Roland Garros : finale dames

La reine et la princesse

Entre la tenante du titre, l'Italienne Francesca Schiavone, et la petite fiancée de la Chine, Na Li, la finale dames du tournoi de Rolland Garros 2011, qui se déroule samedi 4 juin à 15h, s'annonce prometteuse. Les deux jeunes femmes possèdent toutes les deux un jeu varié et complet. Présentation avec l'article de Guillaume Baraise publié le
vendredi 3 juin 2011.



Tête-à-tête : 2-2

L'Italienne, n°5 mondiale, et la Chinoise, n°7, s'affrontent pour la cinquième fois. Leur dernier duel a eu lieu l'an passé, à Roland-Garros. Sur la route de son sacre, la Milanaise s'était imposée 6/4, 6/2 au troisième tour. Mais l'année précédente, dans un autre match en Grand Chelem, c'est la Chinoise qui s'était imposée assez nettement, en huitièmes de finale de l'US Open (6/2, 6/3).

Leur parcours

Les deux championnes ont perdu chacune deux sets. Schiavone a été franchement en danger contre Jelena Jankovic en huitièmes (6/3, 2/6, 6/4) et plus encore contre Anastasia Pavlyuchenkova en quarts (1/6, 7/5, 7/5). Contre la Russe, elle est revenue de nulle part, ou presque, puisqu'elle a été menée 6/1, 4-1. Mais sa demi-finale pleine de maîtrise face à Marion Bartoli lui a sûrement permis de récupérer physiquement. Na Li, elle, a connu un premier tour compliqué face à la Tchèque Barbora Zahlavova Strycova (6/3, 6/7, 6/3). Puis une autre Tchèque, Petra Kvitova, lui a ravi le premier set en huitièmes et a mené 3-0 au troisième (2/6, 6/1, 6/3). Mais c'est peut-être la joueuse de Wuhan (12e plus grande ville de Chine) qui a été la plus impressionnante. Victoria Azarenka et Maria Sharapova ont été surclassées en quarts et en 'demies'.

Leur style

Avec son jeu de jambes de feu et ses variations d'effets et de trajectoires, Francesca Schiavone exprime au maximum son potentiel sur terre battue. Elle compense son manque de puissance (elle ne mesure que 1, 66 m) par sa science tactique et son 'fighting spirit'. Très souvent, elle tente des amorties ou s'aventure au filet, où elle est plutôt adroite. Parfois, sa deuxième balle faiblarde lui pose problème. Elle peut aussi se perdre dans ca concentration. Mais à Roland-Garros, la magie opère. L'Italienne n'avait pas disputé une seule finale depuis son sacre en 2010 ! L'envie est peut-être la clé de sa réussite à Paris, selon elle. 'C'est l'aboutissement d'un grand rêve, de beaucoup de souhaits. Je crois que c'est une question d'inspiration. Quand j'étais jeune, je rêvais toujours de ce tournoi. Je pense que c'est quelque chose qui vient de très loin en arrière. Quand je viens ici, je sens quelque chose de très particulier, c'est tout.'

Longtemps, très longtemps, Na Li n'a pas été considérée comme une bonne joueuse de terre battue. 'Même moi j'avais fini par m'en convaincre, à force de l'entendre autour de moi', s'amusait la Chinoise après son accession en finale. Pourtant, la façon dont elle a écarté de sa route Azarenka et Sharapova prouve le contraire. Son aisance à glisser, la variété de ses coups, son sens du contre-pied, sa lucidité, sa technique sûre, tous ces atouts lui ont permis de surclasser deux joueuses à la formidable puissance de feu, mais un style de jeu uniforme. Na Li ne joue pas du tout en force. Elle contre, elle crée aussi.

Les enjeux

Les deux finalistes ne sont plus si jeunes, en tout cas pour des championnes de tennis. A 30 ans, Schiavone a l'occasion de réussir un incroyable doublé, qui n'a plus été réussi depuis Justine Henin (triplé de 2005 à 2007). A 29 ans, Na Li a l'occasion d'entrer dans l'histoire de son pays. Devenir la première Chinoise à gagner un titre du Grand Chelem aurait un immense retentissement dans l'Empire du milieu. Elle a manqué l'occasion à l'Open d'Australie. Deux finales perdues de suite, et sa réputation serait bien différente. La pression sera immense, mais on imagine mal cette jeune femme bien dans sa peau s'effondrer mentalement, à la manière d'une Dinara Safina...

Leur entourage

Coachée par l'ancienne joueuse Tathiana Garbin (qui avait battu Justine Henin à Roland-Garros en 2004), Francesca Schiavone est bien entourée. Il y a là Massimo Tosello, son ostéopathe. Mais aussi beaucoup d'amis. Ils étaient une bonne cinquantaine, drapeaux tricolores au vent, à la soutenir contre Marion Bartoli. 'Je dois remercier ces 50 amis qui sont venus pour moi. Et en tout cas, je dois dire merci, je suis très reconnaissante à mon équipe parce qu'arriver en finale, c'est une grande émotion. Parfois, on commence à se sentir perturbée, à s'analyser... Mais en fait, ce qui compte, c'est de jouer au tennis, tout simplement.' Et les gens qui l'aiment l'aident à trouver cette simplicité.

Na Li possède un clan beaucoup plus restreint, mais qui s'est quand même agrandi récemment. Longtemps, son mari Jiang Shan (qu'elle a épousé le 27 janvier 2006) a aussi été son entraîneur. Mais depuis quelques semaines est arrivé Michael Mortensen, un Danois qui fait office de coach unique. 'Maintenant, j'ai un mari et un entraîneur, et pas une seule personne qui tient ces deux rôles. C'est beaucoup mieux ainsi', explique l'espiègle Chinoise, qui n'hésite pas à mettre en boîte son époux devant les médias. On sait tout de ses ronflements, par exemple. Elle s'est aussi amusée à noter que le bon Jiang Shan a quitté les tribunes quand elle a été menée 3-0 dans le dernier set face à Kvitova. Avant qu'elle ne gagne les six jeux suivants...




Par Nicole Salez

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