Nicolas de Staël - Fondation Pierre Gianadda

Du 18 juin au 21 novembre 2010, la Fondation Pierre Gianadda, à Martigny (Suisse), rend hommage au peintre Nicolas de Staël, un des artistes européens les plus influents de la période de l'après-guerre, avec une importante rétrospective de ses oeuvres. Le commissaire de l'exposition, Jean-Louis Prat, a choisi de focaliser cette présentation sur 10 ans. Une période intense où l'artiste crée un langage radicalement nouveau entre abstraction et figuration.




L'exposition réunit une centaine d'oeuvres en provenance des plus grandes collections
publiques et privées d'Europe et des Etats-Unis (notamment : Centre Georges Pompidou,
Paris , Henie-Onsad Art Centre, Norvège , Kunsthaus, Zurich , Kunstmuseum, Berne , The
Phillips Collection, Washington) et de la famille de l'artiste
Petits et grands formats, tous les thèmes sont abordés : la Nature, paysages d'Agrigente, nus,
footballeurs... La juxtaposition d'oeuvres très connues et de quelques découvertes engendre
une lecture différente de l'oeuvre.


Nicolas de Staël


Victime des profonds bouleversements que traverse la Russie à
partir de 1917, Nicolas de Staël âgé de cinq ans, connaît en 1919,
avec sa famille les affres douloureuses de l'exil en Pologne. En
l'espace d'à peine une année, en 1921 et 22, le jeune Nicolas
perd ses parents. Les trois orphelins sont confiés à une famille
russe de Bruxelles, les Fricero, riches et hospitaliers. A dix ans,
il entre chez les Jésuites et à partir de seize ans, se passionne
déjà pour la peinture qu'il pratique. A partir de 1933 à 1936, il
suit les cours de l'Académie royale des Beaux-Arts et celle de
l'Académie Saint-Gilles, il s'initie au dessin antique, et ponctue
ses études de voyages en Hollande, en Espagne et au Maroc. En
1937, il rencontre une jeune femme peintre, Jeannine Guillou qui
deviendra sa femme.

L'année suivante, avec Jeannine, Nicolas parcourt l'Italie, s'enthousiasme pour les primitifs, mais
reconnaît, que les vieux Flamands et les Hollandais « sont plus proches de son coeur ». A Paris, il
travaille en 1938 trois semaines dans l'atelier de Léger.

La guerre éclate, et Nicolas de Staël, s'engage dans la Légion étrangère, courte aventure car il est
démobilisé en 40 et rejoint Jeannine à Nice. C'est dans cette ville que naît Anne, en 1942. C'est
précisément cette année là que Staël, commence réellement à peindre des oeuvres qui ne
rappellent en rien les dessins des débuts. Orienté par Magnelli, Arp ou Le Corbusier, Staël peint
ses premières toiles non figuratives, oeuvres atypiques, géométriques, des formes qui
s'entrecroisent, des griffures et des hachures qui animent la surface, dans des tons plutôt
sombres. L'important, c'est un style qui se précise. Il intéresse la galériste Jeanne Bucher qui
accroche en 1944 à ses cimaises des peintures et des dessins de Staël entre Magnelli et
Kandinsky. A cette époque le peintre vit avec sa famille à Paris, gagne l'amitié de Braque et expose
pour la première fois seul à la galerie l'Esquisse.

Mais le couple Staël vit dans une pauvreté qu'accentue l'occupation. Les acheteurs sont rares, la
famille souffre du froid et de la faim qui ne sont pas étrangers à la mort de Jeannine en 1946. Sa
peinture jusque là s'exprime avec des traits violents, souvent noirs, l'abstraction se révèle
profonde, l'intensité du geste est palpable, témoin d'un tempérament excessif.

A partir de 1947, la palette s'éclaircit, et on assiste à une évolution sûre, favorisée par son mariage
avec Françoise Chapouton, qui lui donne trois enfants, et son installation dans un atelier spacieux
rue Gauguet. Les soucis matériels s'éloignent et des séjours à la montagne lui inspirent des
lumières nouvelles. Apparaissent dès 1950 des formats plus grands, une matière généreuse
souvent appliquée au couteau, d'où jaillissent des jaunes éclatants et des rouges vifs. La réussite
de Staël à cette époque s'inscrit dans la reconnaissance de l'abstraction. Mais Staël, continue à
proclamer : « Toujours, il y a un sujet, toujours... ». Les grands plans juxtaposés s'imbriquent les
uns dans les autres, mais l'inspiration reste le motif : les arbres deviennent des verticales, les
massifs des courbes, Staël pose son oeil inspiré sur la nature.

Les grandes expositions se succèdent à New York, Paris et Londres. Il entre au Musée d'art
moderne et dans les collections anglaises et américaines. Le 26 mars 1952, Nicolas assiste au
match France-Suède en nocturne au Parc des Princes. Peintre jusqu'au bout du pinceau, il
déclare : « Entre ciel et terre sur l'herbe rouge ou bleue, une tonne de muscles voltige en plein
oubli de soi...Alors j'ai mis en chantier toute l'équipe de France... » Suivent vingt-quatre tableaux
où le peintre explore toutes les possibilités révélées lors de ce fameux match dont « Les
Footballeurs » de 1952 de la Fondation Pierre Gianadda.

Le bleu outremer et le rouge de cadmium s'entrechoquent, rythment la rencontre, le blanc calme
et harmonise la violence des contrastes ou verticales et horizontales s'affrontent.

En 1953, Staël achète le Castellet à Ménerbes, ancienne maison fortifiée, et y réside jusqu'en
septembre 1954 où il s'installe à Antibes .Sa technique se modifie, sa matière devient plus fluide.
Les Nus le préoccupent et semblent hanter son univers pictural. Aux couleurs stridentes
répondent des bleus calmes qui ont la couleur de l'azur. La figuration se fait plus palpable. Comme
surgi de la terre avec une puissance chtonienne, « Nu couché bleu, 1955 » appartient par certains
côtés encore à l'abstraction mais rejoint malgré tout la figuration. Confrontation abstraction figuration,
Staël a porté en lui cette contradiction jusqu'au vertige dans une aventure dont l'oeuvre
sort vainqueur et le peintre anéanti. Nicolas de Staël se donne la mort le 16 mars 1955 à Antibes. Il
avait écrit à sa soeur religieuse « Dieu que c'est difficile la vie ! Il faut jouer toutes les notes, les
jouer bien... »

- Commissariat de l'exposition : Jean-Louis Prat.
- Le catalogue de l'exposition reproduit en couleurs toutes les oeuvres exposées et comprend des
textes de divers auteurs et spécialistes, qui éclairent les multiples facettes de Nicolas de Staël.
Prix de vente 30 €


- Fondation Pierre Gianadda -
Rue du Forum 59
1920 Martigny, Suisse
- RENSEIGNEMENTS :
Tel : + 41 27 722 39 78
Fax : + 41 27 722 52 85 -
Contact : info@gianadda.ch -
site : www.gianadda.ch
- HORAIRES DE L'EXPOSITION
Tous les jours : 10h à 18h

- COMMENT S'Y RENDRE :
Correspondance gare CFF par bus (arrêt Fondation Pierre Gianadda) ou train Martigny-Orsières
(gare Martigny-Bourg).
Train panoramique Chamonix - Mont-Blanc - Châtelard - Martigny: 1 h 45.
Paris - Lausanne (TGV) - Martigny: 5 h



Par Nicole Salez

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