”Remeubler Versailles”, par Béatrix Saule, Directrice du musée national des châteaux de Versailles et de Trianon

La très intéressante exposition 'Le château de Versailles raconte le mobilier national, quatre siècles de création', se tient du 19 septembre au 11 décembre 2011. Béatrix Saule,
Directrice du musée national des châteaux de Versailles et de Trianon, nous présente le premier volet de cette présentation, 'Le garde-meuble de la couronne du XVIIe au XIXe siècle', avec 'Remeubler Versailles'.

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Remeubler Versailles

Tout Versailles est vidé en 1793.
Les ventes révolutionnaires se poursuivent un an durant, sans discontinuer. Cette grande dispersion s'opère en 17000 lots, dont certains comprennent l'ameublement complet d'une pièce. Outre Versailles, les autres résidences royales telles que Marly, Choisy et Saint-Cloud ou celles de la famille royale comme Bellevue, la demeure des filles de Louis XV, sont alors également dépouillées.

Tout est vendu ? Non, car la Commission temporaire des arts, chargée de l'opération, prélève les tableaux et les plus grands meubles pour le Louvre, les objets scientifiques les plus performants et les ouvrages les plus savants pour l'Observatoire, le Conservatoire des Arts et Métiers, la Bibliothèque nationale, les écoles d'ingénieurs ... Outre ces prélèvements pour l'instruction du Peuple, il en est d'autres —, et non des moindres —, pour meubler le Directoire et différents ministères. Et ce sont ceux-là dont le Mobilier national va se retrouver dépositaire.

Longtemps il n'est plus question de remeubler un Versailles transformé quasi entièrement en musée de peintures et de sculptures par Louis-Philippe. Mais à l'aube du XXe siècle, sous l'impulsion du conservateur Pierre de Nolhac et de ses travaux scientifiques, surgit l'idée de restituer l'ancienne résidence des rois. Ce n'est pourtant qu'en 1939 que la première pièce
de provenance versaillaise est acquise : l'écran de cheminée de la chambre de la reine. Dès lors, à la suite de Pierre Verlet, les études des inventaires et du journal du Garde-meuble qui enregistrait au jour le jour les livraisons deviennent systématiques afin d'identifier les vestiges et, si possible, de s'en porter acquéreur : un travail de longue haleine, des achats pièce à pièce, des efforts financiers considérables, souvent heureusement relayés par du mécénat ...Une tâche immense menée avec passion par des générations de conservateurs, de Gérald Van Der Kemp et Daniel Meyer à Pierre Arizzoli-Clémentel et Christian Baulez.

Aujourd'hui, l'effort consenti par le Mobilier national et les hautes autorités de l'État qui ont accepté de se départir d'un grand nombre de meubles et d'objets d'art provenant des anciennes résidences royales pour les déposer à Versailles va autoriser une immense avancée. En effet, à côté d'ensembles désormais très riches et presque achevés (notamment dans le Petit Appartement du Roi), que de pièces encore trop vides, que de tablettes de cheminée dénudées, que de bras de lumière manquants ! Tous ces meubles et ces bronzes présentés à l'exposition vont ici combler bien des lacunes.

Certains provenant de Versailles nous rapprocheront de cet état idéal du « bon meuble à la bonne place », certains en revanche ont été commandés pour d'autres maisons royales ou princières. Dans notre politique de remeublement, ces « équivalences » sont privilégiées par rapport aux copies , ces dernières n'étant admises que lorsque l'original est définitivement hors de portée. Cela se discute : Pierre Verlet, conservateur au Louvre, prônait le remeublement de Versailles par des copies. Pour ceux qui sont véritablement en charge, une approche pragmatique s'impose, compromis entre l'état que livrent les inventaires et l'état réel des collections.

Mais les directions sont fermes :
- toujours poursuivre l'effort afin de débusquer de nouvelles pièces et les acquérir,
- accroître la mise en valeur de ce trésor du mobilier royal afin de faire mieux apprécier
son exceptionnelle qualité,
- enfin redonner à Versailles l'image d'un palais habité.

Béatrix Saule,
Directrice du musée national des châteaux de Versailles et de Trianon




- Exposition 'Le château de Versailles raconte le mobilier national, quatre siècles de création'
- du 19 septembre au 11 décembre 2011
- Établissement public du château, du musée et du domaine national de Versailles 78008 Versailles Cedex /Lieux d'exposition :
Appartement de Madame de Maintenon et Appartements du Dauphin et de la Dauphine
- Informations :
Tél. : 01 30 83 78 00 /www.chateauversailles.fr
- Moyens d'accès :
SNCF Versailles-Chantier (départ Paris Montparnasse)- SNCF Versailles-Rive Droite (départ Paris Saint-Lazare)- RER Versailles-Rive Gauche (départ Paris RER Ligne C)- Autobus 171 Versailles Place d'Armes (départ Pont de Sèvres)
- Horaires d'ouverture :
L'exposition est ouverte tous les jours, sauf le lundi, de 9h30 à 18h30 (dernière admission à 18h) jusqu'au 31 octobre, et de 9h à 17h30 (dernière admission à 17h), à partir du 1er novembre.
- Tarifs :
Exposition incluse dans le circuit de visite. 15 € (château + exposition), tarif réduit (château + exposition) 13 €. Audioguide château inclus.

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Cette exposition est co-organisée par l'Etablissement public du château, du musée et du domaine national de Versailles et
le Mobilier national.

Le commissariat de l'exposition est assuré:
- pour le château de Versailles par Bertrand Rondot, Conservateur en chef.
- pour le Mobilier national par Jean-Jacques Gautier, Inspecteur au Mobilier
national, Marie-Hélène Massé-Bersani, Directrice du département de la production au Mobilier national, et Responsable du fonds textile contemporain, et Myriam Zuber-Cupissol, Inspecteur conseiller à la Création artistique au Mobilier national.

La scénographie est conçue par Jacques Garcia, mécène de l'exposition et assisté de Philippe Jégou.



Par Nicole Salez

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