Prés de 4 % de croissance mondiale en 2010, selon le FMI

Selon le FMI (Fonds monétaire international), l'économie mondiale se redresse plus vite que prévu et la situation sur les marchés financiers s'est améliorée. Le FMI révise en hausse, à près de 4 %, ses prévisions pour la croissance mondiale en 2010. Toutefois, le monde reste confronté à de redoutables défis économiques. Face à cette situation, Dominique Strauss-Kahn, Directeur général du FMI, a suggéré quelques pistes pour agir, le 20 janvier 2010, lors du Forum financier asiatique.

Le 26 janvier 2010, le FMI a publié deux nouvelles éditions des Perspectives de l'économie mondiale (PEM) et du Rapport sur la stabilité financière dans le monde, selon lesquelles l'économie mondiale se redresse plus vite que prévu et la situation sur les marchés financiers s'est améliorée depuis les creux atteints en mars dernier.


Perspectives de l'économie mondiale



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Daprès l'édition de janvier 2010 des Perspectives de l'économie mondiale, la reprise économique mondiale a démarré plus vigoureusement qu'on ne l'avait prévu, mais elle se poursuit à un rythme différent selon les régions. Après la pire récession mondiale de l'histoire récente, la croissance économique s'est renforcée et s'est étendue aux économies avancées pendant le second semestre de 2009.


En 2010, la production mondiale devrait s'accroître de 4 %, ce qui représente une révision en hausse de trois quart de point par rapport à l'édition d'octobre 2009. Dans la plupart des économies avancées, la reprise devrait rester molle par rapport aux périodes comparables du passé, mais dans beaucoup de pays émergents et en développement, l'activité devrait être relativement vigoureuse, grâce surtout au dynamisme de la demande intérieure. 'Il conviendrait que les politiques menées par les pouvoirs publics favorisent le rééquilibrage de la demande mondiale, tout en continuant de soutenir la reprise là où elle n'est pas encore fermement enclenchée, avance le FMI.


L'activité réelle rebondit

Selon les PEM, la production mondiale et le commerce international ont rebondi au second semestre de 2009. La confiance est remontée sensiblement tant dans le secteur financier que dans le secteur réel, les mesures de soutien extraordinaires des pouvoirs publics ayant évité une nouvelle Grande dépression. Dans les économies avancées, un début de renversement du cycle des stocks et une consommation plus vigoureuse que prévu aux Etats-Unis ont contribué à une évolution positive. La demande intérieure finale a été très dynamique dans les principaux pays émergents et en développement, bien que le renversement du cycle des stocks et la normalisation du commerce mondial aient aussi joué un rôle important. (...) Cela dit, on ne discerne encore guère de signes de solidité de la demande privée autonome (non induite par l'action des pouvoirs publics), tout au moins dans les économies avancées.

La reprise se poursuit à différents rythmes

Perspectives de l'économie mondiale. Aperçu des projections : Production mondiale et Prix à la consommation



On prévoit maintenant un accroissement de 2 % de la production en 2010 dans les économies avancées, après une forte baisse en 2009. Pour 2011, les projections font apparaître une légère augmentation de la croissance, qui atteindrait 2,5 %. Cependant, on s'attend encore à ce que, par rapport aux épisodes comparables du passé, la reprise des économies avancées soit faible, la production réelle restant inférieure à son niveau d'avant la crise jusqu'aux derniers mois de 2011. En outre, le niveau élevé du chômage et de la dette publique, ainsi que l'existence de systèmes financiers qui ne sont pas encore complètement rétablis et, dans certains pays, la fragilité des bilans des ménages sont autant de facteurs qui risquent de freiner la reprise dans les économies avancées.
La croissance des pays émergents et en développement devrait se hisser à environ 6 % en 2010, après un taux modeste de 2 % en 2009. En 2011, la croissance de la production devrait continuer à s'accélérer. Le renforcement des structures économiques ainsi que l'action rapide des pouvoirs publics ont aidé beaucoup de pays émergents à atténuer les effets du choc extérieur sans précédent et à attirer rapidement de nouveaux flux de capitaux.

Au sein des deux groupes de pays, les résultats en matière de croissance devraient varier considérablement d'un pays et d'une région à l'autre, en fonction de leurs conditions de départ, des chocs extérieurs qu'ils ont subis et des mesures qu'ils ont prises. Ainsi, les principales économies émergentes d'Asie ouvrent la voie de la reprise mondiale. Un petit nombre d'économies avancées d'Europe et plusieurs pays d'Europe centrale et orientale et de la Communauté des États indépendants restent en retrait.

La remontée des prix des produits de base aide à soutenir la croissance dans les pays de toutes les régions qui en produisent. Un grand nombre de pays d'Afrique subsaharienne qui n'ont connu qu'un léger ralentissement de l'activité en 2009 sont bien placés pour se redresser en 2010. Les trajectoires de croissance diffèrent aussi au sein du groupe des économies avancées.


