur du musée Fesch.

Par Nicole Salez