Rétrospective Blanche Hoschedé-Monet

Jusqu'au 3 octobre 2010

Dans le cadre du festival 'Normandie impressionniste', le musée de Louviers (Eure) présente une rétrospective du peintre Blanche Hoschedé, seconde femme de Claude Monet après avoir été sa belle-fille et sa bru.
Plus de cinquante toiles retracent l'oeuvre de cet artiste à la destinée Impressionniste, allant des années 1880 à son dernier tableau réalisé en 1947.




Mais écoutons plutôt Michel Natier,
directeur du musée de Louviers : 'Dans le cadre de « Normandie Impressionniste », l'idée de consacrer une exposition
personnelle à Blanche Hoschedé-Monet au musée de Louviers s'inscrit
dans la politique développée au fil du temps par cette institution sur les
peintres normands. Nos relations privilégiées avec Philippe Piguet, historien,
enseignant et critique d'art, commissaire d'expositions indépendant, et de
surcroît petit-neveu de l'artiste, est à l'origine de ce projet.
Bien que ne présentant pas actuellement ses collections de façon permanente,
le musée de Louviers possède un certain nombre d'oeuvres d'artistes
normands de la fin du XIXe siècle, notamment de 'l'Ecole de Rouen' , tels
Charles Frechon, Léon Jules Lemaître, Joseph Marie Louis Delattre, Robert
Antoine Pinchon
. Plusieurs expositions ont permis d'étudier l'oeuvre de quelques-
uns de ces peintres, notamment à travers les rétrospectives de Frechon
et de Pinchon qui ont fait l'objet d'édition de catalogues.

Le projet d'exposition de l'oeuvre de Blanche Hoschedé-Monet, qui a vécu
en Normandie dès l'âge de 18 ans, sera donc l'occasion de poursuivre l'étude
de la peinture de cette période et fera l'objet de l'édition d'un catalogue,
accompagné d'une première esquisse de catalogue raisonné.
Une cinquantaine de toiles ainsi que des dessins constitueront un parcours
rétrospectif de l'oeuvre de l'artiste.'



Blanche Hoschedé-Monet, 1865-1947, un destin impressionniste

par Philippe Piguet, commissaire de l'exposition

Autour de Claude Monet, un nombre important d'artistes venus parfois des
horizons les plus éloignés se sont retrouvés vivre à Giverny sous la même lumière,
devant les mêmes spectacles.

Plus près de Claude Monet, au sein même de l'intimité familiale, Blanche
Hoschedé-Monet a vécu une expérience unique. Elevée par lui, à la vie
comme à la peinture, devenue successivement sa belle-fille - par le mariage
de sa mère avec le peintre -, puis sa bru - par son propre mariage avec le fils
aîné de Monet -, elle a reçu les leçons qu'il ne donnait pas mais que sa fréquentation
quotidienne enseignait.

Jamais Monet ne lui a appris la peinture mais à vivre à ses côtés, elle est devenue
peintre. A sa façon. Un peintre dans la plus pure tradition impressionniste,
privilégiant peintures de paysages et de natures mortes.

Blanche Hoschedé-Monet, Meules, effets de neige, huile sur toile,
Collection Fondation Claude Monet, Giverny

Blanche Hoschedé-Monet est née le 10 novembre 1865 à Paris. Elle était le
deuxième enfant d'Ernest et d'Alice Hoschedé, Négociant en tissus de luxe,
homme de goût, ce dernier s'est constitué entre 1863 et 1878 une magnifique
collection de peintures parmi lesquelles un grand nombre de chefsd'oeuvre,
de Corot et de Courbet tout d'abord, des impressionnistes ensuite.

« C'est en 1876 que j'ai vu Claude Monet
pour la première fois, notera plus tard Blanche
dans l'un de ses carnets intimes. J'avais onze
ans, mais je me souviens très bien de son arrivée
à Montgeron, chez mes parents, où on
l'avait annoncé comme un grand artiste,
ayant des cheveux longs. Cela m'avait frappée,
et j'ai eu tout de suite, pour lui de la sympathie.
J'ai toujours admiré une toile représentant
une femme assise dans l'herbe et qui représentait
Mme Monet, je l'ai su pus tard , il y
avait des taches de soleil sur la robe, cela
m'avait énormément frappée. »



Dès lors que les deux familles s'installèrent ensemble à Vétheuil, puis à Poissy,
enfin à Giverny en 1883, Monet étant veuf et Alice séparée de son mari,
Blanche eut le privilège d'être le seul et unique élève du peintre. Elle l'accompagnait
sur le lieu de son travail, plantant son propre chevalet à ses côtés
mais ne peignant jamais le même motif que lui. Si Monet regardait volontiers
ce qu'elle faisait, il ne lui donnait jamais aucun autre conseil que :
« Regarde la nature et peins ce que tu vois, comme tu peux. » Les premières
oeuvres de Blanche Hoschedé datent de cette époque du début des années
1880.

Devenue la belle-fille du peintre par le remariage en 1892 de sa mère avec
Monet, Blanche Hoschedé devint Madame Jean Monet en épousant le fils
aîné de celui-ci en 1897. Installé à Rouen, elle poursuivit son oeuvre, toute imprégnée
de l'expérience acquise auprès de son beau-père et de l'admiration
qu'elle lui vouait, multipliant les tableaux de paysage, notamment des
bords de Seine.