Rapport sur la stabilité financière dans le monde



D'après le Rapport sur la stabilité financière dans le monde publié le 26 janvier 2010 par le FMI, le système financier se stabilise, mais les stratégies de sortie, les réformes et les défis
budgétaires restent à l'ordre du jour.
Grâce au redressement des fondamentaux et au maintien du solide dispositif d'accompagnement des
pouvoirs publics, les risques systémiques continuent de s'amoindrir. Malgré certaines
améliorations, la stabilité financière reste fragile dans de nombreux pays avancés et plusieurs pays
émergents durement touchés par la crise. Selon le le FMI 'Il est particulièrement prioritaire d'améliorer la santé de
leur secteur bancaire afin de normaliser le fonctionnement des circuits du crédit'
. Le transfert de
risques financiers vers les bilans des États et l'augmentation des niveaux d'endettement public
aggravent également les risques qui pèsent sur la stabilité financière et compliquent les stratégies
de sortie. Les flux de capitaux vers certains pays émergents commencent à susciter des inquiétudes
liées aux pressions sur les prix des actifs et les taux de change. Dans ces pays les gouvernements
pourraient être amenés à retirer plus tôt leurs politiques d'accompagnement afin de maîtriser les
risques pour la stabilité financière. Dans tous les pays, l'objectif est de mettre fin aux interventions
exceptionnelles de l'État pour évoluer vers un système financier mondial qui soit plus sûr, mais qui
conserve par ailleurs le dynamisme nécessaire à une croissance soutenue.

Redressement vigoureux des marchés financiers

Selon le FMI, les marchés financiers ont opéré un vigoureux
redressement grâce à l'amélioration des
fondamentaux et au maintien des mesures
d'accompagnement des pouvoirs publics. L'appétit pour le
risque se manifeste de nouveau, les marchés
boursiers ont amorcé une reprise et les marchés
de capitaux recommencent à fonctionner. De ce
fait, après avoir chuté à leurs minima
historiques, les prix d'un large éventail d'actifs
ont fortement rebondi, l'effondrement de
l'activité économique et financière que
craignaient les investisseurs ne s'étant pas
matérialisé. Cette évolution favorable de la conjoncture
s'est traduite par une réduction globale des
risques systémiques. Les risques de crédit et de
marché sont généralement en repli, compte
tenu des perspectives économiques plus
favorables et d'une diminution des risques macroéconomiques, ainsi que des conditions
monétaires et financières accommodantes. Les
risques liés aux marchés émergents ont
également diminué. Le relâchement persistant
des conditions monétaires et financières joue
certes un rôle utile, mais il laisse également
entrevoir à terme des difficultés qu'il faudra
gérer avec prudence.
Si l'on observe une amélioration globale, la
remise en état du système financier n'est pas
pour autant achevée et la stabilité financière
demeure fragile. Certains problèmes pressants
issus de la crise attendent toujours une solution.
Par ailleurs, de nouveaux risques se font jour
qui résultent des mesures exceptionnelles de
soutien mises en oeuvre par les gouvernements.
Ces mesures ont en effet entraîné un
accroissement sensible des risques liés au bilan
des États et une augmentation de l'endettement
souverain, qui lui-même pourrait peser
lourdement sur la stabilité financière à l'avenir.
Dans le même temps, l'économie de plusieurs
grands pays émergents enregistre déjà un
vigoureux rebond, ce qui a initialement fait
craindre des pressions à la hausse sur les prix
des actifs et les taux de change. Autrement dit,
la chronologie, l'agencement et l'exécution des
stratégies de sortie vers un système financier
nouvellement réformé exigeront une gestion
avisée de la part des gouvernants, estime le FMI.


Les défis économiques à venir



'L'Asie a impulsé la reprise de l'économie mondiale et, vu son dynamisme, elle pourrait jouer un rôle encore plus important durant les années à venir', a déclaré le 20 janvier 2010 à Hong Kong le Directeur général du FMI, Dominique Strauss-Kahn, lors du Forum financier asiatique. Dans le contexte des redoutables défis économiques que doit affronter le monde, Dominique Strauss-Kahn M. Strauss-Kahn a précisé que «2010 va être une année décisive, la première année où les pays pourront porter leur regard sur le plus long terme». Pour construire une économie mondiale plus forte et une croissance plus durable, il faudra, selon lui, agir sur trois fronts :

- Entretenir l'élan de la réforme dans le secteur financier, notamment en misant sur une réglementation et une supervision plus fortes, mais aussi plus avisées. «Nous ne pouvons pas revenir aux habitudes du passé», a-t-il déclaré.

- Définir de nouvelles sources de croissance capables d'insuffler une nouvelle vigueur à la demande privée. M. Strauss-Kahn a souligné qu'il fallait réformer les marchés du travail et des produits afin de rehausser la productivité, et précisé que «les initiatives destinées à développer l'économie verte peuvent également contribuer à ce travail de restructuration».

- Renforcer la collaboration des gouvernements à l'échelle internationale. M. Strauss-Kahn a rappelé que le «cadre d'évaluation réciproque» du G-20 constitue un pas important dans la bonne direction. Ce processus vise à faire en sorte que, pour assurer une croissance forte, stable et durable, les grandes économies se rendent mutuellement des comptes. «Le FMI met son travail d'analyse au service de cette approche novatrice de la coopération multilatérale, a-t-il précisé, et je suis persuadé que ce nouveau dispositif peut être l'une des clés de la transformation de l'économie mondiale en 2010 et pendant les années à venir».

Par Nicole Salez
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