Piscines et risques sanitaires

L'Afsset pointe le risque chimique

Publié le 10 juin 2010, un rapport d'expertise de l'Agence sanitaire environnement-travail (Afsset) pointe le risque chimique dans les piscines réglementées françaises. Les produits de désinfection combinés avec la matière organique apportée par les baigneurs forment des contaminants chimiques susceptibles d'entraîner des troubles respiratoires, cutanés et oculaires, notamment chez les nageurs réguliers et les très jeunes enfants.



25 millions de baigneurs par an sont accueillis dans les 16.000 piscines françaises destinées à un usage sportif ou de loisir (piscines municipales, d'hôtels, de camping, de résidence de vacances, etc.) et alimentées par l'eau du réseau de distribution publique.

Si les autorités de contrôle constatent un bon taux de conformité à la réglementation de ces piscines notamment en matière de qualité microbiologique, pour autant, tout risque lié aux microorganismes (mycose, verrues, diarrhées...) n‘est pas écarté.

Cependant, pour l'Afsset le risque prépondérant dans les piscines réglementées françaises concerne le risque chimique : les produits de désinfection de l'eau (chlore, brome, ozone, etc.) se recombinent avec la matière organique apportée dans l'eau par les baigneurs et forment des sous-produits qui sont des contaminants chimiques nocifs, comme les trichloramines ou le chloroforme. Ces composés peuvent atteindre des taux capables d'entraîner des troubles respiratoires (asthme, bronchites, etc.), cutanés (eczéma) et oculaires chez les personnes qui fréquentent les piscines, à commencer par les plus réguliers d'entre eux (nageurs sportifs, maitres nageurs, personnels d'entretien et d'accueil). Mais ces risques touchent également les très jeunes enfants dont les systèmes respiratoire et immunitaire sont encore en développement.

Pour remédier à ces troubles et réduire la concentration en polluants, l'Afsset recommande, entre autres, « un net renforcement de l'hygiène corporelle » ainsi qu'une « meilleure maîtrise des traitements ». En outre, afin de contrôler la qualité de l'air des piscines, l'Agence demande le classement des piscines couvertes dans la catégorie des « bâtiments à pollution spécifique », ce qui entraînerait l'obligation de maintenir un débit minimum d'air neuf (60 m3 par heure et par occupant).

Pour l'eau, l'Afsset recommande des efforts pour réduire la quantité de matière organique présente. Cela passe par la mise en place d'une coagulation avant la filtration, par le suivi de paramètres nouveaux (turbidité, carbone organique total). Elle recommande aussi une mise à jour des paramètres de contrôle de la désinfection (suivi de la bactérie E-coli...).

L'Afsset propose également de mettre en place des protocoles adaptés pour le nettoyage des surfaces et l'entretien des locaux. Ces milieux n'étaient pas pris en compte jusqu'ici par la réglementation.
Enfin l'Afsset recommande d'instaurer un auto-contrôle continu obligatoire dans les piscines.

Ces deux points bien maîtrisés permettraient de diminuer sensiblement la concentration en désinfectants dans l'eau (jusqu'aux niveaux de la réglementation allemande, soit 0,3 à 0,6 mg/L pour le chlore) et de faire chuter en même temps les taux de polluants, sous-produits de désinfection.


Le cas des jeunes enfants

Pour le cas spécifique des très jeunes enfants (typiquement moins de 2 ans), l'Afsset appelle à la vigilance, du fait de leur sensibilité particulière aux sous-produits de désinfection et de leur moins bonne maîtrise de l'hygiène. Il importe que les bébés nageurs aient un suivi médical s'assurant de l'absence de contre-indication (notamment antécédents respiratoires). L'activité devra se faire dans des bassins dans lesquels la qualité de l'eau est parfaitement maîtrisée (bassin spécifique, eau recyclée, personnel formé...).
Pour le personnel travaillant dans les piscines, l'Afsset préconise un suivi médical renforcé en plus de l'évaluation des risques sanitaires.

Cette expertise de l'Afsset a été réalisée à la demande des ministères en charge de la santé et de l'écologie dans le but d'engager une refonte de la réglementation concernant les baignades. Ce travail sera prochainement complété par une évaluation des risques sanitaires liés aux piscines dites « atypiques » (thalassothérapie, bains à remous, piscines thermo-ludiques, etc.). Ses conclusions seront présentées en 2011.




Par Nicole Salez

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