En 1913, Jean Monet tomba gravement malade et le couple regagna Giverny
où ce dernier s'éteignit en février 1914. Dès lors, Monet étant devenu
lui-même veuf une seconde fois en 1911, Blanche décide de rester auprès
du peintre pour s'occuper du quotidien de la maison. S'attachant à remonter
le moral du peintre très atteint par les décès successifs de sa femme
et de son fils, elle fait pour lui un grand sacrifice, celui de renoncer à la
peinture. D'une part, elle sent que Monet déteste l'idée de faire école, de
l'autre elle est trop absorbée par sa tâche de maîtresse de maison.



Après la mort de Monet en
décembre 1926, elle demeure
à Giverny, le fils cadet de
ce dernier lui confiant le rôle
de gardienne de la propriété.
A la surprise générale, Blanche
ne tarde pas à reprendre
ses pinceaux. Se dégageant
quelque peu de la tradition
impressionniste, elle se saisit
de sujets les plus variés : Giverny,
le jardin et le bassin de
Monet surtout mais aussi au
cours de petits voyages la
Vendée chez Clemenceau,
la côte d'Azur, l'Italie, etc.
Après la seconde guerre
mondiale, parce que le climat humide des bords de Seine lui devient pénible,
Blanche Monet passe volontiers l'hiver à Nice. C'est là qu'elle décède
le 7 décembre 1947 alors qu'elle peint encore quelques cyclamens.

Le plus souvent, Blanche Monet travaillait à l'extérieur, en contact direct
avec la nature , elle déclina aussi toute une production de peintures de
fleurs et de natures mortes, imprimant à son art au fil du temps un caractère
plus personnel. Quelque chose d'une féminité charge en effet sa peinture
d'une note sensible, voire fragile, qu'exprime un traitement tout à la fois
radieux et doucereux de la lumière. Si son oeuvre est restée quasi confidentielle,
c'est parce que Blanche Hoschedé-Monet était une personne d'une
grande discrétion et qu'elle n'a jamais cherché à faire carrière. Dans un
monde affairé, voire trop souvent affairiste, son oeuvre qui est faite essentiellement
d'images de nature est à l'unisson d'un regard sur le monde,
humble, enjoué et généreux. Pas dans l'ombre mais dans la lumière de
Monet.

Philippe Piguet,
Historien, enseignant et critique d'art, commissaire d'expositions indépendant


L'exposition

Plus de cinquante toiles retracent l'oeuvre de cet artiste à la destinée Impressionniste,
allant des années 1880 à son dernier tableau réalisé en 1947.
Les oeuvres exposées proviennent de musées et collection publiques, tels les
musées de Rouen, Vannes, Vernon, Albi, Toulouse, Clemenceau, la Fondation
Monet de Giverny, ainsi que de nombreux prêteurs privés.


Blanche Hoschedé-Monet

Née à Paris le 12 novembre 1865, décédée à Nice le 10 décembre 1947, Blanche Hoschedé-Monet
a vécu à Paris et en région parisienne jusqu'en 1883, à Giverny de 1883 à
1897, à Rouen puis à Beaumont-le-Roger de 1897 à 1913, enfin à Giverny jusqu'à
sa mort. De nombreuses expositions personnelles ou collectives ont présenté ses oeuvres de 1927 à 2009, en France et dans le monde.

Ses tableaux sont présents dans les collections publiques à :
- Albi (81), Musée Toulouse-Lautrec
- Giverny (27), Fondation Claude Monet
- Paris, Musée Georges Clemenceau
- Paris, Musée Marmottan-Claude Monet
- Rouen (76), Musée des beaux-arts
- Toulouse (31), Musée des Augustins
- Vannes (56), Musée de la Cohue
- Vernon (27), Musée municipal A.G. Poulain

Bibliographie

- Hoschedé Jean-Pierre, « Claude Monet ce mal connu », Ed. Pierre cailler,
Genève, 1960.
- Hoschedé Jean-Pierre, « Blanche Hoschedé-Monet peintre impressionniste
», Ed. Lecerf, Rouen, 1961.
- Piguet Hubert, « Blanche Hoschedé-Monet (1865-1947) peintre impressionniste
», Ed. Académie des Sciences, Belles-Lettres et Arts de Rouen, Rouen,
1986.


Le festival Normandie Impressionniste

Le festival Normandie Impressionniste met à l'honneur, de juin à
septembre 2010, l'Impressionnisme sur tout le territoire haut et basnormand.
Cet événement pluridisciplinaire, d'une ampleur inédite en
France, est l'occasion de découvrir le patrimoine exceptionnel et
toute la créativité de la Normandie, terre natale du mouvement Impressionniste.

Peinture, art contemporain, musique, cinéma, théâtre, danse, photographie,
vidéo, littérature, conférences, son et lumière, déjeuners sur
l'herbe, guinguettes... le festival Normandie Impressionniste est
pluriel. Il propose une programmation ouverte à tous et à toutes
les formes d'expression artistique.

Plus d'informations sur : www.normandieimpressionniste.fr


>>Lire également :
- Claude Monet: biographie
- DVD : Claude Monet à Giverny, la maison d'Alice
- RMN : Monet numérique / www.monet2010.com
- Monet et l'Abstraction
- Claude Monet et floraisons de Giverny
- Claude Monet - Exposition Paris 2010
- Claude Monet - Michel de Decker
- Dans l'intimité de Monet

- Du 5 juin au 3 octobre 2010
- Blanche Hoschedé-Monet
1865-1947,
Un destin impressionniste
- Musée de Louviers, Place Ernest Thorel 27400 Louviers
- ouvert tous les jours de 14 à 18h, fermé le mardi, entrée libre, tél 02 32 09 58 55 -
site : www.ville-louviers.fr



Par Nicole Salez

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